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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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voyage.
    — Pas
de chevaux ? »
    — Pas
avec une livre !
    — Quand
même, nous pourrions t’acheter des bottes. »
    Elle
réfléchit. Les sabots la torturaient, mais le sol était trop froid pour marcher
pieds nus. Des bottes, toutefois, coûtaient cher et elle répugnait à dépenser
leur argent si vite. « Non, décida-t-elle. Je vivrai encore quelques jours
sans bottes. Pour l’instant, gardons l’argent. »
    Quoique
déçu, Richard s’inclina. « Si tu veux. Mais on va acheter des
provisions ?
    — Du
pain de son, du fromage et du vin.
    — Prenons
quelques tartes.
    — C’est
trop cher.
    — Oh ! »
Richard demeura un moment silencieux avant d’ajouter : « Tu es
vraiment d’une humeur de chien aujourd’hui, Alia.
    — Je
sais », fit-elle en soupirant. Elle pensa : pourquoi suis-je ainsi ?
Je devrais être fière. J’ai réussi à nous sortir du château, j’ai défendu mon
frère, j’ai retrouvé mon père, j’ai maintenant notre argent.
    Oui, mais
j’ai aussi plongé un couteau dans le ventre d’un gros homme que j’ai demandé à
mon frère de tuer, et j’ai approché un tison du visage d’un prêtre à qui j’ai
failli arracher les yeux.
    « C’est
à cause de père ? dit Richard gentiment.
    — Non,
pas du tout, répondit Aliena. C’est à cause de moi. »
    Aliena
regretta bientôt de ne pas avoir acheté des bottes.
    Sur la route
de Gloucester, elle porta les sabots jusqu’au moment où ils lui mirent les
pieds en sang, puis elle marcha pieds nus mais bientôt elle ne put supporter le
froid et elle chaussa de nouveau les sabots.
    La région
des collines était parsemée d’une multitude de petites fermes ; de pauvres
paysans cultivaient un arpent d’avoine ou de blé, élevaient quelques bêtes
décharnées. Aliena, lorsqu’elle pensa approcher de Huntleigh, s’arrêta à la
lisière d’un village pour aborder un paysan en train de tondre un mouton dans
une cour de ferme. Il avait bloqué la tête de la bête dans une sorte de carcan
en bois et il coupait la laine avec un couteau à longue lame. « Il est tôt
pour tondre », remarqua Aliena.
    Le paysan,
un jeune homme aux cheveux roux, lui sourit. Il avait les manches retroussées
sur des bras musclés. « Oui, mais j’ai besoin d’argent. Tant pis pour les
moutons, je dois manger.
    — Combien
la laine rapporte-t-elle ?
    — Un
penny la toison. Malheureusement il faut que j’aille jusqu’à Gloucester pour
les vendre, ce qui me fait perdre une journée aux champs juste quand il y a le
gros travail du printemps. »
    Malgré ses
misères, il paraissait plutôt de bonne humeur. « Quel est ce
village ? lui demanda Aliena.
    — Les
étrangers l’appellent Huntleigh », dit-il. Les paysans ne désignaient
jamais leur village autrement que par l’expression « le village ».
Les noms étaient réservés à l’usage des étrangers. « Qui êtes-vous ?
demanda-t-il avec une franche curiosité. Qu’est-ce qui vous amène ici ?
    — Je
suis la nièce de Simon de Huntleigh, dit Aliena.
    — Vraiment ?
Eh bien, vous le trouverez dans la grande maison. Remontez quelques pas cette
route, puis prenez le chemin à travers champs.
    — Merci. »
    Le village
se blottissait au milieu des champs labourés comme dans un grand nid. Une
vingtaine de petites habitations s’entassaient autour du manoir, lui-même guère
plus grand que la demeure d’un paysan prospère. Tante Edith et oncle Simon
n’étaient apparemment pas très riches. Un groupe d’hommes discutait devant le
manoir, dont l’un, en veste écarlate, semblait être le seigneur. Aliena
l’observa : elle n’avait pas vu son oncle Simon depuis douze ou treize
ans, mais elle devinait que c’était lui – sauf que dans son souvenir de petite
fille, il lui paraissait plus grand qu’aujourd’hui, plus chevelu et plus mince.
A cet instant, il désigna un des deux chevaux qui se trouvaient là :
« Il est très haut du garrot, cet animal. » Aliena reconnut aussitôt
la voix râpeuse et un peu essoufflée.
    Elle
commençait à se détendre. Désormais son frère et elle seraient nourris, vêtus,
soignés et protégés : fini le pain de son et le mauvais fromage, fini les
nuits dans les granges et les journées sur les routes, une main sur l’épée. On
allait lui donner un lit douillet, une nouvelle robe et du rôti de bouf au
souper.
    Oncle
Simon croisa le regard de la jeune fille, qu’il ne reconnut pas tout de

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