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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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croix d’argent, se leva en les voyant entrer.
Aliena savait que le devoir d’hospitalité constituait une charge pour les
prêtres de paroisses, surtout en ces temps difficiles. Pour prévenir toute
résistance, elle déclara d’un ton ferme : « Mes compagnons et moi
avons besoin de nous mettre à l’abri.
    — Je
vous en prie. Vous êtes les bienvenus », marmonna l’homme d’Église.
    C’était
une maison de deux pièces pas très propres et d’un appentis sur le côté pour
les bêtes. Il y avait un tonnelet de vin sur la table. Un petit chien se mit à
japper d’un air agressif lorsque les deux femmes s’assirent.
    Elizabeth
pressa le bras d’Aliena. « Merci beaucoup, murmura-t-elle avec des larmes
de gratitude. Ranulf m’aurait obligée à continuer : il ne m’écoute jamais.
    — Ne
vous tourmentez pas, dit Aliena, ces grands gaillards sont tous des lâches au
fond du cœur. » Elle examina Elizabeth et se rendit compte que la
malheureuse lui ressemblait un peu, en plus jeune et plus faible.
    « Je
suis Élizabeth de Shiring, annonça la jeune femme, et vous ?
    — Je
m’appelle Aliena. Je suis de Kingsbridge. » Elizabeth, trop jeune pour
connaître le nom de celle qui avait provoqué autrefois un scandale en
repoussant William Hamleigh, se contenta de remarquer : « Quel joli
prénom ! Il est rare. »
    Une
souillon au visage ingrat, les bras nus et musclés, arriva de la pièce du fond
et leur offrit une coupe de vin. Sans doute la gouvernante du prêtre, pensa
Aliena, et peut-être même sa femme clandestine, puisque le mariage des
ecclésiastiques était interdit en théorie. Les compagnes des prêtres provoquaient
des histoires sans fin. Obliger le curé à les renvoyer était une décision
cruelle et impopulaire. La plupart des gens, partisans en théorie de la
chasteté pour les prêtres, se montraient généralement tolérants dans la
pratique, parce qu’ils connaissaient souvent la femme qui vivait avec le curé.
L’Église fermait-elle donc les yeux sur ce genre de liaison. Sois
reconnaissante, femme, pensa Aliena, au moins toi tu vis avec ton homme.
    Le garde
et le charretier arrivèrent, les cheveux trempés. Ranulf se planta devant
Elizabeth. « Nous ne pouvons pas faire halte ici. »
    A la
surprise d’Aliena, Elizabeth céda aussitôt. « Bon, dit-elle en se levant.
    — Asseyez-vous »,
s’écria Aliena qui la retint par la main, tout en brandissant un doigt ferme
sous le nez du garde. « Si j’entends un mot de plus de toi, je demanderai
aux villageois de venir au secours de la comtesse de Shiring. Ils savent
comment traiter leur maîtresse, si toi tu n’en as aucune idée. »
    Elle vit
Ranulf hésiter. En cas de bagarre, il aurait vite raison d’Elizabeth et
d’Aliena, et aussi du prêtre et du charretier ; mais il ne tiendrait pas
devant le renfort des villageois.
    « Peut-être,
dit-il enfin, la comtesse préférerait-elle continuer. » Il regarda
Elizabeth d’un air mauvais.
    La jeune
femme paraissait terrifiée.
    « Eh
bien, madame la comtesse… Ranulf demande humblement à connaître votre
volonté. »
    Elizabeth
se tourna vers Aliena.
    « Dites-lui
votre décision, insista celle-ci. Son devoir est d’obéir à vos ordres. »
    L’attitude
d’Aliena donna du courage à la jeune comtesse. Elle prit une profonde
inspiration et déclara : « Nous allons nous reposer ici. Va l’occuper
des chevaux, Ranulf. »
    Ranulf
acquiesça en marmonnant et sortit.
    Elizabeth
le regarda partir d’un air stupéfait.
    « Ça
pisse dru », commenta le charretier.
    Le prêtre
fut choqué par cette vulgarité. « Je suis sûr que ce sera juste une
averse », dit-il d’un ton compassé. Aliena ne put s’empêcher de rire et
Elizabeth l’imita. On avait l’impression que la jeune femme ne riait pas
souvent.
    La pluie
tambourinait avec fracas. Aliena regarda par la porte ouverte. L’église n’était
qu’à quelques mètres, mais on la distinguait à peine. Il fallait s’attendre à
une vraie tempête.
    « As-tu
mis la charrette à l’abri ? demanda Aliena à son charretier.
    — Avec
les bêtes, répondit l’homme.
    — Bon.
Je ne veux pas voir mon tissu feutrer. »
    Ranulf
revint, trempé jusqu’aux os.
    Il y eut
un éclair suivi d’un long grondement de tonnerre.
    « Encore
un mauvais coup pour les récoltes », dit le prêtre d’un ton lugubre.
    Il avait
raison, se dit Aliena. Ce qu’il fallait maintenant, c’était trois

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