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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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du chœur et les décombres formaient deux grands tas dans
l’enclos du prieuré. Les maçons, montés sur de nouveaux échafaudages,
reconstruisaient les murs écroulés.
    Le long de
l’infirmerie s’alignait un grand tas de madriers.
    « Tu
avances vite, nota Philip.
    — Pas
aussi vite que j’aimerais, hélas ! » répondit Jack.
    Ils
inspectèrent les fondations des transepts. Quarante ou cinquante ouvriers, au
fond des trous, chargeaient des pelletées de boue dans des seaux, tandis que
d’autres, au niveau du sol, actionnaient les treuils qui remontaient les seaux.
De gros blocs de pierre grossièrement taillés, destinés aux fondations,
s’entassaient non loin de là.
    Jack
introduisit Philip dans son propre atelier, beaucoup plus grand que ne l’avait
été celui de Tom. Un des côtés, complètement ouvert, permettait un meilleur
éclairage. La moitié de la surface au sol était occupée par ses croquis sur
plâtre. Il avait posé des planches sur la terre, les avait entourées d’une
bordure de bois haute de deux pouces, puis avait rempli de plâtre le cadre
ainsi formé. Une fois le plâtre sec, il était assez dur pour supporter qu’on
marche dessus et, avec un petit bout de fil de fer aiguisé, on pouvait y tracer
des dessins. Jack utilisait des compas, une règle et une équerre. Les traits
fraîchement gravés étaient blancs et bien nets, mais ils ne tardaient pas à
virer au gris, ce qui signifiait qu’on pouvait faire de nouveaux dessins
par-dessus les anciens sans risque de confusion. C’était une idée qu’il avait
prise en France.
    Presque
tout le reste de la cabane était occupé par l’établi sur lequel Jack
travaillait le bois et préparait les gabarits qui serviraient à tailler les
pierres. La lumière déclinait : il ne travaillerait plus aujourd’hui. Il
commença à ranger ses outils.
    Philip
prit un gabarit. « C’est pour quoi faire, celui-là ?
    — La
plinthe à la base d’un pilier.
    — Tu
prépares les choses longtemps à l’avance.
    — J’ai
hâte de commencer à bâtir vraiment. »
    Leurs
conversations à cette époque étaient brèves et se bornaient à l’actualité du
chantier.
    Philip
reposa la pièce de bois. « On m’attend pour complies, dit-il en se
détournant.
    — Et
moi dans ma famille », répliqua Jack d’un ton acide.
    Philip
s’arrêta, se retourna comme pour dire quelque chose, l’air triste, et sortit.
    Jack ferma
à clé sa boîte à outils. Il venait de faire une remarque stupide. Il avait
accepté le travail aux conditions fixées par Philip et c’était absurde
maintenant de s’en plaindre. Mais il en voulait tant à Philip qu’il n’arrivait
pas toujours à le cacher.
    Le
crépuscule tombait quand il quitta l’enclos du prieuré pour se rendre à la
petite maison du quartier pauvre où Aliena vivait avec son frère, Richard. Elle
l’accueillit avec un sourire lumineux mais ils ne s’embrassèrent pas. Ils ne se
touchaient plus maintenant, de crainte d’éveiller leur désir et de céder à leur
passion au risque d’être surpris à enfreindre la promesse faite au prieur
Philip.
    Tommy
jouait par terre. Il avait maintenant un an et demi et son obsession était
d’entasser les objets les uns sur les autres. Il avait devant lui quatre ou
cinq écuelles qu’il ne se lassait pas d’empiler, les plus petites dans les plus
grandes, puis, sans succès, les plus grandes dans les plus petites. Jack fut
frappé de constater que Tommy ne savait pas d’instinct qu’une grande écuelle ne
tenait pas à l’intérieur d’une petite ; c’était une notion que les humains
devaient acquérir. Tommy apprenait les rapports spatiaux tout comme Jack quand
il essayait d’imaginer la forme d’une pierre dans une voûte arrondie.
    L’enfant
le fascinait et l’inquiétait en même temps. Jusqu’alors Jack ne s’était jamais
soucié de trouver du travail, de garder un emploi et de subvenir à ses besoins.
Il était parti pour traverser la France sans songer un instant au risque de se
retrouver démuni et affamé. Maintenant il se préoccupait de sécurité. Le devoir
de s’occuper de Tommy était plus impérieux que le souci de lui-même. Pour la
première fois de sa vie, il avait des responsabilités.
    Aliena
posa sur la table une cruche de vin et un gâteau aux épices. Il emplit une
coupe et se mit à la boire à petites gorgées. Aliena déposa devant Tommy une
tranche de gâteau, mais l’enfant n’avait pas

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