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Les masques de Saint-Marc

Les masques de Saint-Marc

Titel: Les masques de Saint-Marc Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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heure. Tu es resté inconscient plus de douze heures.
    Brusquement, Tron sentit un nœud à l’estomac. Douze heures, c’était long ! Voilà donc pourquoi il avait une faim de loup. Pouvait-il se risquer à lui demander si elle avait des beignets dauphin * chez elle ? Non, pensa-t-il, mieux valait éviter. Cette question ferait mauvaise impression. Jouant le commissaire épuisé, mais dévoré par la conscience professionnelle, il demanda plutôt : — Qu’en est-il du Patna ?
    — D’après Bossi, il a été détruit par les flammes.
    — Quand lui as-tu parlé ?
    — Il est passé dans la nuit prendre de tes nouvelles. J’avais envoyé Massouda au poste de police sur la place Saint-Marc et Moussada chez lui.
    La princesse tendit l’index vers le sol.
    — Il attend en bas, dans le salon. Il paraît qu’il t’a apporté une preuve.
    Tron haussa les sourcils et s’exclama sur un ton plus vif qu’il ne l’aurait voulu : — Quelle sorte de preuve ?
    — Je n’en sais rien.
    Maria le fixa avec attention.
    — Tu vas arriver à te lever ? Ou préfères-tu que je le fasse monter ?
    L’espace d’un instant, Tron ne put s’empêcher de songer à Königsegg, au meurtre de Ziani et à l’étrange histoire du collier de l’impératrice disparu sans laisser de trace. Bossi l’avait-il peut-être… ? Non, cela paraissait peu probable.
    Le commissaire rabattit la couverture, se redressa et s’assit, les jambes pendantes. Il s’efforça d’ignorer le visage stupéfait de la princesse.
    — Je crois que je vais y arriver.
     
    Une lumière pâle, filtrée par la pluie, pénétrait dans le salon du palais Balbi-Valier auquel elle conférait un éclat morne et terne. Même l’uniforme bleu de Bossi, brossé avec soin, prenait une teinte grisâtre. L’inspecteur s’était levé d’un bond dès l’arrivée de son supérieur.
    — Nous nous sommes fait beaucoup de souci, commissaire !
    Tron sourit en l’invitant à se rasseoir d’un geste de la main. Une tasse de café et une coupelle remplie de baicoli étaient posées sur la table à côté de lui.
    — Personne ne pouvait se douter que le Patna exploserait, dit-il en s’installant sur le divan.
    — Que s’est-il passé ?
    — Zorzi m’a convoqué sur le bateau, expliqua Tron. J’ai reçu son message peu après dix heures. Une fois à bord…
    Il s’interrompit, s’appuya contre le dossier et constata avec soulagement que les événements de la nuit précédente commençaient à lui revenir.
    — Tout s’est déroulé très vite, reprit-il.
    — Vous avez vu Zorzi ?
    Tron secoua la tête.
    — Non, je suis descendu dans les cabines et j’ai crié son nom, mais il ne m’a pas répondu.
    — Pourquoi ?
    Il haussa les épaules.
    — Je suis bien incapable de vous le dire, Bossi. Tout à coup, une énorme déflagration a secoué le bateau. J’ai réussi à regagner le pont à grand-peine et à sauter dans la lagune. Le gondolier de la princesse m’a sorti de l’eau. Vous connaissez la suite. Que reste-t-il du Patna ?
    — Il n’a pas coulé, mais il est réduit en cendres. Nous avons protégé l’épave au moyen de bouées.
    — Et Zorzi ?
    Bossi fit une grimace gênée.
    — Sans doute mort dans l’incendie.
    — Je me demande ce qu’il voulait m’apprendre.
    — Je crois le savoir.
    — Comment ?
    — Je pense qu’il a accepté notre proposition, dit l’inspecteur. La poudre contre la suspension de l’enquête.
    — Qu’est-ce qui vous permet de l’affirmer ?
    — Même si ce n’est pas comme nous l’avions prévu, il nous a bel et bien remis la poudre. Par ailleurs, je suis allé fouiller son appartement ce matin et j’y ai trouvé un objet intéressant.
    Bossi glissa la main dans la poche de sa veste d’uniforme et en sortit une bourse en velours rouge.
    — Je suis désolé, commissaire, mais je crains que l’affaire ne soit résolue.
    Tron prit la bourse dans sa main, fut frappé par son poids et comprit avant même de l’ouvrir. Le collier n’était pas d’une beauté exceptionnelle selon lui. Les médaillons en or massif étaient reliés par des chaînes grossières, le portrait des impératrices romaines manquait de finesse. Mais il s’agissait à n’en pas douter d’un bijou unique en son genre et, surtout, de la preuve évidente que Zorzi avait tué son complice. Le commissaire le remit dans la bourse et le posa sur la table basse.
    — Spaur est-il au courant ?
    Bossi secoua la tête de gauche à droite.
    — La

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