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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Père et
tous les autres bouts de prières dont il pouvait se souvenir. Au bout d’un
moment, il se dit qu’il y avait peut-être mieux à faire : brûler des
cierges par exemple : payer des prêtres et des moines pour dire
régulièrement des messes pour elle ; peut-être même faire construire une
chapelle pour le repos de son âme. Mais tout cela lui paraissait encore
insuffisant. Il lui semblait la voir, secouant la tête, blessée et déçue et lui
répétant : « Laisseras-tu encore longtemps ta mère
souffrir ? »
    Il sentit
une main sur son épaule et releva la tête. L’évêque Waleran se tenait devant
lui, toujours vêtu de la magnifique robe rouge qu’il portait à la Pentecôte.
Ses yeux noirs scrutaient ceux de William et celui-ci eut le sentiment que ce
regard pénétrait tous ses secrets. « Pourquoi pleurez-vous ? »
demanda Waleran.
    William se
rendit compte qu’il avait le visage baigné de larmes. « Où est-elle ?
interrogea-t-il.
    — Elle
est allée se faire purifier par le feu.
    — Est-ce
qu’elle souffre ?
    — Terriblement.
Mais pour ceux qui nous sont chers, nous pouvons hâter la fin de ce châtiment
horrible infligé à leur âme.
    — Je
ferais n’importe quoi ! sanglota William. Dites-moi simplement
quoi ! »
    Les yeux
de Waleran étincelaient de cupidité. « Bâtissez une église, dit-il, comme
celle-ci. Mais à Shiring. »
     
    Une fureur
froide envahissait Aliena chaque fois qu’elle traversait les terres qui
autrefois avaient appartenu à son père. Les fossés bouchés, les clôtures
abattues, les étables délabrées la choquaient ; les champs en friche
l’attristaient, et les villages abandonnés lui brisaient le cœur. La faute n’en
revenait pas seulement aux mauvaises récoltes. Le comté aurait pu nourrir sa
population, même cette année, s’il avait été convenablement géré. Mais William
Hamleigh ne savait pas mettre en valeur ses biens. Pour lui, le comté était un
coffre personnel où il n’avait qu’à puiser, pas la terre nourricière de
milliers de gens. Lorsque ses serfs n’avaient pas à manger, il les laissait
mourir de faim. Quand ses fermiers ne pouvaient pas payer leurs loyers, il les
jetait dehors. Et la surface des terres cultivées avait diminué, car les champs
des fermiers ainsi dépossédés étaient retournés à leur état naturel. William
n’avait pas l’intelligence de voir qu’à long terme il travaillait contre son
propre intérêt.
    Le pire
pour Aliena, c’était qu’elle s’estimait en partie responsable de cette
déchéance. Richard et elle n’avaient pas réussi à récupérer la propriété
familiale. Ils avaient renoncé depuis qu’Aliena avait perdu toute sa fortune.
Mais la blessure n’était pas guérie et la promesse faite à son père obsédait
encore Aliena.
    Chaque
fois qu’elle pensait au temps béni où elle avait auprès d’elle sa présence
brillante, fière et sévère, elle ressentait comme un coup d’épée la douleur de
sa disparition. Sa vie, à partir de l’instant où le comte avait été fait
prisonnier, lui semblait avec le recul une série de vaines activités… jusqu’au
jour où Jack était entré dans sa vie.
    Mais, peu
à peu, l’interdiction d’épouser Jack avait tout flétri. Elle en était venue à haïr
le prieur Philip qu’elle considérait jadis comme son sauveur et son mentor.
Depuis des années maintenant, elle n’avait pas eu avec lui une conversation
amicale. Bien sûr, ce n’était pas sa faute si l’annulation était régulièrement
refusée. Mais c’était lui qui avait insisté pour les faire vivre séparés et
Aliena ne pouvait s’empêcher de lui en vouloir.
    Elle
adorait ses enfants et s’inquiétait de devoir les élever de façon si bizarre,
avec un père qui partait à l’heure du coucher. Jusqu’alors, par bonheur, ils
n’en semblaient pas affectés : Tommy était un robuste et beau garçon qui
aimait courir, jouer au ballon et au soldat ; Sally, une charmante
fillette qui racontait d’interminables histoires à ses poupées, adorait
regarder Jack tracer ses plans. Leur amour simple était le seul élément solide
et normal dans l’étrange vie d’Aliena.
    Elle
souffrait plus profondément du malheur de Jack. Elle l’adorait, personne ne
savait à quel point, sauf peut-être Ellen qui comprenait tout. Elle l’aimait
parce qu’il l’avait ramenée à la vie. Elle était comme une chenille dans un
cocon et lui l’en avait

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