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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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d’Antirhion étaient des miliciens, des fermiers, des potiers et des pêcheurs, quelquefois des soldats comme mon père.
    L’incendie de leur port était destiné à semer chez eux la consternation et l’égarement par la vue de pareils spectacles ; il leur donnerait un avant-goût des puanteurs et des massacres à venir. C’était le matin, à l’heure du marché, et, la brise du large rabattant la fumée noire des incendies, le terrain s’en trouva obscurci. La brise attisa aussi les flammes qui dévoraient les carcasses des navires grassement enduits de goudron et de cire, et les transforma en brasiers grondants.
    Alexandros et moi nous étions postés sur la falaise du côté terre, à deux cents pas à peine du site où l’affrontement aurait lieu. La fumée nous suffoquait déjà. Nous gravîmes la côte, où s’étaient déjà installés des hommes et des garçons d’Antirhion. Armés d’arcs et de frondes, ils se disposaient à faire pleuvoir flèches et cailloux sur les Spartiates qui avanceraient, mais les Skirites, qui devaient occuper comme toujours la gauche des forces lacédémoniennes, la place d’honneur, les firent déguerpir. Leurs éclaireurs les repoussèrent assez loin pour que les projectiles de ces francs-tireurs ne fissent pas grand mal aux Spartiates et ils occupèrent donc le terrain.
    À nos pieds, à quelque deux cents pas, les Spartiates et leurs alliés se mettaient en rang. Les servants équipaient leur maîtres de pied en cap, en commençant par les sandales en gros cuir de vache qui leur permettraient de marcher sur le feu, poursuivant par les jambières de bronze, que les servants s’agenouillaient pour lacer sur les tibias de leurs maîtres et fixaient à l’arrière du mollet en tordant simplement le métal. Nous reconnûmes le père d’Alexandros, Olympias, et son servant à la barbe blanche, Mérion.
    Les soldats se protégeaient ensuite les parties, ce qui donnait toujours lieu à des gaudrioles, quand ils saluaient leur virilité en exprimant le vœu de tout retrouver en place à la fin du combat.
    Les citoyens-soldats des autres villes ne pratiquaient pas cette routine de l’équipement plus d’une douzaine de fois par an, aux manœuvres de printemps et d’été, mais les Spartiates, eux, la répétaient des centaines de fois à chaque saison d’entraînement. Les hommes de cinquante ans, pour leur part, l’avaient pratiquée des milliers de fois ; elle était devenue pour eux une seconde nature, comme les massages à l’huile ou le poudrage avant la lutte, ou encore le démêlage de leurs longs cheveux, auquel ils étaient à présent occupés ; désormais revêtus de leur tunique de lin et de leur corselet de bronze, ils s’aidaient les uns les autres à se peigner avec un soin cérémonieux, mais néanmoins une désinvolture déconcertante, tel un régiment de gandins se préparant pour une fête.
    Pour finir, les hommes gravèrent leurs noms sur des bracelets improvisés en bois, dans le cas où ils mourraient ou bien seraient trop défigurés pour être identifiés. Le choix du bois était délibéré : ce matériau n’avait pas de valeur pour l’ennemi.
    À l’arrière, on procédait à l’interrogation des augures. Boucliers, casques, armures et fers de lances soigneusement astiqués réfléchirent soudain le soleil, répandant sur l’armée un scintillement pareil aux étincelles d’une gigantesque meule de rémouleur. L’armée ne paraissait plus faite d’humains, mais de bronze et de fer.
    Spartiates et Tégéates avancèrent vers leurs lignes. Les Skirites, à gauche, dressaient quarante-huit boucliers en première ligne sur huit rangs de profondeur. Venait ensuite le régiment du Laurier de Sélassie, onze cents hoplites. À leur droite se trouvaient les six cents hommes de l’infanterie lourde de Tégée ; puisl’ agêma des chevaliers au centre, avec Polynice bien visible au premier rang : trente boucliers sur cinq rangs de profondeur, pour se battre autour du roi et le défendre. À sa droite prit place le régiment de l’Olivier Sauvage, cent quarante-quatre hommes en ligne avec le bataillon de la Panthère jouxtant les chevaliers, puis celui de la Chasseresse avec Olympias au premier rang, puis encore le régiment Ménélaion. À leur droite encore et déjà en ligne, les bataillons de l’Héraklès, encore cent quarante-quatre hommes en ligne ; on reconnaissait bien Dienekès à la tête de sa phalange de trente-six

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