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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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à la dérive au milieu du golfe. Le voilier Spartiate arriva et ses occupants hélèrent le bateau de pêche. Les gens à bord ne nous avaient pas vus. Alexandros me saisit le bras : nous ne devions pas appeler au secours, ce serait le déshonneur.
    — Je suis bien de cet avis. Se noyer est plus honorable.
    — Tais-toi.
    Nous restâmes silencieux, tandis que le voilier patrouillait, à la recherche d’autres bateaux qui pouvaient être des espions. Finalement, il vira de bord et disparut. Nous étions seuls sous les étoiles. Vue du haut d’un bateau, la mer est grande, mais, à hauteur des narines, elle paraît encore plus grande.
    — Vers quel rivage nous dirigerons-nous ?
    Bien sûr, nous devions aller de l’avant. Nous nageâmes pendant ce qui me parut être des heures. Le rivage ne s’avançait toujours pas de la longueur d’un aviron.
    — Peut-être nageons-nous à contre-courant ? Peut-être que nous faisons du surplace ou que nous reculons…
    — Nous nous rapprochons, répondit Alexandros.
    Nous ne pouvions que nager et prier. Peut-être des monstres grouillaient-ils alors sous nos pieds, prêts à nous enserrer dans leurs tentacules affreuses ou à nous happer les genoux. J’entendais Alexandros avaler de l’eau, ahanant comme un asthmatique. Nous nous rapprochâmes, les yeux brûlés par le sel et les bras lourds comme du plomb. Orion le Chasseur avait été au-dessus de nos têtes quand nous étions partis ; il était désormais à mi-hauteur au-dessus de l’horizon et le rivage restait toujours inaccessible. Les vagues grossissaient. Un vent froid se leva. Nous n’allions nulle part. Je soutins Alexandros quand une autre crise d’asthme le frappa. Il se mordit le pouce et la douleur sembla le calmer.
    L’aube ne s’était pas encore levée. Nous nous étions raccrochés à un misérable espar flottant, à peine assez grand pour nous soutenir. Nous étions trop épuisés pour fournir une autre brasse. L’eau devenait plus froide. L’hypothermie nous ankylosait les membres. Alexandros toussa, cracha, cherchant à reprendre haleine pour parler.
    — Il nous faut quitter cet espar… sinon nous mourrons.
    Je tournai les yeux vers le nord. Je distinguai des pics montagneux, mais le rivage demeurait invisible. La main glacée d’Alexandros se posa sur la mienne.
    — Quoi qu’il advienne, je ne t’abandonnerai pas.
    Il lâcha sa prise sur l’espar et je le suivis. Une heure plus tard, nous nous écroulâmes comme Ulysse, sur un rocher au-dessous d’une nichée d’oiseaux criards. Nous nous désaltérâmes à la source qui jaillissait d’une falaise, lavâmes le sel de nos yeux et de nos cheveux. Nous dormîmes la moitié de la matinée, gisant tels des morts. Au réveil, j’allai dénicher des œufs que nous mangeâmes crus, debout sur le sable, en haillons.
    — Merci mon ami, dit Alexandros d’une voix égale.
    Il tendit la main et je la serrai.
    — Merci aussi.
    Le soleil approchait du zénith. Nos vêtements trempés de sel avaient séché sur notre dos.
    — Allons, dit Alexandros, nous avons perdu une demi-journée.

4
    La bataille se déroula sur une plaine poussiéreuse à l’ouest d’Antirhion, sous les murs de la citadelle et à portée de flèche de la grève. Un modeste ruisseau, l’Acanthus, coupait la plaine de ses méandres. Les Antirhioniens avaient érigé une muraille rudimentaire perpendiculaire au ruisseau, du côté de la mer. À leur gauche, des collines escarpées ceignaient leur territoire. Au pied de leur muraille s’étendait une décharge hérissée d’épaves de bateaux et de monceaux d’ordures puantes où se repaissaient des nuées de mouettes. L’ennemi avait parsemé de rochers et d’épaves le terrain plat sur lequel Léonidas et ses hommes avanceraient. Leur propre terrain était net et plat.
    Quand Alexandros et moi arrivâmes haletants sur les lieux, les éclaireurs skirites venaient de mettre le feu aux tas d’ordures. Les deux armées étaient encore en formation, à un millier de pas de distance. Les bateaux ennemis avaient disparu, navires marchands ou pêcheurs ayant été halés dans la partie fortifiée du port ou bien ancrés au large, hors de portée des Spartiates. Cela n’empêcha pas les Skirites de mettre le feu aux quais et aux entrepôts du port. Le bois des bâtisses, saturé de naphte, avait flambé jusqu’au ras de l’eau. Comme Léonidas et les Spartiates le savaient bien, les défenseurs

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