Les Poilus (La France sacrifiée)
civils ni les militaires ne voulaient accepter de reconnaître la défaite en Allemagne.
LA GUERRE DE TRENTE ANS
Allemagne, France, Italie, Belgique, Serbie, Autriche-Hongrie, Russie, Grande-Bretagne, États-Unis, Chine, Japon, tels sont les protagonistes de la guerre de trente ans commencée après Sarajevo en août 1914, terminée à Berlin en mai 1945. Les Américains franchissent alors le Rhin pour les raisons mêmes qui les poussaient à intervenir dans le conflit européen en 1917. Ils n’acceptent pas une suprématie mondiale assurée par une Europe allemande. Ils sont une fois encore solidaires des intérêts britanniques, décidés à porter un coup d’arrêt. Ils ne s’engagent pas au nom des droits de l’homme en 1939 quand ceux-ci sont manifestement bafoués. Ils n’interviennent qu’au moment où ils jugent que leurs intérêts mondiaux sont en jeu.
Ils arrivent toujours tard en Europe, en 1942 seulement, comme jadis en 1917, après trois ans de guerre. Mais ils dominent la fin des deux conflits par le nombre des soldats mobilisés, la puissance de l’industrie et des investissements de guerre, la capacité affirmée déjà en 1918 mais confirmée puissamment en 1945 de prendre en charge la gestion du monde, et sa protection contre la révolution bolchevique de 1917, accouchant en 1945 de l’hypernationalisme impérialiste stalinien.
Engagement idéologique ? Sans doute, respect du droit international à créer, de la liberté à imposer, de toutes les libertés, de penser, de publier, de voter et aussi d’entreprendre. Un engagement dans une politique de paix mondiale garantissant la libre circulation des hommes, des biens, de l’argent. Avec le souci, en 1945, mais déjà en 1918, de réparer les crimes de guerre, d’opposer le droit à la force et à la violence et de punir les coupables au nom des droits de l’homme.
Les banquiers puritains du Nord-Est qui décident de la politique américaine, mais aussi les descendants de Jefferson le juriste virginien autodidacte, le premier à concevoir une sorte d’Empire mondial du droit initié par les États-Unis, ne partagent pas la méfiance des nations catholiques européennes à l’égard de l’argent. Ils croient au dollar civilisateur, à la vertu de l’investissement productif, celui qui offre la paix par le travail et le profit. In God we trust.
À la fin de chacune des deux guerres, leur réaction est identique. Wilson le Juste s’embarque sur le George Washington pour régler en personne les affaires continentales et mettre à jamais l’Europe à l’abri des conflits grâce à l’instauration de la Société des nations. Il pense que la paix dépend du développement économique et de la multiplication des échanges. La constitution de petites nations indépendantes, la disparition des grands Empires, la démocratisation de l’Allemagne lui paraissent les conditions nécessaires, mais non suffisantes, de la pacification du continent.
Mais un milliardaire américain débarque très vite en Russie pour aider Lénine à vaincre la famine et développer la NEP. Il pense que le dollar aura raison du communisme, que la révolution ne durera pas.
Il faut, en complément, redresser l’économie européenne, pour la mettre à l’abri du bolchevisme, et faire de l’Europe un partenaire convenable pour l’économie américaine. Dans cette optique, redresser au plus tôt la machine allemande, la reconvertir à la production civile. Prendre le relais de la Grande-Bretagne, handicapée par les pertes immenses de sa marine marchande et par la disparition de ses réserves en or et en capitaux. Vrais vainqueurs de la Première Guerre pour l’activité industrielle et minière, le commerce, la finance, les Américains font rouler leur or dans le Pacifique, dominent l’Atlantique, investissent déjà massivement dans le pétrole du golfe Persique, dédaignant la Méditerranée européenne et fermée.
Ils souhaitent une Allemagne bornée, limitée, transparente, mais ouverte au capital productif. Ils ont besoin de sa stabilité financière pour accumuler les placements dans les industries allemandes de pointe, automobile, électricité, aviation commerciale, chimie, et développer leurs exportations. S’ils se retirent de la paix de Versailles, dont le traité est refusé par le Sénat en majorité républicain isolationniste, ils restent présents, et même vigilants, dans les conférences de règlement de la dette de guerre
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