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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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cet homme est vrai en tous points et, bien que tu sois d’un avis contraire, je crois qu’il est important pour les affaires qui nous occupent.
    Sa Majesté indiqua le trône qui se trouvait sous la lumière des lampes, sous le sommet de la tente.
    — Voyez-vous ce siège, mes amis ? Aucun mortel ne peut être plus solitaire que celui qui s’y assoit. Tu ne peux pas le savoir, Mardonius. Personne qui ne s’est assis là ne peut le savoir. Réfléchis : à quel interlocuteur un roi peut-il donc faire confiance ? Quel homme se présente devant Lui sans quelque désir secret, quelque passion, quelque grief ou demande qu’il mettra toute son astuce à dissimuler ? Qui dit la vérité devant un roi ? Un homme ne s’adresse à Lui que dans la peur de ce que le roi comprendra, ou bien dans l’attente de ce qu’Il lui accordera.
    » Chacun proclame son allégeance, poursuivit Sa Majesté, et chacun proteste de son amour. Et le Royal Auditeur doit sonder les cœurs et tâter les discours comme un vendeur de bazar, à la recherche des subtils indices qui révèlent la trahison ou la tromperie. Combien c’est fatigant ! Les femmes du roi lui chuchotent des mots doux dans la pénombre de la chambre à coucher royale. Mais L’aiment-elles ? Comment le vérifier, quand Il sait la véritable passion qu’elles consacrent à des intrigues pour assurer des privilèges à leurs enfants ou pour en acquérir pour leur propre compte ? Personne ne dit toute la vérité à un roi, même pas Son propre frère et même pas toi, mon ami, mon intime.
    Mardonius se hâta de protester, mais Sa Majesté l’interrompit d’un sourire.
    — De tous ceux qui se présentent à moi, un seul, je crois, parle sans désir de profit personnel. C’est ce Grec. Tu ne comprends pas cela, Mardonius. Son cœur n’aspire qu’à être réuni sous terre avec ses compagnons d’armes. Même la passion qu’il met à raconter son histoire est secondaire, elle lui est imposée par l’un de ses dieux, qui est pour lui une malédiction. Il ne me demande rien. Non, mes amis, ce que raconte le Grec ne me trouble pas et ne me démoralise pas. C’est plaisant, c’est encourageant.
    Sur le seuil de Son pavillon, Sa Majesté fit un geste pour indiquer les feux de sentinelle qui flambaient au-delà de la garde des Immortels.
    — Regardez cette croisée de chemins où nous campons. Les Hellènes l’appellent les Trois Coins. Elle ne représente rien pour nous, rien que de la terre sous nos pieds. Mais cet endroit insignifiant revêt un sens et même du charme, quand on apprend du prisonnier que c’est là que, lorsqu’il était enfant, il s’est séparé de la jeune Diomaque, cette cousine qu’il aimait.
    Artémise et Mardonius échangèrent un regard.
    — Sa Majesté cède au sentiment, dit-elle au roi, et même au sentimentalisme.
    La portière du pavillon fut alors soulevée et les officiers de garde auprès du Grec demandèrent la permission d’entrer. La litière du prisonnier, qui avait les yeux bandés comme toujours, fut portée par deux subalternes des Immortels, précédés par leur capitaine, Oronte.
    — Voyons le visage de cet homme, dit Sa Majesté, et qu’il voie le nôtre.
    Oronte obéit et le bandeau fut retiré. Xéon cligna plusieurs fois des yeux et regarda Sa Majesté pour la première fois. Son expression fut tellement singulière que le capitaine lui demanda avec irritation par quelle arrogance il osait dévisager ainsi la Personne Royale.
    — J’ai déjà vu Sa Majesté, répondit l’homme.
    — Sur le champ de bataille, comme tous les ennemis.
    — Non, capitaine. Ici, sous cette tente, la nuit du cinquième jour.
    — Tu es un menteur ! et Oronte gifla le prisonnier de colère, car le manquement auquel le captif se référait avait bien eu lieu à la veille de la dernière bataille des Murailles de Feu, un soir qu’une bande de Spartiates était arrivée à portée de lance de la Personne royale, à l’intérieur de ce pavillon même ; les Immortels et les marins égyptiens étaient alors accourus pour protéger la Personne Royale et repousser les intrus.
    — J’étais là, dit calmement le Grec, et mon crâne aurait pu être fendu par une hache que m’avait lancée un de vos seigneurs, si elle n’avait pas d’abord heurté une poutre faîtière dans laquelle elle s’est encastrée.
    À ces mots, le général Mardonius pâlit. Devant le portail ouest de la salle, juste là où les Spartiates

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