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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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s’approcha de la
sentinelle, mais l’homme recula d’un pas. William ne voulait pas qu’il recule
trop loin, car s’il n’était plus sous l’arche, toutes les sentinelles postées
sur les remparts pourraient le voir.
    « Le
comte est à la chapelle, annonça le soldat.
    — Eh
bien, nous attendrons. » Il fallait tuer ce garde vite et discrètement,
mais William ne savait pas comment s’en approcher suffisamment. Il jeta un coup
d’œil interrogateur à Walter, mais celui-ci attendait patiemment.
    « Il
y a du feu dans le donjon, dit le garde. Entrez vous réchauffer. » William
hésita et le garde commença à prendre un air méfiant. « Qu’est-ce que vous
attendez ? » dit-il avec un soupçon d’irritation.
    William
cherchait désespérément une explication. « Est-ce que nous pouvons avoir
quelque chose à manger ? dit-il enfin.
    — Pas
avant la fin de la messe, répondit la sentinelle. Alors on servira le déjeuner
dans le donjon. »
    William
s’aperçut que Walter s’était glissé imperceptiblement sur le côté. Que le garde
se tourne seulement un peu et Walter pourrait passer derrière lui. William fit
quelques pas nonchalants dans la direction opposée, dépassant la sentinelle et
lança : « Je ne suis guère impressionné par l’hospitalité de votre
comte. » La sentinelle se tournait vers lui. William ajouta :
« Nous venons de loin… »
    Là-dessus,
Walter attaqua.
    Il avança
derrière la sentinelle et passa les bras par-dessus les épaules de l’homme. De
la main gauche, il renversa sa tête en arrière et, du couteau qu’il tenait dans
sa main droite, il lui trancha la gorge. William poussa un soupir de
soulagement. Le tout n’avait duré qu’un instant.
    A eux
deux, William et Walter avaient tué trois hommes en quelques instants. William
éprouva un grisant sentiment de puissance. Personne ne rira plus de moi !
songea-t-il.
    Walter
traîna le corps dans le poste de garde. Il était conçu exactement comme le
premier, avec un escalier en colimaçon menant à la salle du treuil. William s’y
engagea, suivi de Walter.
    William
n’avait pas fait de reconnaissance dans la salle quand il était venu au château
la veille. De toute manière, il aurait été difficile de concevoir un prétexte
plausible. Il supposait qu’il existait un treuil, ou du moins une roue avec une
poignée pour actionner le pont-levis ; mais, il le constatait maintenant,
le système de levage se réduisait à une corde et un cabestan. La seule façon de
remonter le pont-levis, c’était de tirer sur la corde. William et Walter s’en
emparèrent et halèrent ensemble, mais le pont ne grinça même pas. Il aurait
fallu dix hommes.
    William
demeura un instant perplexe. L’autre pont-levis, celui qui donnait accès à
l’entrée du château fort, avait une grande roue. Celui-là, Walter et lui
auraient pu le lever. Puis il comprit que le pont-levis extérieur devait être
remonté chaque nuit alors que celui-ci n’était relevé qu’en cas de danger. De
toute façon, il était inutile de s’attarder là-dessus. La question était de
savoir ce qu’il fallait faire maintenant. S’il ne parvenait pas à remonter le
pont-levis, il pouvait au moins fermer les portes, ce qui assurément
retarderait le comte.
    Il
redescendit précipitamment l’escalier, Walter sur ses talons. En bas, il eut un
choc. Tout le monde, apparemment, n’était pas à la messe. Une femme et un
enfant sortaient du poste de garde.
    William
hésita. Il reconnut aussitôt la femme. C’était la compagne du bâtisseur, celle
qu’il avait essayé d’acheter la veille pour une livre. Elle le vit aussi et ses
yeux couleur de miel au regard pénétrant le fixèrent aussitôt. William
n’envisagea même pas de prétendre n’être qu’un innocent visiteur attendant le
comte : il savait qu’elle ne se laisserait pas tromper. Il fallait
l’empêcher de donner l’alarme. Et la seule façon, c’était de la tuer, vite et
en silence, comme pour les sentinelles.
    Le regard
de la femme à qui rien n’échappait lut sur le visage de William ses intentions.
Elle saisit la main de son enfant et tourna les talons. William se jeta sur
elle, mais elle était trop vive pour lui. Elle s’enfuit en direction du donjon,
poursuivie par William et Walter.
    Elle était
très légère et eux portaient une cotte de mailles et un pesant équipement. Elle
parvint à l’escalier qui menait à la grande salle. Elle se mit à monter

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