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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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deviné que les
chevaux n’étaient pas les leurs ? Ou avait-il quelque motif
malhonnête ?
    « Aliena,
pourquoi a-t-il fait ça ? gémit Richard.
    — Je
n’en sais rien », dit-elle d’un ton las. Elle n’avait plus l’énergie de se
mettre en colère. Elle tenta de pousser la porte, qui ne bougea pas. Le garde
avait dû poser le tonneau contre le battant. Elle tâta dans le noir les murs de
la grange. Elle devina le bas du toit. Le bâtiment était construit en madriers
plantés les uns contre les autres – une construction soignée. Peut-être
était-ce le cachot du garde, où il enfermait les délinquants avant de les
conduire au prévôt. « Impossible de sortir », annonça-t-elle. Elle
s’assit. Le sol était sec, couvert de paille. « Nous sommes coincés ici
jusqu’à ce qu’il nous ouvre », dit-elle d’un ton résigné. Richard vint
s’asseoir à côté d’elle. Au bout d’un moment, ils s’allongèrent dos à dos.
Aliena avait l’impression d’être trop meurtrie, trop effrayée, trop crispée
pour s’endormir, mais elle tombait d’épuisement et, sans même s’en rendre
compte, elle glissa dans un sommeil réparateur.
    La porte
qui s’ouvrit la réveilla, ainsi que la lumière du jour sur son visage. Elle se
redressa aussitôt, effrayée, ne sachant plus où elle était ni pourquoi elle
dormait à même le sol. Puis tout lui revint et la frayeur l’envahit de
nouveau : que voulait le garde, au juste ? Mais ce n’était pas lui
qui entrait ; la femme, bien qu’aussi grognon que la veille, apportait un morceau
de pain et deux coupes.
    Richard se
redressa à son tour. Sans rien dire, elle leur tendit à chacun une coupe et la
moitié du pain. Aliena se rendit compte alors qu’elle était affamée. Elle
trempa son pain dans sa bière et se mit à manger.
    Plantée sur
le seuil, la femme les regardait manger. Puis elle tendit à Aliena ce qui avait
l’air d’un bout de toile usé et jauni. Aliena le déplia : c’était une
vieille robe.
    « Mettez
ça et allez-vous-en d’ici », dit-elle. Aliena, intriguée par ce mélange de
bonté et de hargne, n’hésita pas à prendre la robe. Le dos tourné, elle ôta son
manteau pour passer rapidement la robe par-dessus sa tête. Elle se sentait
mieux.
    La femme
lui tendit une paire de vieux sabots de bois trop grands.
    « Je
ne peux pas monter à cheval avec des sabots », dit Aliena.
    La femme
eut un rire rauque. « Vous n’allez pas monter à cheval.
    — Pourquoi ?
    — Il
a pris vos montures. »
    Aliena
sentit son cœur se serrer. C’était trop injuste ! La malchance s’acharnait
sur eux. « Où les a-t-il emmenés ?
    — Il
ne me dit pas ces choses-là, mais à mon avis il est allé à Shiring. Il va
vendre les bêtes, puis tâcher de savoir s’il y a davantage à gagner avec vous
que le prix de vos chevaux.
    — Alors
pourquoi nous laissez-vous partir ? »
    La femme
toisa Aliena de la tête aux pieds. « Parce que je n’ai pas aimé la façon
dont il vous a regardée quand il a su que vous étiez nue sous votre manteau.
Vous ne comprenez peut-être pas ça maintenant, mais vous verrez plus
tard. »
    Aliena
comprenait trop bien, mais elle ne répliqua pas.
    « Il
ne va pas vous tuer, dit Richard, en découvrant que vous nous avez laissés
partir ? »
    Elle eut
un sourire cynique. « Il ne me fait pas peur, à moi. Maintenant
filez. »
    Ils
sortirent. Malgré son mariage avec un homme brutal et sans cour, cette femme
avait réussi à conserver un minimum de décence et de compassion. « Merci
pour la robe », fit Aliena gauchement.
    La femme
ne voulait pas de ses remerciements. Elle leur montra leur chemin :
« Winchester, c’est par là. »
    Ils
s’éloignèrent sans regarder derrière eux.
    Aliena
n’avait jamais porté de sabots : les gens de sa classe avaient toujours
des bottes de cuir ou des sandales. Lourds et inconfortables, ils pouvaient au
moins l’isoler du sol glacé.
    Ils
marchaient un temps en silence, puis Richard demanda : « Pourquoi ces
choses-là nous arrivent-elles à nous ? »
    La
question découragea Aliena. Le monde était si cruel ! On les battait, on
les dépouillait. Plus personne ne les protégeait. Nous avons été trop
confiants, se dit-elle. Ils avaient vécu trois mois au château sans même barrer
les portes ! Elle résolut désormais de ne se fier à personne.
    « Marchons
plus vite, dit-elle à Richard. Nous arriverons peut-être à Winchester

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