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Les Médecins Maudits

Les Médecins Maudits

Titel: Les Médecins Maudits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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connaissent depuis longtemps l’efficacité… à moins qu’un autre vaccin moins onéreux soit rapidement découvert et testé. Des conférences réunissent les responsables médicaux du Reich, les directeurs de laboratoires, des industriels et enfin la conférence au sommet du 29 décembre 1941 décide l’expérimentation d’un nouveau vaccin :
    —  Les participants lxxxvii sont tombés d’accord sur le besoin de tester l’efficacité du sérum typhique extrait du jaune d’œuf et la résistance de ce sérum. Les expériences animales n’ayant pas de valeur suffisante, des expériences humaines doivent être faites.
    Ces professeurs, ces médecins, venaient de condamner à mort au moins trois cents déportés. Pour la première fois, semble-t-il, Himmler n’avait joué aucun rôle directeur dans la préparation et la création du « département du typhus et des virus de Buchenwald rattaché à l’Institut d’Hygiène des Waffen SS », autrement dit le block 46. Mais il était tenu au courant, approuvait et demanda même à son secrétaire « d’avertir l’Ahnenerbe de son rôle » :
    —  On pourrait dire aussi que le Reichsführer SS a encouragé les expériences.
    Personne ne lui reprocherait ainsi, pour une fois, d’avoir pris le train en marche.
    Le 5 janvier 1942, Ding injectait à ses cinq premiers cobayes une dose de un centimètre cube d’une souche de Rickettsia prowazeki, provenant de l’Institut Robert Koch. Jusqu’à la libération du camp, mille déportés allaient être traités.
    —  Il lxxxviii y avait avec moi environ cent internés dans la salle du block 46 ; des Tchèques, des Polonais, des Juifs, des Allemands. On nous avait appelé par le haut-parleur. Quelques jours avant, soixante autres internés y avaient été envoyés de la même façon. Pendant trois semaines environ, nous eûmes double ration et au bout de ce temps nous fûmes infectés. Au bout d’une semaine, des crampes légères se manifestèrent, puis des nausées, des maux de tête violents et nous perdîmes l’appétit. Les douleurs devinrent si fortes qu’on avait l’impression que la tête allait éclater. Le moindre mouvement nous faisait mal.
    —  Les lxxxix personnes infectées souffraient terriblement et avaient 40 à 41° de fièvre durant trois à quatre semaines. Plus de la moitié mouraient au cours de la période fébrile. Ceux qui restaient, étaient si émaciés qu’ils semblaient être des squelettes. Après la récupération ils étaient désignés pour une colonne de travail pénible et y périssaient.
    —  Chacun xc savait que le block 46 était un endroit terrifiant, mais peu de gens avaient une idée exacte de ce qui s’y passait. Tous ceux qui avaient des rapports avec ce block étaient frappés d’une horreur mortelle. Les sujets sélectionnés savaient qu’il y allait de leur vie. De plus on savait généralement dans le camp que le Kapo Arthur Dietzsch exerçait au block 46 une discipline de fer. C’était vraiment le règne absolu du chat à neuf queues. Toute personne désignée pour le block s’attendait à la mort ; une mort très longue et très effrayante qu’elle imaginait sans cesse ainsi que les tortures et la privation du dernier reste de liberté personnelle. C’est dans ces conditions psychologiques que les sujets attendaient leur tour, c’est-à-dire le jour ou la nuit où on leur ferait quelque chose qu’ils ignoraient mais qu’ils savaient être une forme de mort particulièrement horrible. L’infection était tellement forte (si forte dira au tribunal l’expert Léo Alexander qu’on employait un marteau-pilon pour tester un casque de football) que le typhus se développait toujours sous une forme très grave. Il survenait souvent des scènes terribles avec le Kapo Dietzsch. Les malades avaient toujours peur qu’on ne leur fasse une injection mortelle. Après un certain temps, lorsque la maladie s’était installée, les symptômes habituels du typhus apparaissaient et chacun sait que c’est une maladie effrayante. Surtout pendant les deux dernières années de l’institut,- les symptômes prenaient un caractère terrible. Dans certains cas les malades déliraient, refusaient de manger et un fort pourcentage mourait. Ceux qui survivaient en raison de la robustesse de leur constitution et de l’efficacité du vaccin étaient obligés d’assister à la lutte de leurs camarades contre la mort. Ils vivaient dans une atmosphère

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