Les quatre livres des stratagèmes
restèrent fidèles aux
Romains.
22 Les habitants de Ségovie, dont les
femmes et les enfants étaient mis à mort par Viriathe, aimèrent
mieux voir égorger ce qu’ils avaient de plus cher, que de rompre
leur alliance avec les Romains.
23 Les Numantins, pour ne pas se rendre,
s’enfermèrent dans leurs maisons [130] , et
s’y laissèrent mourir de faim.
VI. De la bonté et de la douceur.
1 Q. Fabius dit à son fils, qui lui
conseillait de sacrifier un petit nombre de soldats pour s’emparer
d’une position avantageuse : « Veux-tu être de ce petit
nombre [131] ? »
2 Xénophon, étant à cheval, venait
d’ordonner à son infanterie de s’emparer d’une hauteur, lorsqu’il
entendit un soldat dire, en murmurant, qu’il était facile à un
homme à cheval de commander des choses aussi pénibles. Il descendit
aussitôt, fit monter le soldat à sa place, et se dirigea à pied
vers le sommet de la montagne. Le soldat, pour échapper à la honte
et aux railleries de ses camarades, se hâta de descendre. Quant à
Xénophon, toute son armée eut peine à obtenir de lui qu’il reprît
son cheval, et qu’il réservât ses forces pour les fonctions
nécessaires de général.
3 Alexandre, pendant une marche en hiver,
était assis devant un feu, et regardait défiler ses troupes,
lorsqu’il aperçut un soldat presque mort de froid. Il lui fit
prendre sa place, et lui dit : « Si tu étais né parmi les
Perses, ce serait pour toi un crime capital de t’asseoir sur le
siège de ton roi ; un Macédonien peut se le
permettre. »
4 L’empereur Auguste Vespasien, étant
informé qu’un jeune homme d’illustre naissance, mais peu propre au
métier des armes, était obligé, par le mauvais état de sa fortune,
de servir dans les derniers grades de l’armée, lui assura de quoi
vivre selon son rang, et lui donna un congé honorable.
VII. Instructions diverses sur la
guerre.
1 César suivait contre l’ennemi,
disait-il, le système adopté par la plupart des médecins contre les
maladies, dont ils triomphent plutôt par la faim que par le
fer.
2 Domitius Corbulon prétendait qu’il
fallait vaincre l’ennemi avec la doloire, c’est-à-dire par les
ouvrages de siège.
3 L. Paullus disait qu’un général devait
avoir le caractère d’un vieillard, c’est-à-dire s’arrêter aux
résolutions les plus prudentes [132] .
4 On reprochait à Scipion l’Africain de
ne pas aimer à se battre : « Ma mère, répondit-il, a fait
en moi un général, et non un soldat. »
5 C. Marius, provoqué par un Teuton à un
combat singulier, lui dit que, s’il était désireux de mourir, une
corde pouvait mettre fin à sa vie. Comme le barbare insistait,
Marius lui montra un vieux gladiateur, dont la petite taille
inspirait le mépris, et lui dit : « Quand tu auras vaincu
cet homme, je combattrai contre toi. »
6 Q. Sertorius, sachant par expérience
qu’il ne pouvait résister aux forces réunies des Romains, et
voulant le prouver aux barbares ses alliés, qui demandaient
témérairement le combat, fit amener en leur présence deux chevaux,
l’un plein de vigueur, l’autre extrêmement faible, auprès desquels
il plaça deux jeunes gens qui offraient le même contraste, l’un
robuste, l’autre chétif ; et il ordonna au premier d’arracher
d’un seul coup la queue entière du cheval faible, au second de
tirer un à un les crins du cheval vigoureux. Le jeune homme chétif
s’étant acquitté de sa tâche, tandis que l’autre luttait
inutilement avec la queue du cheval faible : « Soldats,
s’écria Sertorius, je vous ai montré, par cet exemple, ce que sont
les légions romaines : invincibles quand on les prend en
masse, elles seront bientôt affaiblies et taillées en pièces, si
elles sont attaquées séparément. »
7 Le consul Valerius Lévinus, qui avait
une grande confiance en ses troupes, ordonna de promener dans son
camp un espion que l’on y avait surpris ; et, pour intimider
les ennemis, il déclara qu’il leur permettait de faire observer son
armée par leurs espions toutes les fois qu’ils le voudraient.
8 Le primipile Célius, qui, après la
défaite de Varus, en Germanie, servit de général à notre armée
investie par les barbares, craignait que ceux-ci n’approchassent de
ses retranchements du bois qu’ils avaient amassé, et
n’incendiassent son camp. Il feignit de manquer de bois lui-même,
et, envoyant de tous côtés des soldats pour en
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