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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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de l’air. Or les couchers de soleil étaient plus progressifs
dans les pays du Nord.
    Bien
qu’elle fût plutôt encombrante, il conservait la statue comme un souvenir de
Tolède. Elle lui rappelait Rachid et (ce qu’il ne dit pas à Aliena) la jeune
Aïcha aussi. Un jour qu’un maçon de Saint-Denis cherchait un modèle pour
sculpter une statue de la Vierge, Jack apporta la dame de bois à la loge des
maçons et l’y laissa.
    Il avait
été engagé par l’abbé pour travailler à la reconstruction de l’église. Le
nouveau chœur, qui l’avait tellement intrigué, n’était pas tout à fait terminé.
Or il devait être achevé à temps pour la cérémonie de consécration au milieu de
l’été. Déjà l’énergique abbé s’apprêtait à rebâtir la nef dans le même
style et Jack fut chargé de tailler les pierres pour en préparer un stock
d’avance.
    L’abbaye
lui loua une maison au village, où il s’installa avec Aliena et Tommy. La
première nuit qu’ils vécurent dans leur maison, ils la passèrent à faire
l’amour. Vivre comme mari et femme leur semblait la chose la plus naturelle du
monde, comme s’ils l’avaient toujours fait. Personne ne leur demanda si leur
union était bénie par l’Église.
    Le maître
bâtisseur de Saint-Denis était de loin le plus habile maçon que Jack eût jamais
rencontré. Comme on terminait le nouveau chœur et qu’on s’apprêtait à commencer
la nef, Jack ne perdait pas une miette des techniques nouvelles que le maître
maçon pratiquait. L’abbé Suger, quant à lui, quoique totalement acquis aux
idées neuves, s’intéressait plus à la décoration qu’à l’architecture. Le projet
qui l’occupait en priorité était la construction d’un tombeau pour les restes
de saint Denis et de ses deux compagnons, Rusticus et Eleutherius. Les
reliques, jusqu’alors conservées dans la crypte, seraient placées dans le
chœur, à la vue de tous. Les trois châsses reposeraient dans une sépulture en
pierre plaquée de marbre noir, surmontée d’une église miniature en bois doré.
Les travaux étaient bien avancés : la base du tombeau était en place et,
dans la loge des charpentiers, un artisan minutieux s’occupait à dorer soigneusement
le bois de l’église miniature avec une peinture à l’or sans prix. Suger n’était
pas homme à faire les choses à moitié.
    Quel
extraordinaire organisateur, pensait Jack en assistant aux préparatifs de la
consécration. Suger invita une foule de notables, dont la plupart acceptèrent,
à commencer par le roi et la reine de France, ainsi que dix-neuf évêques et
archevêques, y compris l’archevêque de Canterbury. Jack voyait souvent Suger
arpenter le monastère dans sa robe de laine rustique, donnant des instructions
à un troupeau de moines qui le suivaient comme des canetons. Cet abbé lui en
rappelait un autre : Philip de Kingsbridge. Comme Philip, Suger avait été
élevé au monastère. Comme Philip, il en avait réorganisé les finances et
rétabli la gestion des biens pour en accroître les revenus ; comme Philip,
il dépensait ses bénéfices à construire. Comme Philip, il était actif,
énergique et entreprenant.
    Pourtant,
selon Aliena, Philip n’était plus rien de tout cela. Jack n’y croyait pas.
Philip éteint ? Autant imaginer Waleran Bigod charitable. Le prieur,
c’était vrai, avait connu une série de terribles déceptions – et d’abord
l’incendie de la ville. Jack en frémissait encore. Philip s’en était peut-être
mal remis. En tout cas la ville avait perdu de son entrain, Jack s’en souvenait
fort bien : l’atmosphère de crainte et d’incertitude avait tout envahi
comme une odeur légère mais tenace de déchéance. Philip comptait certainement
sur la cérémonie d’inauguration comme symbole d’un espoir nouveau. Quand la messe
s’était terminée en sanglante catastrophe, il avait baissé les bras.
    Tous les
bâtisseurs étaient partis de Kingsbridge, le marché déclinait et la population
diminuait. Les jeunes gens, d’après Aliena, préféraient Shiring. L’échec était
moral plus que matériel : le prieuré, en effet, possédait toujours la
totalité de ses biens, y compris les grands troupeaux qui chaque année
rapportaient des centaines de livres. S’il ne s’était agi que d’argent, Philip
aurait sûrement pu reprendre la construction, après avoir rassuré les maçons,
souvent superstitieux et qui hésitaient à travailler quand l’église

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