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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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ne sont pas frais. Ils sont restés assis sur leurs culs toute la journée, à regarder leurs alliés qu’on ramenait, taillés en pièces par nos soins. Croyez-moi, ça leur a donné de quoi penser. Chacun d’eux s’est représenté sa propre tête tranchée à la nuque, ses intestins répandus dans la poussière et ses génitoires au bout d’une lance grecque ! Ce n’est pas nous qui sommes fatigués, c’est eux !
    Autres cris, autres tumultes, sauf chez les Spartiates. Les Thespiens, là-bas, poursuivaient leur carnage. Je fis un clin d’œil à Dienekès, qui observait tout cela d’un air sarcastique.
    — Par les dieux, dit-il, ça tourne au vilain, là-bas.
    On voyait les chevaliers spartiates, sous le commandement de Polynice et de Doréion, tenir leurs postes autour de Léonidas en première ligne. Une sentinelle arriva en courant de son poste avancé. C’était Chien, le Skirite Spartiate ; il courait vers Léonidas pour lui faire un rapport. La teneur de ce rapport se répandit rapidement : la prochaine vague serait celle de la propre garde de Xerxès, les Immortels. Les Grecs savaient qu’elle était constituée de la fine fleur de la noblesse perse, d’hommes entraînés depuis l’enfance à « tendre l’arc et dire la vérité ». Ils tiraient leur nom de la coutume perse de remplacer tout membre des leurs qui mourait, ce qui faisait qu’ils étaient toujours dix mille.
    Le plus important, c’était leur nombre. Ils étaient dix mille contre trois mille Grecs encore en état de se battre. On les vit arriver à l’embouchure du goulet. Ils ne portaient pas de casques, mais des tiares, c’est-à-dire des toques de feutre dotées d’une couronne qui ressemblait à de l’or. Ces demi-casques ne comportaient ni oreillettes, ni protection pour le cou ni les mâchoires et laissaient le visage et le cou entièrement à découvert. Ces guerriers portaient des boucles d’oreilles et quelques-uns avaient les yeux faits d’antimoine et les pommettes carminées, comme des femmes.
    Néanmoins, c’étaient des individus splendides, choisis non seulement en raison de leur courage et de leur haute naissance, mais également de leur taille et de leur beauté. Ils étaient tous les uns plus beaux que les autres. Ils portaient des tuniques à manches longues, de pourpre bordée d’écarlate, protégées par une cotte de mailles sans manches en écailles de poisson, et des culottes à mi-cuisse par-dessus de hautes bottes de daim. Leurs armes étaient l’arc, le cimeterre et la lance perse courte, et leurs boucliers, comme ceux des Mèdes et des Cissiens, allaient de l’épaule au pubis et étaient en osier tressé. Le plus étonnant était la quantité de bijoux d’or que portait chaque Immortel, des broches, des bracelets, des amulettes et autres brimborions. Hydarne, leur commandant, avançait en tête et c’était le seul ennemi à cheval que les Grecs eussent vu jusque-là. Sa tiare était haute comme une couronne royale et ses yeux brillaient derrière leurs cils fardés. Son cheval renâclait à avancer sur le charnier devant lui. L’ennemi se mit en rangs sur l’espace devant le goulet. Leur discipline était impeccable.
    Léonidas s’avança pour haranguer les Alliés.
    — Il semblerait, frères, que la perspective d’affronter les champions de toute l’Asie devrait nous effrayer. Mais, je vous le jure, cette bataille fera le moins de poussière de toutes.
    Le roi avait usé du terme grec akoniti, qu’on utilise dans la lutte, la boxe et le pancrace. Quand un partenaire renverse son adversaire si vite que la lutte ne fait même pas lever la poussière du sol, on dit qu’il a triomphé akoniti, sans faire de poussière.
    — Et je vais vous dire pourquoi, poursuivit-il. Les troupes que Xerxès nous envoie sont les premières qui soient de sang perse. Les commandants sont des parents du roi. Il y compte des frères, des cousins, des oncles, des amants, des officiers dont la vie est pour lui sans prix. Vous le voyez là-haut sur son trône ? Les nations qu’il nous avait dépêchées n’étaient que des vassaux, de la viande à combat pour ce despote qui dépense les vies sans y penser. Mais ceux-là, dit-il en montrant l’aire où Hydarne et les Dix Mille étaient massés, il les adore. Il les aime. Leur mort lui sera aussi pénible qu’une lance de huit pieds dans les entrailles.
    » Rappelez-vous que cette bataille aux Murailles de Feu n’est pas celle que Xerxès

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