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Les Médecins Maudits

Les Médecins Maudits

Titel: Les Médecins Maudits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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clandestin des déportés. Ainsi dans ce vaste champ clos où chacun luttait pour survivre, les clans opposés se débarrassaient de leurs adversaires. Tout le monde pouvait être frappé.
    Le Kapo Arthur Dietzsch lança :
    —  Enchaînez-les.
    Les infirmiers entortillèrent les déportés dans de lourdes chaînes bloquées par des cadenas.
    Un spécimen diabolique ce Kapo Dietzsch. Il ne se déplaçait jamais sans un immense gourdin et avait toujours à sa disposition des armes et des grenades pour mater toute rébellion.
    —  Je lxxxiii suis né à Plauen le 2 octobre 1901. Je suis citoyen allemand. Le 1 er avril 1920, je suis entré comme volontaire dans la Reichswehr et le 1 er octobre 1923 j’ai été promu sous-lieutenant. En raison de mes sympathies socialistes et des renseignements que j’avais donnés aux Syndicats des travailleurs sur le Casque d’Acier, je fus arrêté le 4 décembre 1923 et condamné à quatorze ans de prison pour trahison. Je subis cette peine dans plusieurs prisons et camps de concentration. Pendant l’été de 1937, j’ai été transféré à Buchenwald où je suis resté jusqu’à la Libération. En 1938, j’étais employé à l’infirmerie comme secrétaire et en janvier 1942, j’ai été désigné comme assistant du docteur Ding.
    Ainsi donc, cet opposant de toujours au national-socialisme allait devenir l’instrument des crimes de ses pires ennemis. Car en fait, l’expérimentation sur le typhus reposait sur sa tête « aussi peu scientifique que possible ». Alfred Balachowsky, chef de laboratoire à l’Institut Pasteur, déporté en 1943 et « employé » à la fabrication des vaccins typhiques du camp a brossé un portrait sans complaisance, mais objectif, de ce « presque médecin maudit » :
    —  Alors que la direction scientifique du block 46 était confiée au docteur Ding, l’exécution pratique tout entière des expériences reposait sur le Kapo Arthur Dietzsch. Quand il quitta le camp, il épousa une prostituée de l’établissement de Buchenwald. Dietzsch personnifie la brute au moral et au physique et il a tué de ses mains plusieurs milliers d’internés de différentes nationalités.
    En octobre 1941, Ding, après une mission à l’Institut Pasteur de Paris où il étudia dans le service du docteur Giroud les nouvelles méthodes de fabrication de vaccins contre le typhus exanthémique en partant de poumons de lapins, prit la direction du block expérimental. Il demanda des volontaires pour l’aider. Personne ne se présenta. Enfin, Ding s’adressa directement à Dietzsch qui accepta. Cette nouvelle situation lui donna immédiatement des avantages considérables dans le camp. S’il n’avait pas pratiquement le droit de vie ou de mort sur les internés, il avait au moins les moyens de recruter qui il voulait comme sujet d’expérience… Brutal, stupide, cruel, sadique et ivrogne, il recevait en récompense de son abjecte activité, des avantages matériels considérables, supérieurs à ceux des SS. Il exerçait dans le camp une autorité absolue et il se permettait d’être grossier vis-à-vis de sous-officiers SS… lxxxiv .

Le Kapo s’approcha des déportés enchaînés à leur chaise :
    —  Voilà ! Sages maintenant. On vous a bien nourri ces dernières semaines, à vous de vous montrer généreux avec ces aimables bestioles.
    Il éclata de rire et tendit la première cage à un infirmier :
    —  Allons-y ! sur les jambes et les cuisses…
    Les boîtes furent placées contre les mollets, l’intérieur des cuisses et fixées par des caoutchoucs. Les infirmiers enlevèrent le couvercle-trappe et les poux typhiques affamés se précipitèrent sur la chair. Leur repas se prolongea vingt minutes.
    *
    * *
    Le début de la campagne de Russie surprit les services médicaux allemands :
    « Ils lxxxv n’eurent pas le temps d’effectuer les opérations d’épouillage dans la région du front. Il y eut tout de suite plus de dix mille cas de typhus dont treize cents morts. Or, en décembre 1941, nous étions limités dans la production des vaccins à trente-cinq mille doses par mois. »
    La situation est tragique lxxxvi . Des rapports venus du front annoncent que des remous agitent les troupes, des régiments refusent de marcher s’ils ne sont pas vaccinés efficacement. Et il est impossible de protéger l’ensemble de l’armée. Seuls les officiers, les médecins seront traités au vaccin Weigl dont les laboratoires

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