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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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dans des sacs,
les cochons ligotés, les vaches tenues à la longe. Les éclairs ininterrompus
illuminaient l’église obscure. Bientôt le charretier apparut avec le chariot
d’Aliena et Ranulf suivit avec les chevaux.
    Aliena
s’adressa au prêtre : « Installons les bêtes d’un côté et les gens de
l’autre, avant que l’église ne commence à ressembler à une étable. » On
semblait avoir accepté le fait que c’était elle qui commandait et le curé
acquiesça de la tête. Peu à peu, on sépara les gens des bêtes. Les femmes
emmenèrent les enfants dans le petit chœur et les hommes attachèrent les animaux
aux piliers de la nef. Les villageois se regroupèrent, vivres et boissons
commencèrent à circuler. Ils s’étaient préparés à un long séjour.
    La
violence de la tempête aurait pu laisser penser qu’elle ne durerait pas.
Hélas ! au contraire elle redoubla d’intensité. Aliena s’approcha d’une
fenêtre. Elle n’était pas en verre, mais faite d’une fine toile translucide qui
pendait en lambeaux accrochés au châssis. Aliena se hissa sur l’appui pour
regarder dehors, mais le rideau de pluie cachait le paysage.
    Le vent se
renforçait encore, hurlant autour des murs de l’église, au point qu’on pouvait
se demander si même là on était en sûreté.
    Aliena fit
le tour de l’édifice. Elle avait vécu assez longtemps auprès de Jack pour
connaître la différence entre la bonne et la mauvaise maçonnerie, et elle fut
soulagée de constater qu’on avait fait ici du bon travail. Il n’y avait pas de
fissures. L’église était construite en blocs de pierres taillées, pas en
moellons, et elle semblait aussi solide qu’une montagne.
    La
gouvernante du prêtre alluma une chandelle. La nuit tombait pour de bon. Les
enfants, épuisés d’avoir couru partout, s’enroulèrent dans leurs manteaux pour
s’endormir. Les poulets blottirent leur tête sous leur aile. Elizabeth et
Aliena s’assirent par terre côte à côte, dos au mur.
    Aliena se
sentait dévorée de curiosité à l’égard de cette pauvre fille qui assumait le
rôle de la femme de William, ce rôle qu’Aliena elle-même avait refusé dix-sept
ans plus tôt. Incapable de se contenir, elle dit « Je connaissais William
quand j’étais jeune fille. Comment est-il maintenant ?
    — Je
le déteste », déclara Elizabeth sans ambages.
    Aliena
hocha la tête, pleine de compassion.
    « Comment
le connaissiez-vous ? » continua Elizabeth.
    Aliena
s’en voulut : elle s’était mise dans un mauvais cas. « A dire vrai,
quand j’avais à peu près votre âge, j’ai failli l’épouser.
    — Non !
Comment se fait-il que vous ne l’ayez pas fait ?
    — J’ai
refusé et mon père m’a soutenue. Mais le scandale a été épouvantable… J’ai
causé beaucoup de malheurs. Enfin, c’est du passé.
    — Vous
l’avez refusé ! fit Elizabeth, vibrante. Vous êtes courageuse. Je voudrais
bien vous ressembler. » Puis son abattement la reprit. « Mais je
n’arrive même pas à résister aux serviteurs.
    — Vous
pourriez fort bien, vous savez, affirma Aliena.
    — Comment ?
Ils ne font même pas attention à moi, parce que je n’ai que quatorze
ans. »
    Aliena
réfléchit, puis entreprit de lui donner une leçon détaillée. « Pour
commencer, vous devez devenir la messagère des désirs de votre mari. Le matin,
demandez-lui ce qu’il aimerait manger, qui il a envie de voir, quel cheval il
aimerait monter, tout ce qui vous passera par la tête. Puis allez trouver le
cuisinier, l’intendant, le garçon d’écurie et transmettez-leur les ordres du
comte. Votre mari vous en sera reconnaissant et se fâchera contre ceux qui ne
vous obéiront pas. Les gens prendront l’habitude de faire selon vos ordres.
Notez ensuite qui vous obéit promptement et qui se fait tirer l’oreille.
Assurez-vous que ceux qui vous aident soient bien traités : donnez-leur
les tâches qu’ils aiment et réservez aux grincheux le sale travail. On
comprendra vite l’intérêt de faire plaisir à la comtesse. On vous aimera
beaucoup plus que William, qui de toute façon n’est guère sympathique. Vous
finirez par représenter un vrai pouvoir. D’ailleurs, c’est le cas de la plupart
des comtesses.
    — A
vous entendre, commenta Elizabeth, pensive, cela paraît facile.
    — Non,
ce n’est pas facile, mais si vous êtes patiente et si vous ne vous laissez pas
décourager trop aisément, vous pouvez

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