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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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maçonnerie dans un
équilibre précaire, comme des nids de mouettes sur une falaise abrupte. Les
ouvriers s’affairaient sur l’étendue du chantier. Quelque chose d’inhabituel
dans leur allure intrigua William, jusqu’au moment où il comprit que c’étaient
leurs habits de couleur vive. Il ne s’agissait pas de travailleurs réguliers.
Un jour de Saint-Michel, la main-d’œuvre payée était en vacances. Ces gens-là
étaient des volontaires.
    Mais
combien étaient-ils ? Des centaines d’hommes et de femmes transportaient
des pierres, taillaient des madriers, roulaient des tonneaux et soulevaient des
chargements de sable. Jamais William n’aurait imaginé un tel nombre de gens
prêts à s’échiner sans un sou de salaire, pour le seul pardon de leurs péchés.
    Le malin
prieur avait bien joué, reconnut William avec un certain dépit. Les volontaires
qui venaient travailler à la cathédrale dépensaient leur argent au marché. Les
gens qui fréquentaient le marché donneraient quelques heures à la cathédrale
pour racheter leurs péchés. Une main lavait l’autre.
    William
poussa son cheval et traversa le cimetière pour atteindre le chantier, curieux
de l’observer de plus près.
    Les huit
massives colonnes de l’arcade se groupaient de part et d’autre du site en
quatre paires opposées. De loin, William avait cru deviner les arcs arrondis
reliant chaque colonne à la suivante, mais il se rendit compte qu’ils n’étaient
pas encore construits : ce qu’il avait vu, c’était le coffrage en bois, de
la même forme, qui servirait de cadre provisoire où reposeraient les pierres le
temps que le mortier sèche.
    Parallèles
à l’arcade, les murs extérieurs des bas-côtés montaient, coupés à intervalles
réguliers d’ouvertures pour les fenêtres. A mi-chemin entre chaque ouverture,
un contrefort jaillissait de l’alignement du mur. Les extrémités ouvertes des
murs non terminés laissaient voir qu’il s’agissait de doubles parois séparées
par un espace. La cavité était comblée avec des décombres et du mortier.
    Quant à
l’échafaudage, il était constitué de robustes poteaux reliés par des tréteaux
transversaux en souples baliveaux et en roseaux tressés.
    On avait
dépensé là beaucoup d’argent, estima William.
    Il
poursuivait sa visite en contournant le chœur, suivi de ses chevaliers qui
l’avaient rejoint. Contre le mur se dressaient des appentis de bois, des
ateliers et ouvroirs pour les artisans. La plupart étaient fermés en ce jour
férié chômé par les maçons et les charpentiers. Toutefois, le maître maçon et
le maître charpentier assuraient la direction des travailleurs volontaires et
leur indiquaient où entasser les pierres, le bois, le sable et la chaux qu’ils
transportaient à partir du bord de la rivière.
    A la
réflexion, William conclut que le prieur Philip était grandement responsable du
déclin du comté de Shiring. Les fermes perdaient leurs jeunes qui
s’embauchaient au chantier de construction et Shiring – le joyau du comté – se
trouvait peu à peu éclipsé par la nouvelle ville de Kingsbridge en plein
développement. Les résidents payaient leur loyer à Philip et non à
William ; quant aux utilisateurs du marché, ils produisaient des revenus
pour le prieuré et non pour le comté. De plus, Philip avait à sa disposition le
bois, les élevages de moutons et la carrière qui autrefois enrichissaient le
comte Percy.
    William et
ses hommes revinrent jusqu’au marché. Il avait beau pousser son cheval dans la
foule, les gens ne s’écartaient pas craintivement sur son chemin. Personne ici
n’avait peur de lui, ce qui l’inquiétait et le troublait.
    William
était à mi-chemin de la dernière allée quand il aperçut Aliena.
    Il
s’arrêta brusquement, pétrifié.
    Ce n’était
plus la mince jeune fille en sabots, nerveuse, effrayée, qu’il avait vue ici
même à la Pentecôte trois ans plus tôt. Son visage s’était épanoui, elle avait
l’air sain, heureux. Ses yeux noirs pétillaient de bonne humeur et ses boucles
dansaient autour de son visage lorsqu’elle bougeait.
    Elle était
si belle que William se sentit vaciller de désir. Elle portait une robe
cramoisie, richement brodée et des bagues brillaient à ses doigts. Une femme
plus âgée l’accompagnait un peu en retrait, comme une servante. Plutôt riche,
avait dit Mère ; voilà donc comment Richard était devenu écuyer et avait
pu rallier l’armée du

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