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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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écroulé.
    — Quoi ! »
    L’exclamation
de Jack effaroucha son cheval qui fit un écart. Il lui tapota l’encolure pour
le calmer. « Comment est-ce arrivé ?
    — On
ne sait pas. Les ouvriers avaient réussi à terminer la voûte de trois travées
pour la Pentecôte, et pendant le service tout s’est écroulé. Il y a eu
soixante-dix-neuf morts. C’est épouvantable. »
    Jack était
sincèrement bouleversé.
    « Quel
malheur ! Comment le prieur Philip a-t-il supporté cette épreuve ?
    — Mal.
Il a renoncé à construire. Il a perdu toute son énergie, il ne fait plus
rien. »
    Jack avait
du mal à imaginer Philip sans énergie, luiquiavait toujours
montré tant d’enthousiasme et de détermination, même dans les pires moments.
    « Et
les artisans ? reprit-il. Que sont-ils devenus ?
    — Chacun
est parti de son côté. Alfred habite Shiring où il bâtit des maisons.
    — Kingsbridge
est à moitié vide, non ?
    — La
ville redevient village, comme autrefois.
    — Je
me demande quelle erreur Alfred a commise ? marmonna Jack.
    — Cette
voûte de pierre n’a jamais figuré dans les plans originaux de Tom. Alfred avait
renforcé les arcs-boutants pour en supporter le poids, il pensait que c’était
suffisant. »
    La
nouvelle du désastre avait dégrisé Jack, et ils avancèrent en silence. A une
demi-lieue de Saint-Denis, ils attachèrent les chevaux à l’ombre d’un orme et
s’assirent au coin d’un champ de blé vert, près d’un petit ruisseau, pour
pique-niquer. Jack but une gorgée de vin et fit claquer sa langue.
« L’Angleterre n’a rien de comparable aux vins français,
vraiment ! » Il rompit le pain et en tendit un morceau à Aliena.
    Timidement,
Aliena délaça son corsage pour donner le sein au bébé. Sous le regard de Jack,
elle rougit et chercha quelque chose à dire pour cacher sa gêne. « As-tu
une idée pour son nom ? Si on l’appelait Jack ?
    — Je
ne sais pas, fit-il d’un air songeur. Jack était le père que je n’ai jamais connu.
Son nom risque de porter malchance à notre fils. Mon vrai père, ou celui qui en
a tenu lieu, c’était Tom le bâtisseur.
    — Tu
voudrais appeler le bébé Tom ?
    — Je
crois que oui.
    — Tom
était si grand ! Plutôt Tommy, non ?
    — D’accord
pour Tommy », acquiesça Jack.
    Parfaitement
indifférent à la solennité de l’instant, Tommy s’était endormi, repu. Aliena
l’allongea sur le sol, un mouchoir plié sous sa tête en guise d’oreiller. Son
embarras ne s’était pas complètement dissipé : elle ne savait pas trop
quelle contenance prendre vis-à-vis de Jack. Elle aurait aimé faire l’amour
avec lui, ici, sur l’herbe, mais elle n’osait pas le lui suggérer. De son côté,
Jack aussi semblait hésitant.
    « Si
je te dis quelque chose, murmura-t-il, tu me promets de ne pas m’en vouloir ?
    — Vas-y. »
    Lentement,
tout bas, il lui avoua : « Depuis l’instant où je t’ai vue, je ne
pense à rien d’autre qu’à ton corps nu sous ta robe.
    — Ah !
Je ne t’en veux pas du tout ! s’écria-t-elle. Je suis heureuse. »
    Il la
regardait avidement, la gorge nouée.
    Elle lui
tendit les bras et il se rapprocha d’elle. Deux ans ou presque s’étaient
écoulés depuis la dernière étreinte amoureuse qu’ils avaient connue ensemble.
Une étreinte si passionnée, si brûlante et si désespérée qu’Aliena s’inquiéta.
Aujourd’hui l’amour ne leur paraîtrait-il pas banal ? Après tant de temps,
tant d’épreuves, tant d’espoir, la déception serait insoutenable.
    Ils
s’allongèrent sur l’herbe. Aliena ferma les yeux et sentit un baiser léger sur
ses paupières. La main de Jack vint caresser son corps qui réagit en
frissonnant délicieusement. « Chaque nuit, chaque jour, je pensais à toi,
dit-il.
    — Je
suis si heureuse de t’avoir retrouvé », murmura-t-elle en le serrant très
fort contre elle.
    Ils
s’aimèrent avec douceur, dans l’air baigné de soleil, accompagnés par le
murmure du ruisseau près d’eux. Tommy, discret, dormit et ne s’éveilla que
lorsqu’ils furent rhabillés.
     
    La statue
de la dame n’avait pas pleuré depuis son départ d’Espagne. Jack, n’ayant pas
percé le secret de son fonctionnement, ne s’expliquait pas pourquoi elle ne
pleurait pas hors de son pays d’origine. Il se doutait seulement que les larmes
qui apparaissaient à la tombée de la nuit avaient un rapport avec le brusque
rafraîchissement

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