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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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brouillait : c’était un prieur qu’ils allaient
élire, pas un évêque.
    Mais
Waleran poursuivait : « Évidemment, les moines ne seront pas
complètement libres de choisir qui leur plaît comme évêque, car l’archevêque et
le roi lui-même auront leur opinion. Mais, en fin de compte, ce sont les moines
qui légitimisent la nomination. Et, quand ce temps viendra, vous aurez tous les
trois une puissante influence sur la décision. »
    Cuthbert
hochait la tête d’un air entendu, et Philip à son tour commençait à se douter
de la suite.
    « Vous
voulez, conclut Waleran, que je vous fasse prieur de Kings-bridge. Je veux que
vous me fassiez évêque. »
    C’était
donc cela !
    Philip
contempla en silence Waleran. Tout devenait très simple. L’archidiacre
proposait un marché.
    Philip fut
scandalisé. On n’en était pas tout à fait à acheter et vendre une charge
ecclésiastique, ce que l’on rangeait sous le péché de simonie ; mais cela
vous avait quand même un relent désagréablement commercial.
    Il essaya
de réfléchir objectivement à la proposition. Il deviendrait donc prieur. Son
cœur battit plus vite à cette pensée. Cela voulait dire qu’à un moment Waleran
deviendrait sans doute évêque. Serait-il un bon évêque ? Il serait
certainement compétent. Il semblait ne pas avoir de vices graves. Il avait un
point de vue pratique et mondain sur le service de Dieu, mais après tout Philip
aussi. Philip avait le sentiment que Waleran avait un côté impitoyable qui lui
manquait à lui-même, mais il sentait aussi que cette dureté se fondait sur une
sincère détermination de protéger et de développer les intérêts de l’Église.
    Qui
d’autre pourrait être candidat quand l’évêque mourrait ? Sans doute
Osbert. On voyait souvent des charges ecclésiastiques passer de père en fils,
malgré l’obligation officielle du célibat des prêtres. Osbert, manifestement,
serait un risque plus grand pour l’Église comme évêque que comme prieur. Cela valait
de soutenir un candidat pire que Waleran rien que pour barrer la route à
Osbert.
    Y
aurait-il quelqu’un d’autre dans la course ? Impossible de le deviner. Des
années pouvaient s’écouler avant la mort de l’évêque.
    Cuthbert
s’adressa à Waleran : « Nous ne pouvons pas vous garantir l’élection.
    — Je
sais, dit Waleran. Je ne demande que votre nomination. D’ailleurs c’est
exactement ce que j’ai à vous offrir en retour : une nomination. »
    Cuthbert
acquiesça. « Je suis d’accord, dit-il gravement.
    — Moi
aussi », ajouta Milius.
    L’archidiacre
et les deux moines regardèrent Philip. Celui-ci hésitait, déchiré. Ce n’était
pas à son avis la bonne façon de choisir un évêque, il le savait ; mais le
prieuré était à portée de sa main. Peut-être ne convenait-il pas d’échanger une
sainte charge pour une autre, comme des maquignons – mais, s’il refusait, le
résultat serait que Remigius deviendrait prieur et Osbert évêque.
    Toutefois
les arguments rationnels n’étaient plus de mise. Le désir d’être prieur
bouillait en lui comme une force irrésistible, et il ne pouvait pas refuser. Il
se rappela la prière qu’il avait adressée la veille, dans laquelle il disait à
Dieu qu’il comptait se battre pour obtenir le poste. Il ferma alors les yeux et
lui en adressa une autre : Si Vous ne voulez pas que cela arrive, alors,
faite taire ma langue, paralysez ma bouche, arrêtez mon souffle dans ma gorge
et empêchez-moi de parler.
    Puis il
regarda Waleran et dit : « J’accepte. »
    Le lit du
prieur était énorme, trois fois aussi large que tous ceux où Philip avait
jamais dormi. Le cadre en bois se dressait à mi-hauteur d’homme, et il y avait
dessus un matelas de plumes. Tout autour des rideaux protégeaient des courants
d’air, et sur le tissu les mains patientes d’une femme pieuse avaient brodé des
scènes bibliques. Philip examinait la pièce avec perplexité. Il lui semblait
extravagant que le prieur eût une chambre à lui tout seul : Philip n’avait
jamais de sa vie eu sa chambre à lui, et cette nuit serait la première fois
qu’il dormait seul. Mais le lit, c’était trop. Il envisagea de faire apporter
une paillasse du dortoir et transporter le lit à l’infirmerie où il fournirait
une couche confortable aux vieux os d’un moine malade. Mais, naturellement, le
lit n’était pas seulement destiné à Philip. Quand le prieuré recevait un

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