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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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prieuré de Kings-bridge continuerait à décliner tant que
le prieur James vivrait.
     
    Ils
enveloppèrent le bébé dans de la toile propre et le couchèrent dans un grand
panier à pain en guise de berceau. Son petit ventre plein de lait de chèvre, il
s’endormit. Philip chargea Johnny Huit Pence de s’occuper de lui car, bien
qu’il fût un peu demeuré, Johnny avait la main douce pour les créatures petites
et frêles.
    Impatient
de savoir ce qui avait amené Francis au monastère, Philip fit quelques
allusions durant le dîner, mais Francis ne réagit pas et son frère dut réprimer
sa curiosité.
    Après le
dîner, venait l’heure d’étude. On n’avait pas ici de cloître à proprement
parler, mais les moines pouvaient s’asseoir sous le porche de la chapelle et
lire, ou bien se promener dans la clairière. Ils avaient le droit d’entrer de temps
en temps dans la cuisine pour se réchauffer auprès du feu, selon la coutume.
Philip et Francis se promenèrent côte à côte autour de la clairière, ainsi
qu’ils le faisaient autrefois dans le cloître du monastère au pays de
Galles ; et Francis se mit à parler.
    « Le
roi Henry a toujours traité l’Église comme une dépendance de son royaume,
commença-t-il. Il a donné des ordres aux évêques, levé des impôts et empêché
l’exercice direct de l’autorité papale.
    — Je
sais, dit Philip. Et alors ?
    — Le
roi Henry est mort. »
    Philip
s’arrêta net. Il ne s’attendait pas à cette nouvelle.
    Francis
reprit : « Il est mort dans son pavillon de chasse de Lyons-la-Forêt,
en Normandie, après un repas de lamproies, qu’il adorait, même si elles ne lui
réussissaient pas.
    — Quand
cela ?
    — Nous
sommes aujourd’hui au premier jour de l’année, c’était donc il y a exactement
un mois. »
    Philip fut
bouleversé. Depuis sa naissance, Philip avait eu Henry pour roi. Il n’avait
jamais vécu la mort d’un roi, mais il savait que cela signifiait des troubles
et peut-être la guerre. « Que va-t-il se passer maintenant ? »
demanda-t-il fort inquiet.
    Ils
reprirent leur marche. « Le problème, dit Francis, c’est que l’héritier du
roi a péri en mer voilà bien des années – tu t’en souviens peut-être.
    — En
effet. » Philip avait alors douze ans. Ce premier événement d’importance
nationale à pénétrer sa conscience d’enfant lui avait fait prendre conscience
du monde extérieur au monastère. Le fils du roi avait péri dans le naufrage
d’un vaisseau appelé le Bateau blanc, juste au large de Cherbourg. L’abbé
Peter, en racontant tout cela au jeune Philip, avait redouté que la guerre et
l’anarchie suivent la mort du prince héritier ; mais le roi Henry garda le
contrôle du royaume et la vie continua paisiblement pour Philip et Francis.
    « Le
roi, bien entendu, avait d’autres enfants, poursuivit Francis, au moins vingt,
y compris mon suzerain, le comte Robert de Gloucester ; mais, comme tu le
sais, ce sont tous des bâtards. Malgré sa fécondité effrénée, il n’a réussi à
engendrer qu’un autre enfant légitime – et c’est une fille, Maud. Un bâtard ne
peut pas hériter du trône, mais une femme ne vaut guère mieux.
    — Le
roi Henry n’a pas désigné d’héritier ? dit Philip.
    — Si,
il a choisi Maud. Elle a un fils, qui s’appelle aussi Henry. C’était le vœu le
plus cher du vieux roi que son petit-fils héritât du trône. Mais l’enfant n’a
pas encore trois ans. Alors le roi a obligé les barons à jurer fidélité à
Maud. »
    Philip
s’étonna. « Si le roi a fait de Maud son héritière et que les barons lui
ont déjà prêté serment de loyauté… quel est le problème ?
    — La
vie de cour n’est jamais aussi simple, répondit Francis. Maud est mariée à
Geoffroi d’Anjou. L’Anjou et la Normandie sont rivales depuis des générations.
Nos suzerains normands détestent les Angevins. Franchement, quel optimisme de
la part du vieux roi que d’espérer qu’une bande de barons anglo-normands
remettraient l’Angleterre et la Normandie à une Angevine, serment ou pas
serment. »
    Les propos
informés de son frère cadet et son manque de respect pour les hommes les plus
importants du pays surprenaient quelque peu Philip : « Comment
sais-tu tout cela ?
    — Les
barons se sont réunis au Neubourg pour décider quoi faire. Il va sans dire que
mon suzerain, le comte Robert, était là ; et je l’ai accompagné pour
écrire ses

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