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Les Poilus (La France sacrifiée)

Les Poilus (La France sacrifiée)

Titel: Les Poilus (La France sacrifiée) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Miquel
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pleine relève deux divisions allemandes. Les zouaves se faufilent dans les blés très hauts sans être repérés avant de se jeter sur les tranchées à peine aménagées. À 8 h 50, la première ligne est enlevée, la seconde abordée. Une batterie est prise à la baïonnette, on compte plus de trois cents prisonniers.
    Les mortiers Stokes, les canons légers de 12 matraquent les renforts allemands. Bien soutenue par l’artillerie, l’infanterie d’assaut a enfoncé le centre ennemi sans trop de pertes. La X e armée a été soutenue dans son mouvement par la V e de Degoutte, qui aligne de l’Ourcq à la Marne 9 divisions dont 3 américaines, 1 000 canons, 350 avions, 147 chars. Les armées Gouraud, Berthelot et Mitry sont en branle, pour fixer les divisions allemandes sur leurs lignes.
    À son quartier général de Mons, la mort dans l’âme, Ludendorff décide d’annuler provisoirement son attaque dans les Flandres pour envoyer l’armée von Eben au secours sur la Marne. Les Alliés ont progressé de dix kilomètres sur un front de cinquante. Degoutte a repris Château-Thierry, dans la nuit du 27 au 28 juillet, les Allemands évacuent Fère-en-Tardenois. Les généraux français peuvent envoyer à Paris les trois cents canons allemands, trophées de la victoire.
    Il y avait, dans cette victoire, de la gloire pour tous les poilus, anciens et nouveaux, coloniaux, joyeux, ou biffins de la dernière classe. On évacue déjà vers l’Alsace les héros du 233 e de Lille qui a perdu plus d’un tiers des siens. « C’est à Plessier sur le Plateau, chantent-ils, qu’on a laissé la peau. »
    L’infanterie coloniale du Maroc doit être de nouveau recomplétée. Une fois de plus, ses officiers sont morts à l’assaut. Le capitaine Van Vollenhoven a été tué sur la route de Château-Thierry à Soissons. Les Français n’étaient pas les seuls à avoir payé la victoire au prix du sang : 20 000 Anglais et plus de 10 000 Américains manquaient à l’appel.
    Le soldat Bidali, du 48 e régiment d’infanterie de Guingamp, était de la danse [121] . Son régiment attaquait les hauteurs fortifiées du Grand-Rozoy, sur la route de Soissons à Château-Thierry, en direction de Fère-en-Tardenois, pour résorber la poche allemande de la Marne. Les fantassins du 233 e d’Arras avaient déjà libéré Le Plessier-Huleu avec toutes les unités de la l rc division de la X e armée de Mangin. Les gars du Nord étaient mélangés avec des poilus venus de Perpignan, les anciens du 53 e affectés au 233 e en mars 1917, quand le régiment avait été décimé. Ils étaient alors trois cents. Il n’en restait plus qu’une quinzaine. La plupart étaient morts en avril à Craonne. Les autres avaient laissé leur peau en Belgique, pendant la retraite de Sermoise.
    L’agent de liaison Blézel, de Saint-Omer, apportait les ordres au sergent Wafflard, du Nord, qui commandait la compagnie d’engins Stokes. Il fallait tirer sur un blockhaus qui gênait la progression en face de Blanzy. Des Bretons, des Sarthois combattaient aux côtés des Lillois. Ils avaient traversé le grand marécage de Longpont « tout plein de macchabées », avant de s’engager derrière la division marocaine, sous le feu des Allemands qui tiraient du village de Corcy.
    Pas d’attaque. Les fantassins s’abritaient dans une dépression du terrain, attendant leur tour de valse. L’artillerie devait d’abord détruire les obstacles : ordre du commandement. Les fantassins étaient devenus trop précieux pour qu’on les fasse tuer inutilement dans les réseaux non détruits de barbelés. On attendait l’attaque des chars.
    Les poilus rendaient visite aux tankistes qui nettoyaient leurs engins protégés par des toiles camouflées. Chaque tourelle alignait un tube de 75 et deux de 37. « Que de vies de poilus sauvées avec nos tanks, dit un mécano, mais les gros, ce n’est pas bien le filon, on est vite repérés et on est descendus, tandis qu’avec les petits on resté moins en place et les Boches n’ont pas si beau jeu. »
    Le régiment progresse le lendemain sur le village de Blanzy, par colonnes d’escouades. Les nids de mitrailleuses sont d’abord attaqués au mortier, quand ils ont résisté au canon des chars. On braque les « tuyaux de poêle » sur trépieds des engins Stokes. Un régiment d’artillerie prend position en renfort, dans un tournoiement de chevaux au galop.
    « Foutez-moi le camp, dit un lieutenant aux

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