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Les Poilus (La France sacrifiée)

Les Poilus (La France sacrifiée)

Titel: Les Poilus (La France sacrifiée) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Miquel
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vingt ans tout juste, il est déjà un survivant. Aussi est-il nommé rapidement maréchal des logis, dès le 23 août, sur le tambour. Il a le commandement d’une pièce mais se porte bientôt volontaire, seul de la batterie, comme bombardier de tranchée. Il suit les cours des écoles à feu pour mortiers de 15 et 90 cm. Il apprend à manœuvrer le nouveau mortier de 58. Depuis février 1915 il partage la vie des fantassins dans les tranchées, organise une section de bombardiers de seize hommes. Il ne tarde pas à être nommé adjudant à la batterie des mortiers et se fait enterrer plusieurs fois par des torpilles allemandes dans la région de Verdun.
    Au cours de l’offensive de juillet, il est cité à l’ordre de la division et nommé sous-lieutenant à titre provisoire, à vingt et un ans. Joffre, reconnaissant l’évidente efficacité des mortiers de tranchée, a créé un insigne spécial pour les encourager dans leur périlleuse besogne. Donati, recruté dans le rang comme officier, est alors muté à l’artillerie divisionnaire du 15 e corps, comme commandant de batterie. À la tranchée où il dispose ses pièces, il rencontre les survivants du 173 e de Corte, des camarades du lycée de Bastia dont Papa Giudici est capitaine, l’avocat Peraldi sous-lieutenant. Son oncle Georges est « cabot-patate ». Son frère Charles est absent. Il est parti aux Dardanelles.
    Donati est engagé dans la II e armée de Pétain qui attaque en Champagne. Il est expert en bombes, et fait des démonstrations avec ses hommes devant les généraux. Il n’est pas de la première offensive du 26 septembre et son rôle se borne à organiser une fausse attaque sur le front de Craonne. L’avance en Champagne n’a pas été suffisante pour ébranler toute la ligne du front. Donati trompe son angoisse en tendant des collets pour manger du lapin. Sa batterie attaque au début d’octobre, enlevée par camions autos, sur le front de Suippes. Il dispose ses mortiers dans les tranchées. On l’a appelé d’urgence parce que les canons de 75 n’ont pas réussi à rompre les réseaux de barbelés. Les mortiers vont tirer neuf cents bombes pour préparer l’attaque, bouleversant les tranchées ennemies. Mais le soutien de l’artillerie française est insuffisant. Les salves de 77 s’abattent sur les bombardiers dans les tranchées. Donati est « aveuglé par une flamme, étourdi par une explosion toute proche avec une violente douleur au crâne et à la figure ». Inondé de sang, il est évacué d’urgence. Les tirs de barrage des 150 et des 210 ennemis sont irrésistibles.
    Le général Curé avertit qu’au 9 e corps il ne reste plus d’artillerie divisionnaire que seize canons, dont dix suspects. À l’armée Pétain, la 31 e division, estimant la préparation d’artillerie insuffisante, n’a pas exécuté son attaque du 26 septembre. Dès le soir du 26, on donne partout des instructions pour ménager les munitions d’artillerie. Les obus manquent aussi. Franchet d’Esperey, chef de la V e armée, se plaint de n’avoir pu maîtriser, faute de munitions, les batteries ennemies de la région de Craonne.
    Dès le 26, Foch arrive à la conclusion que l’attaque en Artois vient d’échouer et qu’il doit dégager les unités valides pour permettre à Joffre de l’emporter sur le front de Champagne. Mais comment décrocher, alors que les Anglais progressent ? Une fois encore, au lieu d’arrêter l’offensive, Joffre a recours à Grossetti qu’il nomme chef d’un groupement d’unités chargées de réaliser la percée, dont la 16 e division fraîche d’infanterie coloniale. On achemine de l’Est des troupes reposées, des réservistes de l’Ouest, comme ceux du 122 e de La Rochelle. La noria est engagée, rien ne peut l’arrêter.
    Un général de division, Paulinier, doit menacer ses chefs d’unités. Ils n’ont pas le droit de lancer leurs hommes à l’attaque tant qu’ils ne sont pas sûrs que les « défenses accessoires ont été neutralisées ». C’est dire à quel point les attaques ont pu être lancées à la légère [58] . Le général de Villaret, de la IV e armée, avertit que « les pertes subies sont extrêmement sérieuses ». Sa 14 e division ne compte plus que 2 000 fusils, et la 37 e n’est pas plus forte. Va-t-il renoncer à l’assaut de la deuxième position ? Nullement. Il va faire intervenir une division fraîche. L’offensive ira jusqu’à son terme, jusqu’à

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