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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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grimpa quatre à quatre les marches de l’escalier en
spirale qui menait à la tour du corps de garde. A l’étage supérieur se trouvait
la chambre du treuil d’où l’on remontait le pont-levis. Avec son épée, William
s’attaqua à l’épais cordage. Deux coups suffirent à le trancher. William lâcha
le bout libre par la fenêtre. Il tomba sur la berge et glissa doucement dans la
douve, sans éclaboussure. On ne pouvait désormais plus relever le pont-levis
quand Père attaquerait avec ses hommes. C’était une des idées qui leur était
venue la nuit dernière.
    Raymond et
Ranulf arrivèrent juste au moment où William atteignait le bas de l’escalier.
Leur première tâche fut de briser les énormes portes de chêne renforcées par
des plaques de fer qui condamnaient l’accès du pont. Ils prirent chacun un
maillet et un ciseau et commencèrent à entailler le mortier entourant les
puissants gonds. Le choc du maillet sur le ciseau faisait un bruit sourd que
William trouvait très fort.
    William
traîna rapidement les corps des deux sentinelles dans le poste de garde. Comme
tout le monde était à la messe, il y avait de fortes chances pour qu’on ne les
découvre pas trop tôt.
    Il reprit
les rênes de son cheval à Walter et tous deux passèrent sous l’arche avant de
traverser l’enceinte pour se diriger vers l’écurie. William s’imposait un pas
normal et sans hâte, tout en jetant de subreptices coups d’œil aux sentinelles
postées sur les tours de guet. L’une d’elles avait-elle vu la corde du
pont-levis tomber dans la douve ? Certains des soldats regardaient William
et Walter mais ils ne semblaient pas émus, et le martèlement, qui s’atténuait
déjà aux oreilles de William, devait être inaudible du haut des tours. Le jeune
homme soupira : le plan fonctionnait.
    Une fois à
l’intérieur des écuries, ils enroulèrent les rênes de leurs chevaux autour
d’une barre sans les nouer pour que les bêtes puissent s’échapper. Walter prit
alors une pierre à feu et fit jaillir une étincelle, mettant le feu à la paille
qui tapissait le sol. Bien qu’humide et souillée par endroits, elle commença à
se consumer. Walter alluma trois autres foyers et William l’imita. Les chevaux
flairèrent la fumée et commencèrent à s’agiter dans les stalles. L’incendie
progressait. Le plan d’attaque aussi.
    Walter et
William sortirent de l’écurie. Devant le corps de garde, cachés sous l’arche,
Raymond et Ranulf s’acharnaient toujours sur le mortier autour des gonds.
William et Walter se dirigèrent vers la cuisine, pour donner l’impression
qu’ils allaient chercher quelque chose à manger, ce qui serait naturel. Il n’y
avait personne dans l’enceinte : tout le monde était à la messe. Jetant un
bref coup d’œil aux créneaux, William observa que les sentinelles ne
regardaient pas vers le château, mais vers les champs comme évidemment c’était
leur consigne. William s’attendait néanmoins à voir à tout moment quelqu’un
sortir d’un des bâtiments et les interpeller ; il leur faudrait alors tuer
l’importun sur place, à découvert, et si quelqu’un les surprenait, la partie
était perdue.
    Ils
contournèrent la cuisine et se dirigèrent vers le pont. En passant devant la
chapelle, ils entendirent les rumeurs assourdies du service. Le comte
Bartholomew était là, ne se doutant de rien, se dit William avec un
frisson ; il ne sait pas le moins du monde qu’il y a une armée à moins
d’une demi-lieue d’ici, que quatre ennemis sont déjà à l’intérieur de sa place
forte et que ses écuries sont en feu. Aliena était dans la chapelle, elle
aussi, agenouillée, en prière : bientôt, songea William, elle
s’agenouillera devant moi. Il sentit le sang lui monter à la tête.
    Ils
parvinrent à la passerelle et s’y engagèrent. Ils s’étaient assurés que le
premier pont demeurait baissé en coupant les cordes permettant de le relever et
en démolissant la porte pour permettre à leur armée de pénétrer. Mais le comte
pouvait encore s’enfuir par la passerelle et se réfugier en haut. La tâche
suivante de William était d’empêcher cela en relevant le pont-levis pour rendre
ce second passage impossible à franchir. Le comte serait isolé et vulnérable.
    Ils
arrivèrent au second corps de garde et une sentinelle sortit du poste.
« Vous êtes bien matinaux, dit l’homme.
    — Nous
sommes convoqués chez le comte, dit William. » Il

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