Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon
aggravée par des querelles religieuses liées à l'atta≠chement de nombreux Goths à
l'arianisme. Arius (v. 256-336) avait soutenu une doctrine selon laquelle, dans la Trinité, le Fils n'était pas consubstantiel au Père, la création étant l'úuvre du Père et les créatures celle du Fils. C'était le Père qui avait conféré au Fils la majesté divine. Cela revenait à placer le Fils-Verbe dans une position inférieure à celle du Père-Créateur. Cette dispute théologique atteignit son paroxysme quand, à la fin du vie siècle, l'…glise wisigothique se rallia au catholicisme. Des comtes attachés à l'aria≠nisme conduisirent à Narbonne une révolte qui fut matée par les Francs auxquels il avait été fait appel. Malgré cela, l'arianisme persista jusqu'à la fin du siè≠cle et réapparut par la suite sous différentes formes. Cependant, l'…glise wisigothique, réconciliée avec Rome, put accroître encore son influence, conférant à l'évêque métropolitain de Narbonne une importance religieuse soutenue par des revenus copieux.
Le royaume wisigothique, affaibli, eut à combattre pendant le vif siècle des révoltes dont il vint à bout avec peine. Il s'effondra au début du suivant sous les coups des Sarrasins qui s'emparèrent de Narbonne en 719.
Après une conquête non exempte de massacres et de pillages, ceux-ci, tout en se réservant les hautes fonc≠tions civiles et militaires, appliquèrent à
la Narbon≠naise les principes qui réglaient toutes leurs acquisi≠tions : aux chrétiens et aux Juifs, considérés comme faisant partie du " peuple du Livre ", était accordé le statut de dhimmî, protégé, qui leur permettait, moyen≠nant le paiement d'un impôt spécial, la djizya, de pour≠suivre toutes leurs activités. Ils devaient toutefois reconnaître la supériorité de l'Islam.
Plus que par les conquérants, peu nombreux en défi≠nitive, la composition de la population fut modifiée par l'afflux de Wisigoths, quittant l'Espagne entièrement aux mains des Sarrasins, pour venir vivre dans cette région de Gothie o˘ leurs frères de race continuaient à disposer de pouvoirs importants quoique aux ordres du wali, gouverneur musulman.
Les dissensions des dirigeants berbères favorisèrent à la longue les opérations de reconquête menées par les Aquitains et les Francs. Pépin le Bref, en s'emparant en 759 de Narbonne, avec l'aide des Goths qui avaient renforcé leurs positions sur place, mit fin à quarante années d'occupation.
Certes les musulmans n'avaient pas renoncé à cette possession, mais, après que l'émir de Cordoue, à la tête d'une armée sarrasine, eut, en 793, ravagé
toute la région jusqu'à Toulouse, sans pou≠voir s'emparer de Narbonne, les entreprises isla≠miques, par la suite, s'apparentèrent plutôt à des raz≠zias. D'autant que la conquête du nord-est de la péninsule Ibérique, et en particulier de Barcelone, à la fin du VIIIe siècle et au début du IXe, par les armées de Charlemagne permit d'écarter de la Septimanie toute menace directe, en imposant cependant une surveil≠lance vigilante à la nouvelle frontière méridionale de l'empire.
L'ancienne Narbonnaise reconstituée par Pépin le Bref, toujours sous le nom de Septimanie, fut rattachée par la suite au royaume d'Aquitaine, sans être grave≠ment atteinte par la violente guerre qui opposa pendant des années les Francs et les Aquitains. En fait, les cir≠constances contribuèrent à
rendre ce rattachement assez formel, le véritable pouvoir étant exercé par les comtes en chaque " pays " et surtout par les évêques, lesquels, sous le joug des Sarrasins, avaient joué un rôle de premier plan pour le maintien du christianisme et la défense des chrétiens, notamment les Goths.
La vie religieuse de la Septimanie fut par la suite longuement troublée par la querelle de " l'adoptia-nisme ". L'évêque Félix d'Urgel répandit, non sans succès, une doctrine inspirée par l'arianisme ainsi que par l'hérésie défendue par Nestorius, patriarche de Constantinople de 428 à 431, doctrine selon laquelle le Christ n'était pas né " fils de Dieu ", mais l'étaST
devenu au moment de son baptême, par adoption du Père. Cette thèse, en s'attaquant aux fondements du dogme trinitaire, révélait une influence de l'Islam.
Charlemagne, qui entendait régenter aussi tout ce qui avait trait à la foi, entreprit de faire combattre avec force cette hérésie qui lui était apparue
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