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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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stupéfaction des badauds.
    « Un
miracle ! » cria quelqu’un ; et de nombreuses voix
reprirent : « Un miracle ! Un miracle ! »
    Jack se
tourna vers la statue et comprit : de l’eau coulait de ses yeux. Il fut
d’abord aussi impressionné que la foule mais, très vite, il se rappela sa
théorie : la dame pleurait à cause d’un brusque changement de température.
Or la statue venait de passer de la chaleur du jour à la fraîcheur du portail.
Voilà qui expliquait les larmes. Mais pour l’assistance ignorante du phénomène,
la statue pleurait, et c’était un miracle.
    Une femme
au premier rang lança un denier au pied de la statue. Jack réprima un sourire
d’ironie. Quelle idée de donner de l’argent à un morceau de bois ! Mais
l’habitude entretenue par l’Église voulait qu’on associe argent et sainteté.
Plusieurs personnes dans la foule suivirent l’exemple de la femme.
    Jack
n’aurait jamais imaginé que le jouet de Rachid puisse rapporter le moindre sou.
En réalité, il n’en rapporterait pas à Jack car les gens cesseraient leurs
offrandes s’ils voyaient qu’elles allaient dans la poche de Jack. Mais, pour
n’importe quelle église, la statue représentait une fortune. Jack, en un
éclair, comprit ce qui lui restait à faire, et il se mit à parler avant même
d’avoir réfléchi à toutes les conséquences de son idée. Les mots lui venaient
au fur et à mesure qu’il bâtissait son projet.
    « La
Vierge qui pleure ne m’appartient pas, elle appartient à Dieu »,
commença-t-il. Le silence se fit. C’était le discours que la foule attendait.
Les évêques qui chantaient dans l’église n’intéressaient plus personne.
« Pendant des centaines d’années, elle a langui au pays des Sarrasins »,
reprit l’orateur en improvisant une histoire inventée de toutes pièces.
Bah ! Les prêtres eux-mêmes se souciaient peu de vérité historique en
matière de miracles et de saintes reliques. « Elle a parcouru bien des
lieues, mais son voyage n’est pas encore terminé. Sa destination est l’église
cathédrale de Kingsbridge, en Angleterre. »
    Jack
surprit le regard d’Aliena qui le fixait avec stupéfaction.
    « C’est
ma sainte mission de la ramener à Kingsbridge.
    Là, elle
trouvera sa place. Là, elle connaîtra la paix. » Il marqua une pause,
avant d’ajouter, sous le coup d’une ultime inspiration : « J’ai été
désigné comme maître bâtisseur de la nouvelle église de Kingsbridge. »
    Aliena
écarquilla les yeux, de plus en plus étonnée. « La Vierge qui pleure a
ordonné qu’on lui construise une nouvelle église à Kingsbridge et, avec son
aide, j’élèverai pour elle un autel aussi beau que le nouveau chœur qu’on vient
d’édifier ici pour abriter les saintes reliques de saint Denis. »
    Les pièces
qui jonchaient le sol lui donnèrent l’idée de sa conclusion. « Vos dons
serviront à la sainte entreprise, dit-il. La Madone accorde sa bénédiction à
tout homme, femme et enfant qui participe à la construction de sa nouvelle
demeure. »
    Il y eut
un moment de silence ; puis les pièces recommencèrent à pleuvoir au pied
de la statue. En lançant son offrande, les uns disaient :
« Alléluia » ou « Loué soit Dieu ». D’autres demandaient
une bénédiction ou une faveur précise : « Guérissez Robert »,
« Faites qu’Anne ait un enfant », ou encore « Donnez-nous une
bonne récolte ». Jack scrutait les visages : ils étaient excités,
transportés de bonheur. Il baissa les yeux et vit avec émerveillement l’argent
s’entasser comme la neige à ses pieds.
     
    La Madone
qui pleure eut le même effet dans chaque bourg et dans chaque village sur la
route, jusqu’à Cherbourg. Jack et Aliena parcouraient la grand-rue, le temps
que la foule se rassemble ; puis, après s’être arrêtés devant l’église
pour donner l’occasion à la population de se regrouper, ils déposaient la
statue dans l’ombre fraîche du bâtiment où elle se mettait à pleurer.
    Alors les
gens se bousculaient faire un don à la cathédrale de Kingsbridge.
    Après le
premier miracle, l’aventure avait failli rater. Les évêques et les archevêques
ayant examiné la statue l’avaient déclarée authentiquement miraculeuse, si bien
que l’abbé Suger voulait la garder pour Saint-Denis. Il en avait offert à Jack
une livre, puis dix et enfin cinquante. Lorsqu’il comprit que Jack ne
s’intéressait pas à

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