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Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812

Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812

Titel: Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre De Lacretelle
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cerveau.
Quant aux trois tantes, elles jouèrent un rôle assez effacé dans l'existence du poète. L'aînée, Sophie, connue dans la famille sous le nom de Mlle de Montceau, demeura toute sa vie faible d'esprit et vécut à Milly des jours sans histoire entre son frère et sa belle-sœur : «Je dois la regarder comme mon sixième enfant», dira d'elle Mme de Lamartine, qui fit preuve à son égard d'un patient dévouement. La cadette, Suzanne, Mme du Villard, habitait la petite propriété de Péroné. Dans sa jeunesse elle avait été élevée au chapitre de Salles et en avait gardé le titre de chanoinesse-comtesse. C'est là que la Révolution vint la surprendre pour la relever malgré elle de ses vœux. Son cœur était inépuisable, comme sa bourse, et bien souvent on la verra venir à l'aide du prodigue neveu. D'après Mme de Lamartine qui lui avait voué une profonde reconnaissance d'avoir facilité jadis son mariage, elle était de bon conseil, très bonne et très pieuse, mais d'une nature assez difficile. Pour Lamartine, qu'elle tira souvent un peu vivement de ses rêveries, elle avait un caractère «plus impétueux qu'une bourrasque».
    La dernière, Charlotte, Mlle de Lamartine, avait uni sa vie à celle de son frère aîné ; c'était une pâle et mystique créature, qu'un amour malheureux avait attristée pour toujours. L'hiver, on se réunissait à Mâcon dans son vieux salon démodé, avec quelques parents et voisins ; c'étaient ces fameuses soirées où Lamartine avouait plus tard avoir failli périr d'ennui et qui, selon son énergique expression, «auraient fait croupir l'eau même des cascades des Alpes». Les trois vieilles filles moururent, Sophie en 1819, Charlotte en 1823, Mme du Villard en 1842, celle-ci n'ayant jamais pardonné à son neveu la politique d'opposition qu'il menait contre les d'Orléans à qui, disait-elle, leur famille devait tant.
Le plus jeune des fils de Louis-François était Pierre Lamartine, le chevalier de Pratz. On lui avait donné ce titre dans sa jeunesse, pour le distinguer de son frère aîné et, à Mâcon, il n'était guère connu que sous le nom de M. de Pratz. De là l'erreur si commune que le nom véritable du poète était de Pratz et non de Lamartine.
Nous sommes malheureusement très peu renseignés sur lui. À travers même le journal de sa femme qui l'adore, il apparaît presque au second plan, se reposant sur elle de tous les soins du ménage et des tracas quotidiens, heureux, semble-t-il, d'avoir abdiqué entre les mains de son frère ses droits de chef de famille avec leurs responsabilités. Dans les Confidences, son fils en a parlé de façon respectueuse mais quelque peu vague ; le portrait, d'allure militaire, est joliment campé, mais n'est pas tout à fait d'accord avec ce que nous savons de lui. Ce qu'il en a dit de plus juste est qu'il fut «le modèle parfait du gentilhomme de province, père de famille, chasseur, cultivateur».
    De même, quelqu'un qui l'a beaucoup connu, écrit qu'il était «le type parfait de l'ancien gentilhomme ; très aimé de sa femme, qui le craignait un peu ; il lui survécut et la regretta jusqu'à son dernier jour [Mme Delahante.]».
Comme il était extrêmement aimé et respecté dans la région pour sa droiture, on avait voulu souvent le diriger vers la politique, mais il s'en gardait, paraît-il, comme de la source de tous les maux. Il consentit seulement à accepter un siège de conseiller général, qu'il occupa de 1803 à 1813. Pour le reste, ses scrupules monarchistes ne lui permirent jamais de passer outre, et sa femme a rapporté à ce sujet l'anecdote suivante qui date de 1809.
Vivant-Denon, l'orientaliste qui avait suivi Bonaparte en Égypte, se trouvait alors à Mâcon où il présidait le collège électoral. Il était lié avec François-Louis et, au cours d'une visite qu'il lui fit, il rencontra le chevalier de Pratz. «Il traita mon mari avec beaucoup de distinction, ajoute Mme de Lamartine ; il en a fait le premier scrutateur et, s'il avait voulu, l'aurait sûrement fait nommer législateur. Mais il craint, s'il accepte cette place, de se trouver dans des circonstances délicates où la conscience et la fortune ne pourraient peut-être pas s'accorder. Il aime mieux ne pas s'exposer à cette tentation, ce qui est assurément très sage.»
Jusqu'à trente-huit ans, il avait servi dans l'armée ; après son mariage, il se retira à Milly dont il ne bougea plus jusqu'à sa mort, si ce n'est

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