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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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ici. »
    Aliena ne
voulait pas entendre de tels propos. « Oncle Simon peut nous conduire de
temps en temps, nous vous rendrons visite, vous ne manquerez de…
    — Non,
répliqua-t-il d’un ton sévère. Vous avez tous les deux une tâche à accomplir.
Ne gaspillez pas vos forces à vous occuper d’un prisonnier. »
    Malgré
l’autorité hautaine qu’exprimaient les paroles du comte, Aliena ne put
s’empêcher de protester contre la sévérité de sa décision. « Laissez-nous
revenir juste une fois, pour vous apporter de quoi améliorer un peu…
    — Je
n’ai besoin de rien.
    — Je
vous en prie…
    — Jamais. »
    Cet homme
se montrait décidément aussi dur pour lui-même qu’il l’était avec autrui.
Aliena céda. « Très bien, dit-elle dans un sanglot.
    — Partez
maintenant.
    — Déjà ?
    — Oui.
Cette prison est un lieu de désespoir, de pourriture et de mort. Maintenant que
je vous ai vus, et que je vous sais en bonne santé, que vous avez promis de
rebâtir ce que nous avons perdu, je suis pleinement satisfait. La seule chose
qui pourrait détruire mon bonheur serait que vous perdiez votre temps en allées
et venues pour me rendre visite. Partez.
    — Papa,
non ! » s’écria Aliena au désespoir.
    — Écoute,
dit le comte d’une voix adoucie. J’ai vécu une vie honorable. J’ai confessé mes
péchés. Je suis prêt pour l’éternité. Priez pour mon âme. Allez. »
    Aliena se
pencha pour l’embrasser sur le front. Ses larmes ruisselaient sur le visage de
son père. « Adieu, père chéri », murmura-t-elle.
    Richard se
baissa à son tour. « Adieu, père », dit-il d’une voix mal assurée.
    — Que
Dieu vous bénisse tous les deux et vous aide à accomplir vos vœux », dit
leur père.
    Richard
lui laissa la chandelle. Sa sœur et lui se dirigèrent vers la porte. Sur le
seuil, Aliena se retourna. Dans la lumière incertaine, le visage décharné du
vieil homme était figé dans une expression de calme détermination qu’elle
connaissait bien. Elle le fixa jusqu’au moment où les larmes obscurcirent sa
vision. Puis elle se détourna, traversa le hall de la prison et déboucha à
l’air libre.

VI
    Richard
ouvrait la marche. Aliena suivait, assommée de chagrin. C’était comme si leur
père, était déjà mort – pire même, car lui souffrait encore. Dans un
brouillard, elle entendit Richard demander leur chemin. Elle marchait
mécaniquement et s’arrêta quand il s’arrêta, devant une petite église en bois
contre laquelle s’appuyait un taudis. D’un regard circulaire, Aliena découvrit
un quartier pauvre de petites maisons croulantes et de rues crasseuses où des
chiens affamés poursuivaient les rats parmi les ordures tandis que des enfants
jouaient pieds nus dans la boue. « Ce doit être Saint-Michaël », dit
Richard.
    L’appentis
qui jouxtait l’église était, supposèrent-ils, la maison du prêtre. Sa seule fenêtre
était fermée par des volets, la porte, elle, grande ouverte. Ils entrèrent.
    Un feu
brûlait au milieu de l’unique pièce, meublée d’une table grossièrement taillée,
de quelques tabourets et d’un tonneau de bière dans le coin. Des joncs
couvraient le sol. Près du feu, un homme assis sur une chaise buvait à une
grande coupe. D’une cinquantaine d’années, petit et mince, avec un nez rouge et
des touffes de cheveux gris, il portait des vêtements ordinaires, un gilet sale
sur une tunique marron, et des sabots.
    « Père
Ralph ? demanda Richard d’un ton hésitant.
    — Et
si c’était moi ? » répondit-il bizarrement.
    Aliena
soupira. Pourquoi les gens prenaient-ils tant de plaisir à compliquer un monde
déjà si compliqué ? Découragée d’avance à l’idée d’affronter un mauvais
caractère, elle laissa Richard s’expliquer : « C’est donc bien vous,
n’est-ce pas ? »
    La réponse
vint par hasard. Une voix dehors cria : « Ralph ? Tu es
là ? » Puis une femme d’un certain âge entra, donna au prêtre un
quignon de pain et une grande écuelle qui sentait le ragoût de viande. Pour une
fois, l’odeur de la cuisine ne fit pas saliver Aliena : elle était trop
choquée pour avoir faim. La femme, sans doute une des paroissiennes de Ralph,
était vêtue aussi pauvrement que lui. Le prêtre accepta la nourriture sans dire
un mot et se mit à manger. La femme jeta un coup d’œil indifférent à Aliena et
Richard, puis disparut.
    « Eh
bien, dit Richard, père Ralph, je suis le

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