Les quatre livres des stratagèmes
magistrats
s’étant présentés dès le point du jour, il leur promit de rendre
les clefs, si tel était le désir unanime des habitants d’Henna.
Aussitôt le peuple entier se réunit au théâtre, demanda à grands
cris les clefs, et manifesta ainsi la résolution de quitter le
parti des Romains. Alors Pinarius donna aux soldats le signal
convenu, et tous les habitants furent massacrés.
23 Iphicrate, général athénien, ayant
donné à sa flotte l’apparence de celle des ennemis, se dirigea vers
une ville alliée dont la fidélité lui était suspecte. Les
démonstrations de joie avec lesquelles il fut accueilli lui ayant
dévoilé la perfidie des habitants, il livra la ville au
pillage.
24 Tib. Gracchus ayant déclaré que ceux
des esclaves volontaires [135] de
son armée qui se montreraient braves recevraient leur liberté, et
que les lâches seraient mis en croix, quatre mille d’entre eux, qui
avaient combattu avec peu d’ardeur, s’étaient réunis sur une
colline fortifiée, par crainte du châtiment. Il leur envoya dire
que tout le corps des volontaires était victorieux à ses yeux,
puisque l’ennemi avait été mis en déroute ; et, après les
avoir ainsi affranchis des effets de sa menace [136] et de toute crainte, il les reçut dans le camp.
25 Après la bataille de Thrasymène, qui
fut si désastreuse pour les Romains, six mille hommes s’étant
rendus à Hannibal par une capitulation, il renvoya généreusement
dans leurs villes les alliés latins, en leur disant qu’il ne
faisait la guerre que dans le but de rendre la liberté à
l’Italie [137] : ce moyen lui valut, par leur
intervention, la soumission de quelques peuples.
26 Pendant que Cincius, chef de la flotte
romaine, assiégeait Locres, Magon répandit le bruit dans notre camp
que Marcellus était tué ; qu’Hannibal arrivait pour faire
lever le siège ; et bientôt après des cavaliers, qu’il avait
fait sortir secrètement de la place, vinrent se montrer sur les
hauteurs qui étaient en vue des remparts. Cet artifice
réussit : Cincius, persuadé que c’était Hannibal qui venait,
se rembarqua et prit la fuite.
27 Scipion Émilien, au siège de Numance,
plaça des archers et des frondeurs, non seulement dans les
intervalles des cohortes, mais encore entre les centuries [138] .
28 Pélopidas, général thébain, mis en
fuite par les Thessaliens, franchit une rivière à l’aide d’un pont
volant, qu’il fit brûler ensuite par son arrière-garde, pour ne pas
laisser le même moyen de passage à l’ennemi qui le poursuivait.
29 La cavalerie romaine ne pouvant
nullement tenir tête à celle des Campaniens, Q. Névius, centurion
de l’armée du proconsul Fulvius Flaccus, imagina de choisir dans
toutes les troupes les soldats de petite taille qui paraissaient
les plus agiles, de les armer de boucliers courts, de casques
légers, d’épées, et de sept javelots longs de quatre pieds environ,
de les mettre en croupe derrière les cavaliers, et de les faire
avancer jusqu’aux murailles [139] , où,
mettant pied à terre, ils devaient combattre la cavalerie ennemie.
Cette manœuvre fit beaucoup de mal aux Campaniens, surtout à leurs
chevaux, qui furent mis en désordre, et notre armée remporta
facilement la victoire.
30 P. Scipion, en Lydie, voyant qu’une
pluie qui était tombée jour et nuit avait incommodé l’armée
d’Antiochus, au point que, non seulement les hommes et les chevaux
n’avaient plus de forces, mais encore que les arcs, dont les cordes
étaient mouillées, devenaient inutiles, engagea son frère à livrer
le combat le lendemain, quoique ce fût un jour néfaste. La victoire
fut le résultat de cet avis [140] .
31 Pendant que Caton ravageait l’Espagne,
une députation des Ilergètes, peuple allié des Romains, vint lui
demander du secours. Ne voulant ni les mécontenter par un refus, ni
affaiblir ses forces en les divisant, il ordonna au tiers de ses
soldats de prendre des vivres et de s’embarquer, mais avec la
recommandation expresse de revenir sur leurs pas, en prétextant que
les vents étaient contraires. Pendant ce temps, la nouvelle que du
secours arrivait rendit le courage aux Ilergètes, et renversa les
projets de leurs ennemis.
32 C. César, voyant qu’il y avait dans
l’armée de Pompée un grand nombre de chevaliers romains qui, par
leur habileté à manier les armes, lui tuaient beaucoup de monde,
ordonna à ses troupes de leur porter des coups d’épée au
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