Les refuges de pierre
ni pourquoi.
Il faut que je lui pose quelques questions.
Elle regarda le grand homme blond qu’elle avait aimé autrefois,
qu’elle aimait encore à sa manière, puis la jeune femme qui avait réussi à l’étonner
plus d’une fois depuis son arrivée.
— D’abord, qui est ce « Grrub » dont tu parles,
et pourquoi as-tu invoqué l’Esprit d’un ours des cavernes au lieu de la Grande
Terre Mère ?
Ayla voyait où menaient les questions de Zelandoni et, comme
elles étaient directes, elle se sentit contrainte d’y répondre. Elle avait
appris ce qu’était un mensonge, elle savait que certaines personnes pouvaient
dire une chose qui n’était pas vraie, mais elle, elle n’y arrivait pas. Le
mieux qu’elle pût faire, c’était s’abstenir de répondre, et cela lui était
difficile quand on lui posait une question directe. Ayla baissa les yeux vers
ses mains que les braises avaient tachées de noir.
Elle avait toujours su qu’il lui faudrait en venir là, mais elle
avait espéré passer d’abord un peu de temps avec les parents de Jondalar,
apprendre à les connaître. C’était peut-être aussi bien : si elle devait
repartir, autant le faire avant de s’être attachée à eux.
Et Jondalar ? Elle l’aimait. Que se passerait-il si elle
devait partir sans lui ? Elle portait en elle son enfant. Pas seulement l’enfant
de son foyer ou même de son esprit. Son enfant. Malgré tout ce que les autres
pouvaient croire, elle était convaincue que c’était l’enfant de Jondalar autant
que le sien. Il avait commencé à grandir en elle quand ils avaient partagé les
Plaisirs, le Don du Plaisir que la Grande Terre Mère accordait à Ses enfants.
Jusque-là, elle avait évité de regarder Jondalar, par peur de ce
qu’elle risquait de découvrir sur son visage. Elle leva soudain les yeux vers
lui. Il fallait qu’elle sache.
4
Jondalar sourit, hocha la tête de manière quasi imperceptible,
puis il prit la main d’Ayla, la pressa et la garda dans la sienne. La jeune
femme n’arrivait pas à y croire. Il n’y avait pas de difficulté ! Il avait
compris et lui disait qu’elle pouvait parler du Clan. Il resterait avec elle.
Il l’aimait. Elle répondit au sourire de Jondalar par son grand, son
merveilleux sourire plein d’amour.
Jondalar avait compris lui aussi où menaient les questions de
Zelandoni et, à sa propre surprise, il s’en moquait. Il y avait eu un temps où
il se préoccupait tellement de ce que sa famille et son peuple penseraient de
cette femme, de ce qu’ils penseraient de lui s’il l’amenait à la Caverne, qu’il
avait failli renoncer à elle, qu’il avait failli la perdre. Maintenant, cela ne
comptait plus. Aussi importants fussent-ils pour lui, aussi heureux fût-il de
les revoir, s’ils n’acceptaient pas Ayla, il partirait. C’était elle qu’il
aimait. Ensemble, ils avaient beaucoup à offrir ; plusieurs Cavernes leur
avaient déjà proposé de vivre avec elles, notamment celle de Dalanar des Lanzadonii.
Il était sûr qu’ils pourraient trouver un foyer quelque part.
La doniate sentait qu’une sorte d’émotion était passée entre Jondalar
et Ayla, une sorte d’approbation. Cela piqua son intérêt mais elle avait appris
que, souvent, l’observation et la patience satisfaisaient sa curiosité mieux
que les questions.
— Creb était le Mog-ur du clan de Brun, lui dit Ayla, celui
qui connaissait le Monde des Esprits. Comme toi, Zelandoni, il était Premier,
Mog-ur de tout le Clan. Mais pour moi, Creb était... l’homme de mon foyer, même
si je n’y étais pas née, même si la femme avec qui il vivait, Iza, était sa
sœur, et non pas sa compagne. Il n’avait jamais eu de compagne.
— C’est quoi, le Clan ? demanda la doniate, qui avait
remarqué que l’accent d’Ayla se renforçait quand elle en parlait.
— Le Clan, c’est... J’ai été adoptée par le Clan. Il m’a
recueillie quand j’étais seule. Creb et Iza ont pris soin de moi, ils m’ont
élevée. Iza était ma mère, la seule mère dont je me souvienne. Elle était
guérisseuse. Première aussi, en un sens, La plus respectée de toutes les Femmes
Qui Soignent, comme sa mère et sa grand-mère, et toute une lignée remontant
sans interruption jusqu’à l’origine du Clan.
— Est-ce là que tu as appris à guérir ? demanda
Zelandoni en se penchant au-dessus des coussins.
— Oui. Iza m’a enseigné son savoir. Pourtant, je n’étais
pas sa fille et je
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