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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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advenu de leur père.
    Elle
réprima un sanglot : « Oh ! Père, à quel moment s’était-il
trompé ? »
    Depuis la
mort de sa mère, son père s’était spécialement occupé d’elle, consacrant plus
de temps que d’autres pères à leurs filles. Au fond, il se sentait coupable de
ne pas s’être marié, de ne pas lui avoir donné une nouvelle mère même s’il
s’affirmait plus heureux avec le souvenir de sa mère qu’il ne pourrait l’être
avec une autre femme.
    Ces
temps-là étaient finis.
    « Où
va-t-on ? répéta Richard.
    — A
Winchester. Voir le roi. »
    Richard
applaudit. « Oui ! Et quand nous raconterons ce que William et son
valet ont fait la nuit dernière, le roi va sûrement… »
    Une
bouffée de rage irrésistible envahit le cœur d’Aliena.
« Tais-toi ! » cria-t-elle. Les chevaux tressaillirent. Elle
tira violemment sur les rênes. « Ne parle jamais de ça ! » Elle
étouffait de fureur. « Nous ne dirons à personne ce qu’ils ont fait – à
personne ! Jamais ! Jamais ! Jamais ! »
    Les
sacoches du valet contenaient un gros morceau de fromage bien dur, un reste de
vin dans sa gourde, une pierre à feu, du petit bois, et une livre ou deux de
graines mélangées qu’Aliena pensa destinées aux chevaux. Richard et elle
mangèrent le fromage et burent le vin à midi tandis que les chevaux broutaient
l’herbe rare et s’abreuvaient à un ruisseau clair. Elle ne saignait plus, mais
elle avait le ventre endolori.
    Ils
avaient croisé d’autres voyageurs, auxquels, sur l’ordre d’Aliena, ils
n’adressèrent pas la parole. Au premier regard, ils formaient un couple
redoutable, Richard notamment, haut sur son cheval, avec son épée. Mais
quelques paroles de conversation révéleraient qu’ils n’étaient que deux gosses
abandonnés, donc vulnérables. Mieux valait éviter les risques.
    Comme le
jour commençait à tomber, ils cherchèrent un endroit où passer la nuit. Ils
trouvèrent une clairière à une cinquantaine de toises de la route. Aliena donna
du grain aux chevaux, tandis que Richard faisait un feu. S’ils avaient eu une
marmite, ils auraient pu préparer du porridge avec l’avoine des chevaux. Mais
ils durent se contenter de mâchonner des graines crues en attendant de trouver
des marrons et de les faire rôtir.
    Alors
qu’elle réfléchissait, seule car Richard était allé ramasser du bois, une voix
grave tout près d’elle la fit bondir de terreur. « Qui êtes-vous, jeune
fille ? » Elle poussa un hurlement. Le cheval recula, effrayé. Aliena
se retourna. Un homme sale et barbu, tout vêtu de cuir marron, s’approchait
d’elle. « Ne me touchez pas ! cria-t-elle.
    — Pas
la peine d’avoir peur », dit-il.
    Richard
débouchait dans la clairière derrière l’étranger, les bras chargés de bois. Il
s’arrêta, pétrifié. Tire ton épée songea Aliena, mais il était trop affolé pour
agir. Elle recula, essayant de mettre le cheval entre elle et l’inconnu.
« Nous n’avons pas d’argent, dit-elle. Nous n’avons rien.
    — Je
suis garde forestier du roi », dit-il.
    Aliena
faillit s’évanouir. Un garde forestier était un serviteur royal payé pour faire
respecter la loi dans la forêt. « Pourquoi ne l’avez-vous pas dit tout de
suite, idiot ? cria-t-elle, furieuse maintenant. Je vous ai pris pour un
hors-la-loi ! »
    Stupéfait
et quelque peu vexé, comme si elle l’avait insulté, il se contenta de
remarquer : « Alors, vous devez être une dame de haute naissance.
    — Je
suis la fille du comte de Shiring.
    — Le
garçon est son fils, alors », dit le garde, qui s’était aperçu de la
présence de Richard.
    Celui-ci
s’avança et laissa tomber son chargement. « C’est exact, dit-il. Quel est
votre nom ?
    — Brian.
Vous comptez passer la nuit ici ?
    — Oui.
    — Tout
seul ?
    — Oui. »
Aliena se doutait de son étonnement, mais elle n’entendait pas donner la
moindre explication.
    — Et
vous n’avez pas d’argent, dites-vous ? »
    Aliena le
toisa d’un air sévère. « Vous doutez de ma parole ?
    — Oh
non ! Je sais que vous êtes une noble rien qu’à vos manières. » Y
aurait-il dans sa voix une nuance d’ironie ? « Si vous êtes seuls et
sans le sou, continua-t-il, peut-être préféreriez-vous passer la nuit chez moi,
ce n’est pas loin. »
    Aliena
n’avait aucunement l’intention de se mettre à la merci de cette brute. Elle
allait refuser lorsqu’il

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