Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
était amoureuse, tout le
comté le savait. Elle avait donné naissance à un enfant de l’amour et son mari
trompé l’avait jetée à la rue. Son bébé dans les bras, elle était partie à la
recherche de l’homme qu’elle aimait et avait fini par le trouver après avoir
fouillé la moitié de la chrétienté. Dans tout le sud de l’Angleterre, on ne se
lassait pas de raconter son histoire. William se sentait malade de haine chaque
fois qu’il l’entendait. Depuis, il préparait sa vengeance.
    On leur
indiqua un escalier et on les conduisit dans l’appartement de Waleran, qu’ils
trouvèrent assis à une table en compagnie de Baldwin, maintenant archidiacre.
Les deux prélats comptaient de l’argent sur une nappe à carreaux, triant les
pièces d’argent en piles de douze et les déplaçant de carrés noirs vers des
carrés blancs. Baldwin se leva, s’inclina devant lady Regan, puis s’empressa de
ranger la nappe et les pièces.
    Waleran
quitta la table à son tour pour s’installer dans le fauteuil auprès du feu. Il
se déplaçait rapidement, comme un insecte, et William retrouva ce sentiment de
mépris qu’il connaissait bien. Il se força néanmoins à se montrer poli. Il
avait récemment entendu parler de l’horrible sort du comte de Hereford, qui
était mort en état d’excommunication après s’être querellé avec son évêque. Son
corps avait été enseveli en terre non consacrée. Quand William imaginait son
propre corps enterré sans bénédiction, exposé aux assauts de tous les monstres
et démons des Enfers, il défaillait de frayeur. Jamais il ne se disputerait
avec son évêque.
    Waleran
était aussi pâle et maigre que jamais dans sa robe noire qui pendait sur lui
comme un chiffon séchant sur un arbre. Il ne changerait jamais. William savait
que lui, par contre, avait vieilli. La bonne chère et le vin étaient ses
principaux plaisirs, il s’empâtait de plus en plus malgré la vie active qu’il
menait, si bien que la coûteuse cotte de mailles qu’on lui avait fabriquée et
offerte pour ses vingt et un an avait été remplacée deux fois au cours des sept
années suivantes.
    Waleran
rentrait tout juste de York après une absence de six mois. « Votre voyage
a-t-il été une réussite ? lui demanda poliment William.
    — Non,
répondit Waleran sèchement. L’évêque Henry m’a envoyé là-bas pour tenter de
résoudre un conflit qui traîne depuis quatre ans sur le point de savoir qui
doit devenir archevêque de York. J’ai échoué. La querelle continue. »
    Ne parlons
pas de ce qui fâche, pensa William qui reprit : « Durant votre
absence, il y a eu beaucoup de changements par ici. Surtout à Kingsbridge.
    — A
Kingsbridge ? répéta Waleran, surpris. Je croyais que ce problème avait
été réglé une fois pour toutes. »
    William
secoua la tête. « Philip possède la Vierge qui pleure.
    — Que
diable me racontez-vous là ? s’exclama Waleran, irrité.
    — C’est
une statue en bois de la Vierge, répondit la mère de William, qui à certains
moments pleure de vraies larmes : de l’eau coule de ses yeux. Les gens
croient que c’est miraculeux.
    — Mais
c’est miraculeux ! s’exclama William. Une statue qui pleure ! »
    Waleran
lui lança un regard méprisant.
    « Miraculeux
ou non, reprit Regan, des milliers de gens sont déjà venus la voir. Quant au
prieur Philip, il a repris la construction de la cathédrale. On est en train de
réparer le chœur et d’y mettre un nouveau toit en madriers. On creuse les
fondations de la croisée et de nouveaux maçons sont arrivés de Paris.
    — De
Paris ? s’étonna Waleran.
    — La
cathédrale sera bâtie dans le style d’une église qui se trouve à Saint-Denis,
paraît-il.
    — Des
arcs en ogive, observa Waleran. J’en ai entendu parler à York. »
    Peu
importait à William le style de la cathédrale de Kingsbridge. « Ce qui
arrive, reprit-il, c’est que des jeunes gens de mes fermes vont s’installer à
Kingsbridge pour travailler comme ouvriers, que le marché là-bas est de nouveau
ouvert chaque dimanche, ce qui enlève du négoce à Shiring… C’est toujours la
même histoire ! »
    Il
s’arrêta, embarrassé. Waleran soupçonnerait-il un autre motif ? Mais
l’évêque restait songeur.
    « La
pire erreur que j’aie jamais commise, murmura-t-il, ce fut d’aider Philip à
devenir prieur.
    — Il
va falloir les arrêter dans leur élan, une fois de plus, suggéra

Weitere Kostenlose Bücher