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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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guilde paroissiale de nommer Richard
officier du guet, responsable de la sécurité de la ville. C’était lui qui
organisait les veilles de nuit et qui surveillait l’entretien et l’amélioration
des murs ; les jours de marché et de fêtes, il avait pouvoir d’arrêter les
ivrognes et les fauteurs de trouble. Ces tâches devenues essentielles à mesure
que la ville se développait n’étaient pas du ressort des moines. Aussi la
guilde paroissiale, en qui Philip avait vu tout d’abord un adversaire de son
autorité, s’était-elle révélée fort utile. Et Richard était heureux. Il avait
une trentaine d’années, mais sa vie active lui conservait une allure jeune.
    Philip
regrettait que la sœur de Richard ne fût pas aussi bien installée dans la vie.
Si l’Église avait fait preuve d’injustice envers quelqu’un, c’était bien
Aliena. Jack était l’homme qu’elle aimait et le père de ses enfants, mais
l’Église lui interdisait de l’épouser et contre toute logique la maintenait
mariée à Alfred. La mauvaise volonté de l’évêque bloquait le décret
d’annulation. C’était scandaleux. Philip se sentait coupable, même s’il n’était
pas directement responsable.
    Vers la
fin du voyage, alors qu’ils traversaient la forêt par un beau malin ensoleillé,
le jeune Jonathan déclara : « Je me demande pourquoi Dieu fait mourir
les gens de faim. »
    C’était
une question que chaque jeune moine posait tôt ou tard et on pouvait y répondre
de bien des façons. « Ne reproche pas cette famine à Dieu, déclara Philip.
    — Mais
c’est bien Dieu qui a fait le temps qui a causé les mauvaises récoltes !
    — La
famine n’est pas seulement due aux mauvaises récoltes, expliqua Philip. Il y en
a toujours périodiquement, mais les gens n’en meurent pas. Ce qu’il y a de
grave cette fois, c’est que la crise survient après d’épuisantes années de
guerre civile.
    — Quel
rapport ? »
    Ce fut
Richard, le soldat, qui répondit. « La guerre est fatale à l’agriculture,
dit-il. On massacre les troupeaux pour nourrir les armées, on brûle les
récoltes pour que l’ennemi n’en profite pas et les fermes sont négligées car
les chevaliers sont pris par la guerre.
    — Dans
ces cas-là, ajouta Philip, les gens ne sont pas disposés à consacrer du temps
et de l’énergie à défricher des terres, à agrandir les troupeaux, à creuser des
fossés et à bâtir des granges.
    — Nous,
nous n’avons jamais arrêté de faire ce genre de travail, protesta Jonathan.
    — Les
monastères sont différents. La plupart des fermiers abandonnent leur
exploitation durant les combats si bien que, quand le mauvais temps arrive, ils
ne sont pas en état d’en supporter les conséquences. Les moines voient plus
loin, eux. Mais nous avons un autre problème. A cause de la famine, le prix de
la laine s’est effondré.
    — Je
ne vois pas le rapport, répéta Jonathan.
    — C’est
sans doute parce que les victimes de la famine ont autre chose en tête que des
soucis de vêtement. » C’était la première fois, de la mémoire de Philip,
que le prix de la laine n’avait pas augmenté. Il avait dû ralentir le rythme de
construction de la cathédrale, cesser d’accepter de nouveaux novices et
supprimer la viande et le vin du régimedes moines. « Mais
souviens-toi, reprit Philip, tous ces maux sont causés par la guerre et non par
le mauvais temps.
    — J’espère,
s’exclama Jonathan avec une passion juvénile, qu’il y a un endroit spécial en
enfer pour les comtes et les chevaliers qui provoquent tant de misère.
    — Je
l’espère… Que les saints nous préservent, qu’est-ce qui se passe ? »
    Un étrange
personnage avait jailli des broussailles, tête baissée. Ses vêtements étaient
en haillons, ses cheveux en désordre et son visage noir de poussière. Philip
crut d’abord que le malheureux fuyait un ours enragé.
    L’homme
accéléra et se jeta sur Philip qui, pris par surprise, en tomba de cheval.
    Son
agresseur tomba sur lui. L’homme avait une odeur de bête et les cris qu’il
poussait n’étaient guère humains. Philip se débattait comme il pouvait. L’homme
semblait chercher à s’emparer de la sacoche de cuir que Philip portait sur son
épaule. Le prieur comprit qu’il essayait de le voler. Il n’y avait rien dans la
sacoche qu’un livre, Le Cantique des Cantiques. Philip faisait des
efforts désespérés pour se dégager, non parce qu’il

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