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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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tirée pour lui apprendre qu’elle était papillon. Elle
aurait passé toute son existence sans rien savoir des joies et des peines de
l’amour s’il n’avait pas surgi dans sa clairière secrète pour la charmer de ses
récits, l’embrasser avec une infinie douceur, et réveiller l’amour qui dormait
au fond de son cœur. Malgré sa jeunesse, il avait été si patient, si tolérant.
Pour cela, elle l’aimerait toujours.
    En
traversant la forêt, elle pensa qu’elle rencontrerait peut-être Ellen, la mère
de Jack. Ils la voyaient de temps en temps, à une foire ou à une autre ;
environ une fois par an elle se glissait à la tombée de la nuit jusqu’à
Kingsbridge pour passer la soirée avec ses petits-enfants. Aliena se sentait
proche d’Ellen : c’était aussi une femme à part, au destin peu commun.
    Elle
ressortit de la forêt sans l’avoir vue.
    Dans les
champs encore cultivés, les moissons mûrissaient au soleil. La récolte serait
bonne, estima-t-elle. L’été avait été pluvieux et froid, mais du moins sans les
inondations et les maladies qui avaient anéanti les trois dernières moissons.
Heureusement, car des milliers de gens étaient au bord de la famine et un
mauvais hiver tuerait la plupart d’entre eux. Aliena s’arrêta pour faire boire
ses bœufs à la mare d’un village du nom de Monksfield qui faisait partie du
domaine d’Earlscastle : un assez gros bourg, entouré de quelques-unes des
meilleures terres du comté et qui possédait une église en pierre. Cette année, constata-t-elle,
on n’avait semé que la moitié des champs : le reste était envahi de
mauvaises herbes.
    Deux
autres voyageurs s’étaient arrêtés au milieu du village pour abreuver leurs
chevaux. Aliena les regarda avec méfiance. Avant de lier connaissance, elle
étudiait à qui elle avait affaire. Elle avait constaté par exemple que son
charretier, parfaitement disposé à lui obéir quand ils étaient seuls, avait
tendance à se montrer insolent sitôt qu’il se trouvait en compagnie d’autres
hommes.
    Mais
aujourd’hui l’un des voyageurs était une femme. Aliena la reconnut : elle
l’avait vue le dimanche de Pentecôte, à la cathédrale de Kingsbridge :
c’était la comtesse Elizabeth, épouse de William Hamleigh.
    Accompagnée
d’un homme d’armes à l’air maussade, apparemment son garde du corps, elle avait
un air de chien battu. Voilà quel aurait été mon sort, songea Aliena, si
j’avais épousé William !
    L’homme
d’armes fit un bref salut au charretier en ignorant Aliena, qui décida de ne
pas proposer de continuer la route ensemble.
    Tandis que
les animaux s’abreuvaient, le ciel s’assombrit et un vent âpre se leva.
« Un orage d’été », murmura le charretier d’Aliena en levant vers le
ciel un regard inquiet. L’orage ralentirait leur avance et ils risquaient de se
retrouver en pleine campagne à la nuit tombée. Quelques gouttes de pluie
tombèrent. Il allait falloir chercher un refuge, pensa Aliena à contrecœur.
    « Abritons-nous
ici un moment, dit la jeune comtesse à son garde.
    — Pas
possible, répondit brutalement l’homme. Ordre du maître. »
    Aliena,
scandalisée d’entendre l’homme d’armes répliquer sur ce ton intervint :
« Ne dites pas de bêtises ! lança-t-elle. Vous avez la charge de
votre maîtresse ! »
    Le garde
tourna vers elle un regard surpris. « Qu’est-ce que ça peut vous
faire ? fit-il grossièrement.
    — Il
va tomber une violente averse, idiot, répliqua Aliena de son ton le plus
méprisant. Une dame ne voyage pas par un temps pareil. Votre maître vous fera
fouetter pour votre stupidité. » Aliena se tourna vers la comtesse
Elizabeth. La jeune femme la regardait, visiblement soulagée que quelqu’un
prenne son parti contre ce mufle. Une rafale de pluie les gifla avec violence.
Aliena prit sa décision. « Venez avec moi », dit-elle à Elizabeth.
    Le garde
n’avait pas eu le temps de réagir qu’elle entraînait la jeune femme par la
main. La comtesse Elizabeth souriait comme une enfant qui quitte l’école.
Aliena s’attendait que le garde les poursuive et ramène la comtesse de force,
mais un éclair zébra le ciel et la pluie redoubla. Aliena et Elizabeth se mirent
à courir, traversèrent le cimetière et arrivèrent à une maison de bois tout
près de l’église.
    La porte
était ouverte. Elles se précipitèrent à l’intérieur. Un homme à l’air revêche,
en tunique noire ornée d’une

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