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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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roi Stephen, équipé d’armes imposantes. Dire qu’il
l’avait quittée sans ressources, littéralement sans un sou. Comment avait-elle
fait ?
    Elle
n’avait plus l’air de la jeune fille qu’il avait connue. Mais William avait
vingt-quatre ans, elle devait donc avoir vingt et un ans aujourd’hui. Plus rien
en elle ne subsistait de l’enfant. C’était une femme mûre.
    Elle leva
la tête et le vit.
    La
dernière fois qu’ils avaient échangé un regard, elle avait rougi de honte et
s’était enfuie. Cette fois, elle ne cilla pas.
    Il
esquissa un sourire complice. Une expression d’indicible mépris se peignit sur
le visage d’Aliena.
    William se
sentit mal à l’aise. Elle était toujours aussi hautaine, elle le méprisait,
exactement comme cinq ans plus tôt. Il l’avait humiliée et violée, mais elle
n’avait plus peur de lui. Il aurait voulu lui parler, lui dire qu’il la
désirait autant que la première fois. Mais il n’osait pas. Horriblement gêné,
il se détourna et fit repartir son cheval ; la foule ralentissait son
avance et il sentait sur sa nuque le regard d’Aliena qui le brûlait.
    Lorsque,
enfin, il sortit de la place du marché, ce fut pour se trouver devant le prieur
Philip.
    Le petit
Gallois se tenait droit, les mains sur les hanches, le menton agressivement
pointé. Il n’était pas aussi maigre qu’autrefois et ses rares cheveux viraient
prématurément au gris, constata William. Il ne paraissait plus trop jeune pour
sa tâche. Ses yeux bleus brillaient de colère. « Lord
William ! » cria-t-il d’un ton de défi.
    William
chassa de son esprit la pensée d’Aliena. Il avait d’autres chats à fouetter,
concernant Philip. « Je suis heureux de vous rencontrer, prieur.
    — Moi
de même, dit Philip, mi-fâché, mi-intrigué.
    — Vous
avez ouvert un marché ici, dit William avec agressivité.
    — Et
alors ?
    — Je
ne crois pas que le roi Stephen ait jamais autorisé un marché à Kingsbridge. A
ma connaissance, ni lui ni un autre roi.
    — Comment
osez-vous… ? commença Philip.
    — Moi
ou n’importe qui…
    — Vous !
cria Philip en lui coupant la parole. Comment osez-vous venir ici parler
d’autorisation… vous qui au cours du dernier mois avez ravagé ce comté en
brûlant, en volant, en violant et en commettant un meurtre, sinon
davantage !
    — Quel
rapport… ?
    — Comment
osez-vous pénétrer d’autorité dans un monastère et parler de loi ? »
hurla Philip. Il fit un pas en avant, le doigt tendu vers William, dont le
cheval fit un écart. Subjugué, William ne trouva rien à répliquer. Une foule de
moines, de travailleurs et de badauds s’étaient rassemblés, attirés par la
discussion. Philip continuait sur sa lancée : « Après ce que vous
avez fait, il ne vous reste qu’une chose à dire : Mon père, j’ai
péché ! Vous devriez vous agenouiller dans ce prieuré ! Vous devriez
implorer le pardon, si vous voulez échapper au feu de l’enfer. »
    William
pâlit. L’enfer l’emplissait toujours d’une terreur incontrôlable. Il essaya
désespérément d’interrompre le flot de paroles de Philip. « Et votre
marché ? Et votre marché ? » répétait-il machinalement.
    Philip, en
proie à une colère divine, ne l’écoutait pas. « Demandez pardon pour les
horreurs que vous avez commises ! cria-t-il. A genoux ! A genoux, ou
vous brûlerez en enfer ! »
    William
perdit contenance. Il savait qu’il aurait dû se confesser depuis longtemps, car
il avait tué bien des hommes à la guerre, sans parler des péchés qu’il avait
commis durant sa tournée du comté. Oserait-il mourir sans confession ?
    Philip
avançait vers lui. « A genoux ! »
    William
fit reculer son cheval. Il lança alentour un regard désespéré. La foule se
refermait sur lui. Ses chevaliers, derrière, ne bougeaient pas, déconcertes,
incapables d’affronter une menace spirituelle lancée par un moine désarmé.
William atteignait le comble de l’humiliation. Après la rencontre d’Aliena,
c’en était trop. Il tira sur les rênes de son puissant destrier qui se cabra
dangereusement. La foule s’écarta devant les redoutables sabots dressés.
William l’éperonna et la bête plongea en avant. Les badauds s’écartèrent.
Brûlant de honte, William s’enfuit par la porte du prieuré, escorté de ses
chevaliers, comme une meute de chiens grondants chassés par un simple gourdin.
     
    William
confessa ses péchés, apeuré et

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