Les Mystères de Jérusalem
regard des autres. Et libres. Dans la limite de leur domaine d'arbres fruitiers... Or, tout à coup, leur sérénité parfaite vola en éclats. Il avait suffi de l'intrusion de l'un des habitants des champs. Le plus rusé d'entre eux... Rachi dit : Le serpent les avait vus sunir auxyeux de tous et il désira »ve.
- Le serpent désira »ve? sursautai-je.
- Oui.
- Vous voulez dire que c'est le désir du serpent lui-même qui introduisit la honte et le doute dans leur existence innocente et non pas la concupiscence d'Adam?
Le rabbin opina, l'oeil espiègle, laissant sa kippa glisser dans son cou.
je poursuivis sur ma lancée :
- Autrement dit, le serpent enseigna à Adam et »ve que les choses de l'existence ne sont pas simples, que pour assouvir un 409
désir on est parfois amené à braver l'interdit, 11", anathème ". Ce faisant, ils prenaient le risque de comprendre qu'ils n'étaient justement pas " comme des dieux ", en dépit de la fausse promesse du serpent ?
- AÔe, aÔe, aÔe, fit le rabbin. C'est ça... C'est presque ça... Le midrash dit : En quoi le serpent était-il rusé? En ce que le globe de son oeil ressemble à celui de l'homme. Ne peut tenter Phomme que qui lui ressemble.
D'ailleurs, comme vous le savez, le serpent, avant sa disgr‚ce, possédait des jambes. C'est seulement après son forfait que l'…ternel, béni soit-Il, le condarrina, à ramper jusqu'à la fin des temps.
Après un long moment, la voix lasse, il précisa
- Nahash, " serpent " en hébreu, signifie aussi " divin ".
Il inclina la tête, récupérant sa calotte qu'il remit en place.
- Le serpent introduit le désordre mais il ne ment pas. Il a promis à »ve et Adam que leurs yeux allaient s'ouvrir... Car lejour o˘ vous mangerez dufiuit défendu, vosyeux souvriront et vous serez comme des dieux, vous connaîtrez le Bien et le Mal. Et la Genèse dit : Lesyeux des deux s'ouvrirent et ils connurent qu'ils étaient nus. Ils devinrent " comme ".
Et connurent désormais la liberté et la responsabilité du choix.
- Maintenant que nous savons, il incombe à chacun de nous de prendre ses responsabilités?
- Vois, cita-t-il encore, j'ai placé devant toi a4ourd'hui la W et le bien, la mort et le mal...
- je sais, dis-je malgré moi.
- Oye oye oye! s'écria-t-il en levant les bras au ciel. Vous savez déjà et vous tentez le mal comme si vous n'étiez pas s˚r de son existence ?
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Den-li-alliance
Il n'était pas loin de onze heures du soir lors qu'un taxi me déposa à la hauteur de Michkenot She'ananim. je voulais faire quelques pas pour me détendre et penser aux paroles du rabbin avant de rejoindre l'hôtel. La nuit allait être courte, nous avions prévu de nous retrouver à l'aube afin d'être à Massada pour l'ouverture du téléphérique.
J'allais traverser l'avenue King David lorsqu'un jeune garçon arabe d'une dizaine d'années se posta à côté de moi pour attendre que le feu passe au rouge et arrête les voitures encore nombreuses malgré l'heure tardive.je le regardai, un peu surpris par sa présence en pleine nuit dans ce quartier.
Alors que je posais les pieds sur la chaussée, le gosse en fit autant, prenant soin de rester à ma hauteur. Nous étions au milieu de la rue quand il me dit avec une gravité d'huissier :
- L'homme qui vous a offert deux cafés vous attend dans une demi-heure à
l'entrée du parc du monastère Haceldarna.
- Hé!
- ¿ l'entrée du parc du monastère Haceldama, répéta le garçon avant de filer telle une flèche et de disparaître dans l'obscurité.
E ne m'était pas difficile d'identifier le lieu de rendez-vous. Le monastère surplombait le bas de la vallée ben Hinnom, à l'est de la gare ferroviaire et en plein quartier arabe. je réfléchis quelques minutes, songeant à la mise en garde de Doron. Elle me paraissait excessive en la circonstance. J'avais encore dans
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l'oreille la leçon du rabbin qui pouvait se résumer par cette ii*onction : prenez vos responsabilités!
L'homme du Hamas ne m'avait pas demandé autre chose.
J'arrêtai un taxi devant le King David et moins d'un quart d'heure plus tard j'attendais sous les deux lampadaires éclairant chichement l'entrée du parc. En avance, je déambulai un instant à la lisière de leurs halos, les yeux rivés sur la rue. Mais Saleh arriva de l'intérieur du parc. Nous nous rejoignîmes dans l'ombre. Avec une sorte de timidité, il me tendit la main.
J'hésitai à mon tour., mais nos paumes finirent par se
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