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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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semaines de
chaud soleil.
    Il y eut
un nouvel éclair, un coup de tonnerre prolongé et une rafale qui ébranla la
maison. De l’eau glacée tomba sur la tête d’Aliena qui leva les yeux, aperçut
une brèche dans le toit de chaume. Elle se déplaça pour se mettre à l’abri. La
pluie s’engouffrait aussi par la porte, mais personne ne semblait vouloir la
fermer.
    Aliena
s’approcha d’Elizabeth. Elle était toute pâle, frissonnait bien qu’il ne fît
pas froid. Aliena la serra contre elle.
    « J’ai
peur, murmura la jeune comtesse.
    — Ça
n’est qu’un orage », dit Aliena, rassurante.
    Il
commençait à faire très sombre dehors, alors qu’il n’était que midi. Aliena
vint près de la porte. Le ciel était d’un gris de fer. On n’avait jamais vu un
temps si bizarre en été. Le vent soufflait en tempête, un éclair illumina des
objets que la bourrasque faisait tourbillonner : une couverture, une
écuelle, un tonneau vide.
    Aliena
retourna s’asseoir, un peu inquiète. Une nouvelle rafale ébranla la maison. Le
mât central qui maintenait le faîte du toit tremblait. La maison était l’une
des mieux construites du village : si la tempête l’ébranlait, les pauvres
masures devaient être près de s’écrouler. Elle se tourna vers le prêtre. « Si
l’orage empire, il va falloir rassembler les villageois à l’abri dans l’église,
déclara-t-elle.
    — Je
refuse de sortir par un temps pareil », répliqua le prêtre avec un petit
rire méprisant.
    Aliena le
dévisagea d’un œil incrédule. « Ce sont vos ouailles, vous êtes leur
berger ! »
    Le prêtre
la toisa d’un regard insolent. « C’est à l’évêque que je dois des comptes,
pas à vous. Je ne vais tout de même pas faire n’importe quoi parce que vous en
décidez ainsi !
    — Mettez
au moins l’attelage de labour au sec », dit Aliena. La plus précieuse
richesse d’un village comme celui-ci était l’attelage de huit bœufs qui
tiraient la charrue commune. Sans ces bêtes, les paysans ne pouvaient plus
cultiver leur terre car aucun ne pouvait se permettre de posséder un attelage
de labour personnel. Le prêtre devait en connaître la valeur : sa
prospérité en dépendait aussi.
    « Nous
n’en avons pas, répondit le prêtre.
    — Comment
cela ? s’exclama Aliena, stupéfaite.
    — Nous
avons dû vendre quatre bœufs pour payer le loyer ; puis nous avons tué les
autres l’hiver dernier : on n’avait plus de viande. »
    Voilà
pourquoi les champs étaient en friche ! Les paysans n’avaient pu cultiver
que les terres plus légères, en utilisant des chevaux ou de la main-d’œuvre
humaine pour tirer la charrue. Cette situation était intolérable ! Quelle
stupidité, mais aussi quelle cruauté de la part de William d’obliger ce village
à vendre son attelage de labour ! Sans lui, les paysans déjà en difficulté
n’avaient plus aucun moyen de payer leurs loyers futurs. Si elle avait tenu
William à cet instant. Aliena l’aurait étranglé !
    Une
violente bourrasque secoua la maison. Un côté du toit se souleva de quelques
pouces en s’écartant du mur et, par la brèche, Aliena vit le ciel noir sillonné
d’éclairs. Elle se leva d’un bond au moment où le chaume s’abattait dans la
pièce. Les choses commençaient à devenir dangereuses. Par-dessus le fracas de
la tempête, elle cria au prêtre : « Allez ouvrir la porte de
l’église ! »
    De
mauvaise grâce, il obéit. Il prit une clé dans un coffre, passa un manteau et
disparut derrière le rideau de pluie. Aliena distribuâtes autres rôles :
« Toi, le charretier, amène mon chariot et mes bœufs dans l’église.
Ranulf, prends les chevaux. Elizabeth, venez avec moi. »
    Elles
mirent leurs capes et sortirent. Le vent soufflait avec une telle violence
qu’elles durent se tenir par la main pour garder leur équilibre. Elles
réussirent à traverser le cimetière. La pluie avait fait place à la grêle et de
petits œufs de glace rebondissaient sur les pierres tombales. Dans un coin du
cimetière, Aliena aperçut un pommier aussi nu qu’en plein hiver. La tourmente
avait arraché ses feuilles et ses fruits. Il n’y aura pas beaucoup de pommes
dans le comté cet automne, se dit-elle.
    Elles
atteignirent l’église et s’y engouffrèrent. Se retrouver ainsi au calme,
c’était comme devenir sourd. Certains des villageois étaient déjà arrivés,
trempés, accompagnés de leurs maigres biens : les poulets

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