Les Médecins Maudits
etc.
6° Le virus de la fièvre aphteuse trouvé sur des particules épithéliales et desséché sur de la paille hachée sera transporté dans les pâturages ou les étables. Des éclats de verre, des particules métalliques peuvent être ajoutés à la nourriture.
7° On peut enduire les naseaux, la bouche et les yeux des chevaux et des ânes avec des suspensions de bacilles de la morve. On peut enduire avec ces suspensions les auges, les seaux, les peignes, les brosses des écuries.
8° On peut délivrer gratuitement aux soldats des bonbons et des cigarettes infectés.
9° Injection de la toxine botulinique dans les boîtes de conserves, des saucisses, de la viande fumée, du lard, du fromage, de la marmelade.
10° Infecter la pâte dentifrice en tubes et les brosses à dents avec des bacilles de la typhoïde.
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R.17
et poudre de perlimpinpin
S a casquette frappée de la tête de mort glissait toujours en avant et la visière glacée cachait les petits yeux secs, acides. Moustaches fines, lèvres pincées, oreilles collées, le docteur Grawitz, général SS, régna pendant huit ans sur le Service de Santé de la SS et la Croix-Rouge allemande. Brusque, violent, méfiant, – il ouvrait lui-même son courrier, – ne tolérant aucune contradiction – lorsqu’il recevait un subordonné il ne lui laissait jamais prononcer une parole – cet ancien professeur de clinique médicale vivait un drame effroyable : Himmler ne l’aimait pas. L’indispensable Grawitz désirait retrouver la confiance de son Reichsführer et comme il savait que ce dernier se passionnait pour les recherches pseudo-médicales, il cultiva avec zèle cette folie expérimentale. S’il n’était pas aimé du moins était-il accepté. Ne contrôlait-il pas jalousement les recherches scientifiques secrètes ?
Le 30 septembre 1943, il adressa à Himmler une note sur une nouvelle pommade contre les brûlures provoquées par le phosphore. Les bombes incendiaires frappaient régulièrement le territoire national et le nombre croissant des blessés civils rendait nécessaire la découverte d’une nouvelle méthode de traitement. La solution au sulfate de cuivre habituellement utilisée était jugée insuffisante. La firme du docteur Madaus rechercha un dissolvant et produisit le R. 17 dont l’efficacité fut démontrée sur des lapins. Il était facile d’appliquer ce médicament sur quelques-uns des milliers de brûlés civils ou militaires allemands. Grawitz préféra demander l’expérimentation dans un camp de concentration :
— Je considère que l’essai de cette pommade sur des civils allemands brûlés au cours de raids de terreur prendrait trop de temps et ne s’appliquerait pas aux méthodes d’essai. De plus, en raison de l’importance du problème, je ne crois pas que les expériences animales produisent des preuves suffisantes ; c’est pourquoi je vous demande respectueusement, Reichsführer, d’accorder l’autorisation d’expérimenter à l’hôpital du camp de concentration de Sachsenhausen sur des prisonniers inaptes au travail pour raisons de maladie.
Himmler inscrivit dans la marge : « accordé ».
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En définitive, le choix de l’expérience se porta sur Buchenwald où exerçait le docteur Ding :
— Ding lxxx était un homme doué, un téméraire sans aucun principe moral, sans convictions religieuses, sans aucune croyance métaphysique. À ma connaissance, il avait rallié les SS par ambition et pour suivre une carrière rapide. Ses connaissances médicales étaient relativement faibles, mais il avait une certaine aptitude à résoudre les problèmes médicaux, lorsqu’il pensait en retirer des avantages personnels. Il désirait se faire connaître dans le monde médical, se faire rattacher à une université et il utilisait tous les moyens d’agrandir sa réputation personnelle. Pendant qu’il était médecin de camp, il commit des actions horribles mais il améliora les conditions d’hygiène et il se montra parfois très bienveillant et agréable avec les prisonniers, mais, par contre, je suis sûr que Ding aurait sacrifié n’importe qui si sa carrière avait été en jeu… Il aimait sa famille, sa femme et ses deux enfants ; il s’occupait d’eux du mieux possible, mais à mon avis, il aurait été parfaitement capable de laisser sa famille derrière lui s’il avait eu la possibilité de commencer une nouvelle existence à l’étranger, après la fin de la
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