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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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monastères du pays. Il s’agissait d’un prieuré cathédrale avec pour
église une cathédrale, le siège d’un évêque, en théorie l’abbé du monastère
bien qu’en pratique celui-ci fut dirigé par son prieur. « Le prieur James
est un vieil ami, expliqua l’abbé Peter à Philip. Depuis quelques années, il me
semble avoir perdu courage, je ne sais pas pourquoi. En tout cas Kingsbridge a
besoin de sang nouveau. James en particulier a des problèmes avec une des
annexes de son prieuré, un petit couvent dans la forêt, et il a désespérément
besoin d’un homme sur qui il puisse totalement compter pour ramener ce
monastère sur le chemin de sainteté.
    — Je
vais donc en devenir le prieur ? » Dit Philip avec surprise. L’abbé
acquiesça. « Et si nous avons raison en pensant que Dieu te réserve
beaucoup de travaux, nous pouvons nous attendre à ce qu’il t’aide à résoudre
les problèmes de cette communauté.
    — Et
si nous nous trompons ?
    — Tu
peux toujours revenir ici et être mon cellérier. Mais nous ne nous trompons
pas, mon fils ; tu verras. »
    Les adieux
se firent dans les larmes. Philip avait passé dix-sept ans ici et les moines
étaient sa famille désormais plus réelle pour lui que les parents qu’on lui
avait sauvagement arrachés. Sans doute ne reverrait-il jamais ces moines et
cela l’emplissait de tristesse.
    Kingsbridge
tout d’abord l’impressionna. Entouré de murs, le monastère était plus grand que
de nombreux villages ; la cathédrale lui parut une vaste et sombre
caverne ; la maison du prieur, un petit palais. Mais une fois habitué aux
dimensions peu communes de l’ensemble, Philip perçut les signes de ce
découragement que l’abbé Peter avait remarqués chez le vieil ami le prieur.
L’église avait visiblement besoin d’importantes réparations. On expédiait
précipitamment les prières ; on ne cessait d’enfreindre la règle de
silence ; et il y avait trop de serviteurs, plus de serviteurs que de
moines. Philip était furieux. Il aurait voulu prendre le prieur James à la
gorge, le secouer et dire : « Comment osez-vous faire cela ?
Comment osez-vous adresser à Dieu des prières hâtives ? Comment osez-vous
laisser les novices jouer aux dés et les moines avoir des chiens de
compagnie ? Comment osez-vous vivre dans un palais, entouré de serviteurs,
alors que l’église de Dieu tombe en ruine ? » Naturellement, il ne
dit rien de la sorte. Il eut une brève et formelle entrevue avec le prieur
James, grand, maigre et voûté, qui semblait porter sur ses épaules le poids des
malheurs du monde. Puis il parla au sous-prieur, Remigius. Au début de leur
conversation, Philip laissa entendre qu’à son avis le prieuré aurait besoin de
quelques changements, s’attendant à entendre l’adjoint de l’abbé acquiescer de
tout cœur. Mais Remigius toisa Philip avec l’air de dire pour qui vous
prenez-vous ? Et changea de sujet.
    Remigius
expliqua que la communauté de Saint-John-en-forêt, fondée trois ans plus tôt
avec de la terre et quelques biens, aurait dû maintenant subvenir à ses propres
besoins, mais continuait à dépendre de la maison mère en matière
d’approvisionnement. Il y avait d’autres problèmes : un diacre, qui avait
passé la nuit là-bas, avait critiqué la façon dont étaient célébrés les services.
Des voyageurs prétendaient avoir été dépouillés dans cette région par des
moines ; on parlait aussi d’impureté.
    Que
Remigius ne pût ou ne voulût pas donner des détails précis n’était qu’un signe
de plus de la négligence qui régnait. Philip partit, tremblant de rage. Un
monastère se devait de glorifier Dieu faute de quoi il ne représentait rien.
Mais le prieuré de Kingsbridge était pire : il faisait honte à Dieu par
son laisser-aller. Mais Philip était impuissant devant cette gabegie. Le mieux
qu’il pouvait espérer, c’était de réformer une des communautés de Kingsbridge.
    Durant les
deux jours à cheval qu’il fallut pour gagner son nouveau poste, il rumina les
maigres informations que l’on lui avait fournies et songea tout en priant à la
façon dont il aborderait ces problèmes. Il serait bien avisé, décida-t-il, de
s’avancer d’abord avec prudence. Un prieur normalement était élu par les
moines ; mais, dans le cas d’une communauté qui n’était qu’une annexe du
monastère principal, le prieur de la maison mère pouvait simplement imposer son
choix.

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