Les panzers de la mort
parvinrent à grand-peine à maîtriser Stege, demi-fou, et lui arrachèrent sa victime, très mal en point. Dans le tumulte la voix de Paust hurlait : – Tenez-vous tranquilles, tas d’idiots ! mais elle n’atteignait personne.
A la caserne, nous sautâmes de la voiture avec une indifférence feinte.
– Le commando a quartier libre pour la journée, mais que fusils et cuirs soient nettoyés d’abord.
Nous passâmes en nous dandinant, devant les recrues curieuses et apeurées qui revenaient du réfectoire. A la chambrée, Bauer s’écria :
– On se retrouve au Chat Noir ?
Porta vira sur ses talons et lança son fusil à la tête de Bauer en vociférant :
– Fais ce que tu veux, dégueulasse : Couche avec ton Chat Noir, mais fous-nous la paix !
Bauer évita de justesse le fusil : – Oh ! Ricana un gefreiter, y en a qui ont leurs nerfs !
Ç’en était un de la 2 e section. Pluto lui balança son poing dans la figure.
– Et y en a un qui a un œil au beurre noir, hein ?
– Le service religieux en campagne ? Cria Porta très irrévérencieusement, ça me connait !
Et vous allez voir pourquoi !
COMMENT PORTA DEVINT POPE
NOUS étions dans la salle d’armes en train de jouer au dix-sept quatre. Porta, le seul à qui avait souri la chance, entassait devant lui une somme respectable. Le maître d’armes Hauser, lui, avait perdu près de 200 marks et soudain en eut assez.
– J’en ai marre amène, la bouteille dit-il de fort mauvaise humeur.
Pluto lui tendit un litre dont l’étiquette portait « pétrole » mais dont le contenu était un mélange de cognac et de vodka. Hauser la passa à Porta qui le fit ensuite circuler à la ronde.
Des rots sonores résonnèrent, au milieu des armes bien alignées dans les râteliers et luisantes d’une épaisse couche de graisse.
– Cette poule maigre avec qui tu étais hier soir, demanda Stege à Bauer, où l’as-tu dégottée ? C’est pas la femme au hauptfeldwebel Schröder ? Ce derrière qui se tortille, ça y ressemble bien. S’il l’apprend, j’aime mieux ne pas être à ta place !
Bauer se renversa en arrière et éclata de Rire :
– Comme ce gros porc roule en ce moment, en wagon à bestiaux entre Varsovie et Kiew, Il n’y a pas de danger ! Ce n’est, pas parce que « Cul botté » l’a puni que sa femme doit écoper. C’est son anniversaire à cette femme. Il y a une fête et je vous invite ; on attaque à 21 heures. La veuve temporaire nous refilera tout l’alcool du vieux et Dieu sait s’il en a mis à gauche ! Elle dit qu’il n’en aura plus jamais besoin, vu qu’il est si gros qu’un Ivan, même aveugle, ne pourrait pas le rater !
– J’y étais à l’Etat-major, lorsque « Cul botté » en a eu après lui. Fallait voir ça ! Brandt et moi, on en crevait de rire. Il a été muté dans une compagnie de marche, de sorte que s’il ne ramasse pas un pruneau dès l’arrivée, Il sera en quinze jours, aussi maigre qu’un piquet de clôture.
– Pluto se mit à imiter von Weisshagen : – Alors, feldwebel, ne trouvez-vous pas que sur votre large poitrine Il y a place pour des décorations ? – Oui colonel, Criait l’imbécile qui en faisait dans sa culotte. – Parfait, continuait « Cul botté », en le regardant derrière son monocle bien brillant, alors Il faut aller dans un endroit exposé. C’est pourquoi je vous ai muté au 104 e tirailleurs qui vous appréciera autant que nous l’avons fait, jusqu’au jour où nous avons eu le regret de voir que vous confondiez loisirs et service. – Fallait voir comme l’animal a passé la porte ! Il a dû en dégueuler.
– Porta, raconte-nous une histoire, demanda Alte, mais une qui ait du sel !
– Je vois c’que tu veux, mécréant, mais aujourd’hui c’est dimanche, donc je vais vous dire une histoire édifiante, mes enfants. Vous allez voir comment je suis devenu aumônier, c’est-à-dire pope, qu’ils appellent ça, les Russes.
Il leva une jambe et lâcha quelques énormes pets :
– Humez les copains. Donc, c’était au temps où nous faisions la guerre au Caucase, vers Maikop et Tuapse, le jour où Ivan s’est si bien foutu de nous avec le truc des arbres !
– Quelle affaire ! dit Stege. Tu te souviens comme les plus gros « bull-dogs » se fracassaient contre les acajous abattus ?
– Dis donc, interrompit Porta, c’est moi ou c’est toi qui raconte ? Donc, je continue : après
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