Les Piliers de la Terre
faire, il va falloir me
montrer. »
Ce n’était
pas tout à fait ce que William avait imaginé. Il s’approcha d’elle. Elle leva
la tête et il posa un baiser sur ses lèvres douces, mais cela ne l’excita pas
le moins du monde. « Ote ta chemise et allonge-toi sur le lit »,
ordonna-t-il.
Elle se
débarrassa de sa camisole. Elle était assez rondelette, avec de gros seins aux
petites pointes roses. Un léger duvet formait un triangle clair en bas de son
ventre. Docilement, elle se dirigea vers le lit et s’allongea sur le dos.
En deux
coups de pied, William se déchaussa de ses bottes. Il s’assit sur le lit auprès
d’elle et lui pressa les seins. Elle avait la peau douce. Cette aimable fille,
souriante et obligeante, ne correspondait guère à l’image, qui lui avait laissé
la gorge sèche, d’une femme en proie à la passion, gémissant et transpirant
sous lui. Il se sentit déçu.
Quand il
posa une main sur sa cuisse, elle entrouvrit aussitôt les jambes. Il glissa son
doigt en elle. Elle eut une petite grimace de douleur, puis se reprit :
« C’est très bien, allez-y. »
Il se
demanda un instant s’il ne s’y prenait pas mal. Il eut la vision fugitive d’une
scène toute différente, dans laquelle ils seraient allongés côte à côte, se
caressant, bavardant et faisant peu à peu connaissance. Mais le désir venait de
s’éveiller en lui lorsqu’elle avait poussé un petit cri de souffrance et,
balayant ses scrupules, il se mit à la traiter plus brutalement. Il ne cessait
d’observer son visage tandis qu’elle luttait pour supporter l’épreuve en
silence.
Il monta
sur le lit et s’agenouilla au-dessus d’elle. Il n’était pas encore totalement
excité. C’était son fichu sourire qui le rendait impuissant, il en était sûr.
Une deuxième fois, il la fit gémir de douleur. C’était mieux. Puis cette petite
idiote se remit à sourire. Il fallait qu’il efface ce rictus de son visage. Il
la gifla à toute volée. Elle poussa un hurlement et sa lèvre se mit à saigner.
C’était beaucoup mieux.
Il la
frappa encore.
Elle
éclata en sanglots.
Alors tout
se passa bien.
Le
dimanche suivant se trouvant être la Pentecôte, une vaste foule se presserait
dans la cathédrale. L’évêque Waleran dirait la messe. Il y aurait encore plus
de monde que d’habitude, car on avait hâte de voir les nouveaux transepts, tout
juste terminés. Le bruit courait qu’on n’avait jamais rien vu de pareil.
William en profiterait pour présenter son épouse au peuple. Il n’était pas
revenu à Kingsbridge depuis son attaque ratée, mais Philip ne pouvait pas
l’empêcher d’assister à un service religieux.
Deux jours
avant la Pentecôte, Regan mourut subitement. Le vendredi, après le souper, se
sentant oppressée, elle se coucha de bonne heure. Peu avant l’aube, la
chambrière réveilla William pour lui annoncer que sa mère était très mal. Il se
leva et, à moitié endormi, la rejoignit dans sa chambre où il la trouva
incapable de parler, suffocante, une expression de terreur au fond des yeux.
William,
terrifié par les halètements qui la secouaient et son regard fixe, qui semblait
lui réclamer du secours, préféra quitter la pièce. La servante en faction à la
porte lui fit honte. Il se força à rentrer dans la chambre. A la lueur de
l’unique chandelle, le visage de Regan semblait se creuser. Son souffle rauque
devenait si bruyant que William s’étonnait : comment le château n’était-il
pas alerté ? On aurait dit qu’elle criait après lui seul, comme quand il
était enfant. Elle lui réclamait quelque chose, il en était sûr. Soudain il se
revit gamin, envahi d’une terreur aveugle comme il n’en avait pas éprouvé depuis
sa petite enfance, la terreur de prendre conscience que la seule personne qu’il
aimait était un monstre. Depuis toujours, elle le martyrisait de son autorité,
de son sadisme, et lui, si apeuré par les hurlements qu’il ne comprenait plus
ce qu’elle lui réclamait, il devenait aveugle, sourd et muet de terreur.
Cette
fois, c’était pareil et différent.
Cette
fois, elle mourut.
D’abord,
ses yeux se fermèrent. William se détendit un peu. Peu à peu, le souffle de
Regan s’affaiblit, son visage grêlé prit une teinte grisâtre. Enfin, elle cessa
de respirer.
William se
tourna vers la servante.
« Elle
est en paix, maintenant, n’est-ce pas ? »
La
servante éclata en sanglots.
William
s’assit au bord
Weitere Kostenlose Bücher