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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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et sinon, c’était un imbécile téméraire et pis.
    — C’est quoi, misérable tas de merde ? Parce que tu ferais bien d’avoir peur de moi, je te baiserai par l’oreille droite et ma queue sortira par la gauche et je remplirai moi-même ce pot de chambre.
    Polynice ordonna aux autres garçons de pisser à la place d’Alexandros. Quand leurs jets pathétiques rejaillirent sur ce bouclier de bois et de cuir auquel la mère et les sœurs d’Alexandros avaient attaché des amulettes, Polynice tourna son attention vers le garçon, l’interrogeant sur le protocole attaché au bouclier, que le garçon connaissait depuis qu’il avait trois ans.
    Le bouclier devait toujours être à la verticale, déclama Alexandros du plus fort qu’il pouvait, la lanière pour l’avant-bras et la poignée prêtes à tout moment. Quand le guerrier était au repos, le bouclier devait être appuyé sur son genou. S’il s’asseyait ou se couchait, le bouclier devait être tenu par le trépied léger, tripous basis, que tous logeaient à cet effet à l’intérieur même du bouclier.
    Les garçons avaient uriné du mieux qu’ils pouvaient dans le creux du bouclier. Je levai les yeux vers Dienekès. Il était impassible, mais je savais qu’il aimait Alexandros et qu’il se retenait pour ne pas descendre tuer Polynice.
    Mais Polynice avait raison et Alexandros avait tort. Il fallait donner une leçon au garçon. Polynice tenait en main le tripous basis  ; c’étaient trois baguettes liées par une lanière de cuir. Les baguettes étaient grosses comme un doigt et longues d’un pied et demi.
    — En ligne ! cria Polynice.
    Le peloton se forma. Il leur fit tous jeter les boucliers à terre, exactement comme l’avait fait Alexandros.
    Douze cents Spartiates avec leurs servants et hilotes observaient la scène du haut de la colline.
    — Levez les boucliers !
    Les garçons se jetèrent vers les lourds boucliers renversés. Polynice donna un coup de trépied au visage d’Alexandros. Le sang gicla. Il donna ensuite un coup au garçon près d’Alexandros, puis au suivant, jusqu’au cinquième qui leva enfin le pesant objet et le saisit en posture de défense. Et il le leur fit recommencer plusieurs fois de suite. Il commençait par un bout de la ligne, puis par l’autre, puis par le milieu. Polynice, je l’ai dit, était un Agiade, l’un des trois cents chevaliers, et un vainqueur olympique par-dessus le marché. Il pouvait faire ce qui lui plaisait. L’instructeur, un eirenê, avait été écarté et assistait à la scène impuissant et mortifié.
    — C’est drôle, n’est-ce pas ? déclara Polynice aux garçons. Je me tords les tripes, pas vous ? Je suis impatient de vous voir au combat, ça sera encore plus drôle.
    Les garçons savaient ce qui les attendait. Baiser les arbres. Quand Polynice aurait fini de les torturer, il ordonnerait à leur instructeur de les faire avancer jusqu’au bout de la plaine, vers des chênes particulièrement solides et leur ferait donner l’ordre de renverser les chênes avec leurs boucliers, tout en restant en formation, de la même manière qu’ils attaqueraient l’ennemi dans une bataille. Ils se mettraient donc sur huit rangs, le bouclier de chacun poussant le dos de celui qui le précédait ; les boucliers des garçons de première ligne seraient écrasés par le poids combiné de tous les autres derrière. C’était l’exercice de l’ othismos. Ils pousseraient, ils ahaneraient, ils baiseraient cet arbre de toutes leurs forces. Leurs pieds nus gratteraient le sol jusqu’à ce qu’ils y eussent creusé une ornière jusqu’à la cheville, s’écrasant les uns les autres, ahanant et poussant cet arbre indéracinable. Quand les garçons de première ligne seraient à bout, ils passeraient au dernier rang.
    Deux heures plus tard, Polynice reviendrait d’un pas désinvolte, peut-être accompagné d’autres jeunes guerriers qui étaient passé par cette épreuve infernale durant leur propre agogê. Ils prendraient l’air incrédule et scandalisé quand ils verraient que l’arbre n’avait pas bougé. Par les dieux, ces petits faiseurs sont là-dessus depuis la moitié d’une veille et ce misérable arbrisseau est toujours en place !
    Là, on ajouterait une nature efféminée aux crimes déjà imputés aux garçons. Il était impensable qu’on les autorisât à rentrer en ville alors que cet arbre les défiait ; un tel échec déshonorerait leurs pères, leurs

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