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Les masques de Saint-Marc

Les masques de Saint-Marc

Titel: Les masques de Saint-Marc Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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répondit son assistant avant d’ajouter – après un moment d’intense réflexion : Et vous, commissaire, qu’est-ce que vous en pensez ?
    — Vous aimeriez sans doute trouver un rapport entre la poudre explosive et les mèches, supposa son supérieur. Seulement, lequel ?
    Il se pencha sur la droite pour amortir les oscillations provoquées par le passage d’un bateau à vapeur à proximité de la gondole.
    — Qu’est-ce que la voisine vous a raconté ? Vous savez quelque chose sur Ziani maintenant ?
    — Il a emménagé il y a deux mois. Il sortait souvent, ne recevait jamais personne et travaillait parfois la nuit au casino Molin, chez votre vieil ami Zorzi. La voisine l’a appris par hasard.
    Bossi se tut à nouveau un moment. Il pinça les lèvres d’un air absorbé, puis finit par demander : — Ce Zorzi ne pourrait-il pas être mêlé à l’attentat projeté contre l’empereur ?
    Tron prit un air sceptique.
    — Il a vécu un moment en exil à Turin et n’est revenu à Venise qu’après son amnistie. Ses relations avec l’empereur ne sont donc pas très bonnes. De là à préparer un attentat…
    — Vous comptez lui rendre visite aujourd’hui ?
    — Je vais d’abord vous déposer au commissariat. Combien de temps vous faut-il pour développer les photographies de Ziani ?
    — Trois heures.
    Tron sourit.
    — Vous pensez la même chose que moi, inspecteur ?
    L’inspecteur sourit à son tour.
    — Vous voulez sans doute dire que nous pourrions montrer ces clichés au père Silvestro, dit-il. Peut-être Ziani et ce mystérieux Montinari ne sont-ils qu’une seule et même personne. Dans ce cas, le tueur professionnel aurait…
    Tron ferma les paupières et leva la main pour l’arrêter.
    — Nous verrons, Bossi. Demain, c’est samedi. Rendez-vous à dix heures au Florian .

26
    La dernière fois que Tron avait rendu visite à Zorzi, la gondole de police l’avait déposé sur le ponton devant le casino. Cette fois au contraire, il était venu à pied. Il devait donc passer par l’arrière. Dès qu’il s’engagea dans la calle della Rachetta, une étroite ruelle où les étrangers venaient sans doute rarement se perdre, il constata avec stupéfaction qu’il n’était pas le seul à vouloir être admis. Un Anglais à l’allure martiale était en train de distribuer des masques de carnaval et des petits chapeaux en papier à une douzaine de personnes qu’il identifia aussitôt comme un groupe de voyageurs. Les dames portaient des bottines et des manteaux en laine bordés de fourrure, les messieurs étaient vêtus de capes à carreaux. Au lieu des habituels hauts-de-forme, ils avaient des casquettes en tweed. Au-dessus de l’entrée falote, une grande pancarte jaune annonçait en lettres rouges : C ASINO MOLIN .
    Tron murmura permesso 1 pour se frayer un chemin dans l’attroupement qui le laissa passer de bon cœur, sans doute parce qu’on le prenait pour un possible voleur à la tire. Dans le vestibule, situé au premier étage, il butta contre un groupe d’Anglais qui s’étaient déjà débarrassés de leurs manteaux. Les dames portaient des masques, les hommes de petits chapeaux multicolores. Tous semblaient attendre le signal pour entrer dans la salle de bal.
    La porte à deux battants était gardée par deux domestiques équipés de souliers, de hauts-de-chausses et de longues perruques blondes. Dans la salle, des voix se mêlaient à la musique. L’orchestre jouait O mia bella Napoli . Cette mise en scène ne manquait pas de ridicule, mais convenait aux modifications de l’aménagement. L’entrée, une pièce autrefois éclairée par des bougies, à l’élégance discrète, avait été entièrement rénovée. À présent, tout brillait dans la lumière des lampes à pétrole fixées au mur : les vues de Venise aux couleurs criardes – la place Saint-Marc, le Rialto, une gondole devant la Salute au clair de lune –, le sol en terrazzo flambant neuf et le vernis sur les battants de porte. L’ensemble, de très mauvais goût, donnait en même temps l’impression de pouvoir prendre feu à la moindre étincelle.
    Tron enleva sa redingote et s’avança vers le vestiaire, un comptoir en bois clair derrière lequel une douzaine de manteaux pendaient sur des cintres numérotés. La préposée, une jeune femme, portait un loup et un costume dans le genre XVIII e siècle. Après un coup d’œil sur son manteau, elle dévisagea le commissaire d’un air dédaigneux.
    — Do you

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