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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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sarcastique, et c’est pourquoi ils t’avaient ligoté si solidement.
    Olympias s’adressa à Alexandros :
    — Est-ce vrai, mon fils ? As-tu vraiment arrêté le Coq ?
    — Non, père.
    Tout le monde savait que ce prétendu jugement ne traînerait pas en longueur. Il allait être inévitablement découvert, même ici, dans l’ombre, par la jeunesse de agogê qui montait normalement la garde de la cité la nuit et qui avait doublé ses patrouilles, puisqu’on était en guerre. On n’en avait plus que pour un bref moment.
    Deux rapides conversations démontrèrent ce que les pairs ne semblaient pas capables de deviner par eux-mêmes : Alexandros avait en dernière minute tenté de persuader le Coq de revenir sur son attitude de défi et d’accepter l’honneur de la cité ; il avait échoué et n’avait pas engagé d’action contre le jeune homme.
    — C’était là de la trahison pure et simple, déclara Polynice. Néanmoins, allégua-t-il, il n’avait aucune raison personnelle de nuire à la réputation du fils d’Olympias et de le punir, ni même de me punir moi-même, le servant de Dienekès. Tenons-nous-en là, messieurs. Retirez-vous. Laissez-moi m’occuper de l’hilote et de son fils.
    Dienekès prit alors la parole ; il remercia Polynice pour son offre de clémence. Néanmoins, celle-ci ne disculpait le jeune homme qu’à moitié ; or, il convenait de l’innocenter entièrement. Pouvait-il, lui Dienekès, prendre la parole au nom d’Alexandros ?
    Le doyen Médon donna son assentiment et les pairs le suivirent.
    — Vous connaissez tous mes sentiments pour Alexandros, déclara Dienekès. Vous savez tous que je l’ai conseillé et que j’ai veillé sur lui depuis qu’il était enfant. Il est pour moi comme un fils, un frère et il est un ami aussi bien. Mais ce n’est pas en raison de ces sentiments que je le défendrai. Je vous prierai plutôt de considérer les points suivants. Ce qu’Alexandros a tenté de faire ce soir n’est autre que ce que son père a tenté de faire depuis Oenophyta, c’est-à-dire influencer de manière informelle, par la raison et la persuasion, et en vertu d’un sentiment amical, ce garçon Dekton surnommé le Coq. Pour adoucir le ressentiment qu’il nous porte, nous Spartiates, qui avons réduit ses compatriotes en esclavage, estime-t-il, et pour le conquérir à la grande cause de Lacédémone. Quand il a fait cela, Alexandros n’a cherché aucun bénéfice pour lui, ni ce soir ni auparavant. Que gagnerait-il à enrôler ce renégat sous la pourpre Spartiate ? Il n’a pensé qu’au bien de la cité et il a espéré mettre à son service un jeune homme dont la force et le courage sont réputés. Ce jeune homme est le fils illégitime d’un pair et d’un héros, Idotychide, le propre frère de ma femme. En fait, vous devriez me blâmer autant qu’Alexandros, car plus d’une fois j’ai désigné le Coq comme mon neveu d’occasion.
    — Oui, mais c’était en plaisanterie et par dérision, intervint promptement Polynice.
    — Nous ne plaisantons pas ici ce soir, Polynice.
    Un bruissement se fit entendre dans les branches et soudain, à la surprise générale, Aretê apparut dans cet espace sacrificiel. J’aperçus deux gamins qui détalaient dans les ténèbres ; ces petits espions avaient à l’évidence assisté à la scène dans la hutte du Coq et couru sur-le-champ pour alerter l’épouse de Dienekès.
    Elle s’avança, vêtue d’un simple peplos et les cheveux dénoués dans le dos, sans doute tirée quelques instants plus tôt de la berceuse qu’elle chantait à ses fillettes. Les pairs s’écartèrent devant elle, tellement surpris qu’aucun d’eux n’éleva la voix pour protester.
    — Qu’est-ce que c’est que cela, demanda-t-elle, une cour de vengeance réunie sous les chênes ? Quel noble verdict prononcerez-vous ce soir, valeureux guerriers ? L’assassinat d’une vierge, ou bien l’égorgement d’un enfant au sein ?
    Dienekès tenta de la faire taire et les autres aussi, arguant qu’une femme n’avait rien à faire en ce lieu et qu’elle devait s’en aller à tout prix et sur-le-champ. Mais Aretê n’en tint aucun compte et, se rangeant d’un air déterminé aux côtés d’Harmonia, elle prit dans ses bras l’enfant du Coq.
    — Vous dites que ma présence ici ne sert à rien. Bien au contraire, lança-t-elle aux pairs, je peux offrir une assistance opportune. Voyez ? Je peux relever la tête

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