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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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loyaux ? Comme la porte d’une citadelle qui ne repose que sur un seul gond, une vaste part de l’attitude des Messéniens reposait sur le Coq ; c’était sur lui qu’ils prenaient exemple.
    Nous étions à la veille de la proclamation des Trois Cents. Le Coq fut convoqué devant le réfectoire d’Olympias, le Bellérophon. Là, officiellement, et avec l’assentiment de tous, l’honneur de l’écarlate Spartiate lui fut de nouveau offert.
    Et de nouveau, il le refusa.
    Je traînais intentionnellement à l’extérieur de ce réfectoire pour savoir quelle tournure prendrait l’affaire. Point n’était besoin d’être grand clerc pour deviner, à la clameur d’indignation et la prompte sortie du Coq, la gravité des circonstances et les périls qui en découlaient. Un travail dont mon maître m’avait chargé me tint occupé pendant presque une heure. Puis je me trouvai libre.
    Près du Petit Anneau, là où se trouvait le carré du départ, se dresse un bosquet à la fourche de trois lits de rivière asséchés. C’était là que le Coq, moi et d’autres garçons nous retrouvions et où nous amenions même des filles, parce que, si l’on était pris sur le fait, on pouvait aisément s’enfuir dans les ténèbres le long de l’un des trois lits. Je savais que c’était là qu’il viendrait et il y était, en effet. À ma surprise, Alexandros était en sa compagnie. Ils se querellaient et je compris rapidement que c’était parce que l’un offrait son amitié et que l’autre la refusait. Mais l’étonnant est que c’était Alexandros qui offrait son amitié. Il se trouverait dans des difficultés sans nom s’il était surpris dans cette situation, si vite après avoir été admis parmi les pairs. J’avançai vers eux. Alexandros tançait le Coq et le traitait d’imbécile.
    — Ils vont maintenant te tuer, tu le sais ?
    — Qu’ils aillent se faire foutre. Qu’ils aillent tous se faire foutre.
    — Arrêtez !
    Et je m’élançai entre eux. Je leur rappelai ce que nous savions déjà tous trois. Que le prestige du Coq dans la classe inférieure ne lui permettait plus d’agir en son seul nom ; que ce qu’il avait fait entraînerait des conséquences pour sa femme, son fils, sa fille et sa famille. Qu’il s’était condamné et les avait condamnés avec lui. Que les krypties en finiraient avec lui cette nuit même et que rien ne pouvait plaire davantage à Polynice.
    — Il ne m’attrapera pas si je ne suis pas ici.
    Le Coq avait pris la décision de s’enfuir cette nuit même au temple de Poséidon, à Tainaron, où l’on accordait le sanctuaire aux hilotes. Il voulait que je le suive. Je lui rétorquai qu’il avait perdu la raison.
    — Qu’est-ce que tu croyais, quand tu les as rejetés ? Ce qu’ils t’ont offert est un honneur.
    — Je me moque de leurs honneurs. Les krypties sont partis à ma poursuite maintenant, dans l’obscurité. Est-ce là de l’honneur ?
    Je rétorquai que son orgueil lui avait acheté un droit de passage pour les Enfers.
    — Et taisez-vous donc, tous les deux !
    Alexandros ordonna au Coq de retourner à sa coquille, le terme que les Spartiates appliquent à la hutte d’un hilote.
    — Si tu veux fuir, file tout de suite ! lui dit-il.
    Nous courûmes le long du lit asséché de la rivière. Harmonia avait préparé la fille et l’enfant du Coq. Dans la hutte enfumée, Alexandros mit dans la main du Coq une poignée d’oboles d’Égine ; ce n’était pas beaucoup, mais c’était assez pour aider un fugitif.
    Le Coq en resta coi.
    — Je sais que tu ne me respectes pas, lui dit Alexandros, tu penses que tu vaux mieux que moi dans le maniement des armes, en force et en courage. Eh bien, c’est vrai. J’ai essayé de toutes les fibres de mon corps, les dieux m’en sont témoins, mais je ne suis pas encore aussi bon combattant que toi. Je ne le serai jamais. Tu devrais être à ma place et moi à la tienne. C’est l’injustice des dieux qui a fait de toi un esclave et de moi un homme libre.
    Venant d’Alexandros, ces propos désarmèrent totalement le Coq. L’on voyait s’évanouir l’agressivité de son regard et son attitude de défi.
    — Tu as plus de courage que je n’en aurai jamais, répondit le bâtard, car tu le tires d’un cœur tendre, tandis que les dieux m’ont contraint à ruer et à me débattre depuis le berceau. Tu t’honores à parler avec cette franchise. Tu as raison. Je te méprisais. Jusqu’à

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