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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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avaient pénétré, se trouvait encore une hache si profondément encastrée dans la poutre de cèdre, en effet, qu’on n’avait pas pu l’en extraire ; elle avait donc été laissée là par les charpentiers et l’on s’était contenté d’en scier le manche. Le poteau avait été consolidé avec de la corde.
    Le regard du Grec se porta sur Mardonius.
    — C’est ce seigneur-là qui m’a lancé la hache. Je le reconnais également.
    L’expression du général et son silence confirmèrent que c’était vrai.
    — Son épée, reprit le Grec, a tranché le poignet d’un guerrier Spartiate alors que celui-ci s’apprêtait à expédier sa lance vers Sa Majesté.
    Sa Majesté demanda à Mardonius si c’était vrai. Le général confirma qu’il avait bien donné un pareil coup d’épée, parmi bien d’autres qu’il avait donnés dans ces moments de confusion et de danger.
    — Ce guerrier, déclara Xéon, était Alexandros, le fils d’Olympias, dont j’ai déjà parlé.
    — Le garçon qui était parti à la suite de l’armée Spar tiate ? Qui avait traversé le détroit à la nage, avant Antirhion ? demanda Artémise.
    — Il était alors devenu un homme, dit le Grec. Les officiers qui l’ont emporté hors de cette tente sous la protection de leurs boucliers étaient les chevaliers Polynice et mon maître Dienekès.
    Ils se turent tous un moment, pour réfléchir à ces informations. Puis Sa Majesté demanda :
    — C’étaient vraiment ceux qui ont pénétré sous cette tente ?
    — Eux et d’autres, Seigneur, ainsi que Sa Majesté l’a vu.
    Mardonius accueillit ces informations avec un scepticisme exaspéré. Il accusa le prisonnier d’inventer son récit à partir de bribes entendues chez les cuisiniers ou le personnel médical qui le soignait. Le prisonnier réfuta ces soupçons respectueusement, mais fermement.
    S’exprimant en qualité de commandant de la Garde, Oronte fit observer à Mardonius qu’il était impossible que le Grec eût pu apprendre les événements qu’il racontait de la façon que le général suggérait ; c’était lui-même qui surveillait le prisonnier et personne à l’intendance, ni dans l’équipe du chirurgien royal, ne s’était trouvé seul avec le Grec, même pour un moment.
    — Alors il l’aura entendu des rumeurs de la bataille, insista Mardonius, des guerriers spartiates qui avaient réellement franchi la ligne de protection de Sa Majesté.
    L’attention se reporta sur le Grec ; il ne paraissait guère ému par ces accusations, qui auraient pu motiver sa mise à mort sur l’instant ; il maintenait sur Mardonius un regard impassible et lui parlait sans peur.
    — J’aurais, en effet, pu apprendre ces événements de la manière que tu suggères, seigneur. Mais alors, comment t’aurais-je reconnu parmi tous les autres comme l’homme qui a lancé la hache ?
    Sa Majesté alla examiner le lieu où la hache s’était fichée ; Elle coupa les cordes avec sa dague et exposa la lame ; Elle reconnut sur l’acier le griffon à double tête d’Éphèse, dont les armuriers fournissaient toutes les lames et têtes de lance pour Mardonius et ses officiers.
    — Dis-moi maintenant, déclara Sa Majesté en s’adressant à Mardonius, ce n’est pas un dieu qui a lancé cette hache.
    Sa Majesté estima qu’Elle et Ses conseillers avaient appris du prisonnier beaucoup de choses intéressantes et inattendues.
    — Et qu’apprendrons-nous encore qui nous intéresse ?
    D’un geste amical, Elle ordonna que Xéon fût rapproché d’Elle et qu’en dépit de l’état grave du prisonnier, il fût installé sur un siège à dossier.
    — Je t’en prie, mon ami, continue ton récit, et dis ce que tu veux de la manière que les dieux te dictent.

3
    Au cours des neuf années précédentes, et dans la plaine qui s’étend sous la Maison d’Airain d’Athéna, j’avais dû observer l’armée se rassembler une cinquantaine de fois, au cours de divers appels préliminaires à des campagnes. Cette fois-ci, le corps d’armée qu’on expédiait aux Thermopyles était le plus réduit que j’eusse jamais vu. Pas une mobilisation des deux tiers, qui réunissait six mille hommes avec leurs servants et leurs équipages de bataille, pas une mobilisation de la moitié, qui représentait quatre mille cinq cents hommes, comme pour l’Achilléion, pas même une mobilisation de deux mille cinq cents hommes, comme celle que Léonidas avait proclamée pour

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