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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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de travailler. »
    Aliena
bouillait de rage. On se moquait d’elle alors qu’elle ne demandait qu’à gagner
honnêtement un penny. Le maître s’offrait une petite récréation à leurs dépens,
mais jamais il ne l’emploierait, pas plus que Richard. « Merci de votre
courtoisie », dit-elle d’un ton narquois, puis elle tourna les talons et
s’éloigna.
    Richard
s’en voulait horriblement. « C’était lourd parce que c’était trempé !
dit-il. Je ne m’attendais pas à ça. »
    Aliena se
força à rester gaie pour maintenir le moral de Richard. « Il n’y a pas que
ce travail-là, dit-elle en avançant dans la rue boueuse.
    — Que
pourrions-nous faire d’autre ? »
    Elle ne
répondit pas tout de suite. Ils atteignaient le quartier des maisons les plus
pauvres, plutôt des appentis, construits contre le mur. Faute d’arrière-cours,
la rue était très sale. Aliena sortit de ses réflexions. « Tu te rappelles,
Richard, que des filles venaient au château, parfois, quand il n’y avait plus
de place chez elles ? Père les acceptait toujours. Elles travaillaient aux
cuisines, à la blanchisserie ou à l’écurie et père leur donnait un penny pour
les fêtes.
    — Crois-tu
que nous pourrions vivre au château de Winchester ? dit Richard,
sceptique.
    — Non.
On ne prendra pas de domestiques pendant que le roi est absent. Mais il y a des
gens riches dans la ville. Certains ont peut-être besoin de serviteurs.
    — Ce
n’est pas un travail d’homme. »
    Aliena
faillit le rembarrer sèchement : Pourquoi ne trouves-tu pas des idées
toi-même, au lieu de critiquer tout ce que je dis ? Mais elle se mordit la
langue et expliqua : « Il suffit que l’un de nous travaille assez
pour gagner un penny, ensuite nous pourrons voir notre père et lui demander son
aide.
    — Très
bien. » Richard n’était pas hostile à l’idée que, des deux, Aliena se
charge de travailler.
    Ils
tournèrent à gauche et pénétrèrent dans le quartier de la ville qu’on appelait
la Juiverie. Aliena s’arrêta devant une grande maison. « Les propriétaires
doivent avoir des serviteurs, ici. »
    Richard se
montra scandalisé. « Tu ne travaillerais pas pour des Juifs ?
    — Pourquoi
pas ? On n’attrape pas l’hérésie des gens comme on attrape leurs puces, tu
sais. »
    Richard
hocha la tête, navré, et la suivit à l’intérieur.
    C’était
une construction de pierre qui, comme la plupart des maisons de la ville,
cachait derrière une façade étroite une grande profondeur : le hall
d’entrée traversait toute la largeur du bâtiment. Un feu brûlait et l’odeur de
la cuisine, pleine d’épices inconnues fit venir l’eau à la bouche d’Aliena. Une
jeune fille apparut du fond de la maison pour les accueillir. Elle avait la
peau brune, les yeux marron et elle s’adressa à eux avec respect.
    « Vous
voulez voir l’orfèvre ?
    — S’il
vous plaît, dit Aliena comme si elle savait de qui il s’agissait. La jeune
fille disparut et Aliena regarda autour d’elle. Naturellement, un orfèvre a
besoin d’une maison de pierre, pour protéger son or. La porte du fond était
faite de lourdes planches de chêne renforcées de fer. Les fenêtres étroites
n’auraient pas laissé passer même un enfant. Ce devait être bien inquiétant
d’avoir toute sa fortune en or ou en argent, tellement facile à voler en un
instant ! Le comte Bartholomew possédait une sorte de richesse plus
habituelle – des terres et un titre. N’empêche qu’il avait tout perdu en un
jour, lui aussi.
    L’orfèvre
entra. Un petit homme brun qui les dévisagea comme s’il examinait une pièce de
bijouterie pour en estimer la valeur avant de demander : « Vous avez
quelque chose à vendre ?
    — Vous
nous avez bien jugés, orfèvre, dit Aliena. Vous avez deviné que nous sommes des
gens bien nés soudain sans ressources. Mais nous n’avons rien à vendre. »
    L’homme
sembla s’inquiéter. « Si c’est un prêt que vous cherchez, je crains…
    — Nous
ne nous attendons pas à ce qu’on nous prête de l’argent, interrompit Aliena. De
même que nous n’avons rien à vendre, nous n’avons rien à mettre en gage. »
    L’orfèvre
parut soulagé. « Comment puis-je vous aider, alors ?
    — Voudriez-vous
me prendre comme servante ? »
    Il fit une
grimace horrifiée. « Une chrétienne ? Certainement pas ! »
dit-il en reculant instinctivement.
    Aliena ne
cacha pas sa déception.

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