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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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plaisir que Tom le bâtisseur savait exactement comment bâtir la
nouvelle cathédrale. Une fois de plus, il remercia le ciel de lui avoir envoyé
le maçon. Cet homme était surprenant par bien des aspects. Il savait à peine
lire ou écrire, mais il pouvait concevoir une cathédrale, tracer des plans,
calculer le nombre d’hommes et le temps qu’il faudrait pour la bâtir, plus
estimer aussi ce que coûterait l’entreprise. Il ne parlait guère, mais il avait
une stature redoutable. Il était très grand, avec un visage boucané et barbu,
l’œil vif et le front haut. Mais il était très sérieux et ne se doutait pas le
moins du monde des réactions de Philip à son égard. La touchante conversation à
propos de sa femme avait révélé une piété qui jusqu’alors n’était pas
apparente. Tom était de ces gens qui gardent leur religion au fond du cœur. Ce
sont parfois les meilleurs.
    En
approchant d’Earlscastle, Philip se sentait de plus en plus mal à l’aise. Ce
château autrefois prospère, qui défendait la campagne alentour, employait et
nourrissait un grand nombre de gens, n’était plus aujourd’hui que ruines et les
taudis qui s’entassaient alentour semblaient aussi abandonnés que les nids
vides des branches dépouillées d’un arbre en hiver. Philip se sentait
responsable. Il avait dénoncé le complot qui se préparait ici et il avait amené
la colère de Dieu, sous la forme de Percy Hamleigh, sur le château et ses
habitants.
    Les murs
et le poste de garde n’avaient pas été gravement endommagés dans les combats,
observa-t-il. Les attaquants étaient sans doute à l’intérieur avant qu’on eût
pu fermer les portes. Il passa le pont de bois à cheval et entra dans la
première des deux enceintes. Là, les traces de bataille étaient plus
marquées : à part la chapelle de pierre, il ne restait des bâtiments du
château que quelques souches de bois calcinées et un petit tourbillon de
cendres que le vent soufflait au pied de la muraille. Pas trace de l’évêque.
Philip traversa la cour, passa le pont à l’autre extrémité et pénétra dans
l’enceinte supérieure. Là se dressait un donjon de pierre massif, flanqué d’un
escalier de bois branlant qui menait à son entrée au premier étage. Philip
contempla le formidable ouvrage avec ses terribles meurtrières : si
puissant qu’il fût, il n’avait pas protégé le comte Bartholomew.
    De ces
fenêtres, il verrait au-delà des murs du château et guetterait l’arrivée de
l’évêque. Il attacha son cheval à la rampe de l’escalier et gravit les marches.
La porte glissa sur ses gonds. La grande salle était sombre et poussiéreuse et
le sol couvert de joncs secs comme de vieux ossements. On apercevait une énorme
cheminée froide et un escalier en spirale menant à l’étage. Philip s’approcha
d’une fenêtre. La poussière le fit éternuer. De là, il ne voyait pas
grand-chose, aussi décida-t-il de monter à l’étage suivant.
    Arrivé en
haut de l’escalier en spirale, il se trouva face à deux portes. La plus petite
devait conduire aux latrines, la plus grande à la chambre du comte. Ce fut
celle qu’il ouvrit. La pièce n’était pas vide. Philip s’arrêta net, pétrifié.
Au milieu de la chambre, tournée vers lui, se tenait une jeune femme d’une
extraordinaire beauté. Un moment il crut à une vision et son cœur se mit à
battre plus vite. Son visage énigmatique était encadré de boucles brunes. Elle
le dévisageait de ses grands yeux sombres et il s’aperçut qu’elle était aussi
surprise que lui. Il se détendit et s’apprêtait à faire un pas de plus dans la
pièce lorsqu’on le saisit par-derrière. Il sentit la froide lame d’un poignard sur
sa gorge, tandis qu’une voix d’homme demandait : « Qui diable
êtes-vous ? »
    La jeune
fille s’approcha de lui. « Dites votre nom, ou Matthew va vous
tuer », ajouta-t-elle d’un ton impérieux.
    Ses
manières montraient qu’elle était de noble naissance, mais les nobles n’avaient
pas à menacer les moines.
    « Dites
à Matthew de ne pas toucher au prieur de Kings-bridge ou il pourrait lui en
cuire », dit calmement Philip.
    On le
relâcha. Par-dessus son épaule, il aperçut un homme frêle, à peu près de son
âge.
    Son regard
revint à la jeune fille. Elle paraissait avoir environ dix-sept ans. Malgré ses
manières hautaines, elle était pauvrement vêtue. Soudain, un coffre placé
contre le mur derrière elle

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