Les quatre livres des stratagèmes
tacticiens ont de
tout temps recommandé les stratagèmes de ce genre : Miltiade
en donna un exemple à Marathon. Voyez Cornelius Nepos, Vie de
Miltiade, ch. V.
[61] Ces Ibères étaient
sans doute des Espagnols mercenaires au service de Carthage.
[62] Cette manière
d’attaquer de biais l’ennemi n’est autre chose que ce qu’on nomme
aujourd’hui l’ordre oblique. Il consiste à réunir des forces
considérables contre un point quelconque de la ligne ennemie, de
manière à l’anéantir sur ce point, ou à la couper pour la prendre
ensuite en flanc et à revers, s’il est possible. Épaminondas passe
pour le premier général qui ait adopté ce système d’attaque, auquel
il fut redevable des victoires de Leuctres et de Mantinée. On
l’appelle oblique, par opposition à l’ordre parallèle,
habituellement suivi dans l’antiquité, mais abandonné aujourd’hui.
Il y a plusieurs manières d’employer l’ordre oblique : on peut
donner sur un point du front de bataille de l’armée ennemie, ou sur
deux points à la fois, comme fit Napoléon à Austerlitz, : ou
bien on tentera d’enfoncer le centre et de tourner une aile.
C’était la manœuvre de prédilection de l’empereur, à qui elle
réussit pleinement à Wagram. Quelquefois, enfin, on attaque
simultanément les deux ailes, en les débordant et en les tournant.
C’est ce que firent les armées alliées à Leipzig, dans la
désastreuse journée du 18 octobre, contre les Français, dont le
nombre, il est vrai, égalait à peine le tiers de celui des
ennemis.
Plusieurs écrivains ont attribué à Frédéric l’honneur d’avoir, le
premier parmi les modernes, remis en vigueur l’ordre oblique ;
mais il est prouvé que plusieurs généraux de Louis XIV, entre
autres Turenne et Luxembourg, en avaient déjà fait usage.
[63] Il est utile de voir à
côté de cette description, celle de Tite-Live, qui est plus
complète, liv. XXX, ch. 33.
On sait que telle était l’ordonnance habituelle des légions
romaines. « Rien n’est plus ingénieux que cette disposition,
dit M. Rocquancourt (Cours complet d’art militaire, t. I, p.
98) ; tout y est calculé, tout y est prévu. D’abord les
vélites préludent à l’action, en se portant en avant pour retarder
la marche de l’adversaire, découvrir ses intentions, épier ses
mouvements, masquer ceux de l’armée, et lui donner le temps de
prendre ses mesures. Les soldats de nouvelle levée, les hastaires,
combattent en première ligue, sous les yeux de toute l’armée, prête
à les applaudir ou à les blâmer. Là il faut faire son devoir ou
périr : la fuite est impossible à ceux qui seraient
accessibles à la peur. Viennent ensuite les principes, plus avancés
en âge et plus aguerris que les précédents : dans un clin
d’œil ils ont pu remplacer ceux-ci ou combattre avec eux, en les
recevant dans les intervalles de leurs rangs, ou plutôt en se
portant à leur hauteur. Enfin paraît un troisième et dernier moyen
pour enchaîner la victoire, ce sont les triaires, vieux guerriers
que d’honorables cicatrices font distinguer des deux premières
classes. Combien ne doit-on pas admirer la répartition et
l’arrangement de ces différents combattants ! »
[64] Voici le précepte
d’Homère :
« Nestor dispose au premier rang les cavaliers et les chars,
et derrière, de nombreux et vaillants fantassins, rempart de
l’armée ; entre ces deux lignes il place les plus faibles,
afin que, même malgré eux, la nécessité les oblige à
combattre. »
[65] On trouve le récit
bien circonstancié de cette grande bataille dans César, Guerre
d’Alexandrie, liv. III, ch. 88 et suiv.
« À Pharsale, César ne perd que deux cents hommes, et Pompée
quinze mille. Les mêmes résultats, nous les voyons dans toutes les
batailles des anciens, ce qui est sans exemple dans les armées
modernes, où la perte en tués et blessés est sans doute plus ou
moins forte, mais dans une proportion d’un à trois ; la grande
différence entre les pertes du vainqueur et celles du vaincu
n’existe surtout que par les prisonniers. Ceci est encore le
résultat de la nature des armes. Les armes de jet des anciens
faisaient, en général, peu de mal ; les armées s’abordaient
tout d’abord à l’arme blanche ; il était donc naturel que le
vaincu perdît beaucoup de monde, et le vainqueur très peu. Les
armées modernes, quand elles s’abordent, ne le font qu’à la fin
Weitere Kostenlose Bücher