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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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garçons de treize et quatorze ans sous le commandement d’instructeurs de vingt ans ; ils attendaient au pied de la colline, sous le camp de l’armée. Ces pelotons de l ’agogê étaient requis de regarder constamment leurs aînés et leurs épreuves, afin d’exciter leur sens de l’émulation. J’avais été dépêché en haut, chez les aînés, quand j’entendis de l’agitation chez les cadets.
    Je me retournai et vis Alexandros devant son peloton, faisant face à Polynice, le chevalier et champion olympique, en proie à une vive colère. Alexandros avait quatorze ans et Polynice vingt-trois, et même à cent pas, on pouvait voir que le garçon était terrifié.
    Ce Polynice, un neveu de Léonidas, n’était pas un plaisantin. Lauréat d’un prix de courage, il était impitoyable. Il sembla qu’il fût descendu du camp d’en haut pour une affaire ou l’autre, qu’il eût passé en revue les garçons de l’ agogê et qu’il eût relevé un manquement à la discipline.
    Les aînés, du haut de la colline, voyaient bien l’objet du manquement.
    Alexandros avait négligé son bouclier ou, selon le terme dorique etimasen, l’avait profané. Il l’avait laissé tomber et le grand bol dardait là sa pointe vers le ciel. Polynice le tançait.
    — Qu’est-ce que je vois là devant moi dans la poussière ? gronda-t-il. Les Spartiates sur la colline percevaient chacune de ses syllabes. Ce doit être un pot de chambre, avec sa pointe joliment tournée vers le ciel. Est-ce un pot de chambre ?
    — Non, répondit Alexandros.
    — Qu’est-ce donc ?
    — Un bouclier, seigneur.
    — Ce ne peut pas être un bouclier, j’en suis certain. Sa voix portait loin dans l’amphithéâtre naturel de la vallée. Parce que le plus couillon des couillons de paidarion ne laisserait pas un bouclier face contre terre, de telle sorte qu’il ne puisse pas s’en emparer sur-le-champ quand un ennemi surgirait. Il dominait le garçon mortifié. C’est un pot de chambre. Remplis-le.
    La torture commença. Alexandros avait reçu l’ordre de pisser dans son bouclier. Certes, ce n’était qu’un bouclier d’entraînement. Mais, d’en haut, Dienekès voyait bien que ce bouclier-là, cet aspis, qui avait été réparé pendant des décennies, avait appartenu au père d’Alexandros et avant lui, au grand-père.
    Alexandros était tellement desséché par la peur qu’il ne put pas pisser une goutte.
    Puis il y avait un autre élément en jeu : c’était le penchant des garçons à l’entraînement, en tout cas ceux qui n’étaient pas l’objet de la colère de leurs aînés, de prendre un plaisir pervers à voir l’un des leurs sur des charbons ardents. De haut en bas de leur ligne, ils se mordaient les lèvres pour ne pas céder à l’hilarité que leur inspirait la peur d’autrui. Un gamin du nom d’Ariston, qui était fort joli et qui était le meilleur coureur de la quatrième classe, une sorte de Polynice en réduction, ne put se retenir. Il laissa échapper un gloussement entre ses dents serrées.
    Polynice se tourna vers lui d’un air furieux. Ariston avait trois sœurs, toutes de la variété que les Lacédémoniens appelaient « à deux clins », c’est-à-dire qu’elles étaient si jolies qu’un seul regard ne suffisait pas, il en fallait deux pour les apprécier pleinement. Polynice lui demanda s’il trouvait ça drôle.
    — Non, seigneur, répondit le garçon.
    — Si tu penses que c’est drôle, attends d’être au combat. Tu penseras alors que c’est pissant.
    — Non, seigneur.
    — Oh oui. Tu glousseras comme tes foutues sœurs, dit-il en avançant d’un pas vers Ariston. C’est ça que tu crois que c’est, la guerre ?
    — Non, seigneur.
    Polynice approcha son visage de celui du garçon et plongea dans ses yeux son regard bouillant de malice.
    — Dis-moi, qu’est-ce que tu crois qui sera le plus rigolo, quand tu prendras une lance d’un pied et demi dans le trou du cul ou bien quand ton pote le chanteur de psaumes Alexandros en prendra une ?
    — Ni l’un ni l’autre, seigneur, répondit Ariston, pétrifié.
    — Tu as peur de moi, n’est-ce pas ? C’est la vraie raison pour laquelle tu riais. Tu étais foutrement content que ce n’ait pas été toi que j’aie mis sur la sellette.
    — Non, seigneur.
    — Quoi, tu n’as pas peur de moi ?
    Polynice demanda si c’était l’un ou l’autre, parce que, si Ariston avait peur de lui, c’était un couard,

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